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ne néglige rien pour leur arracher, par la violence
des tourments i une dépofition contre leur maître.
Merveille eft mis au fecret. Quelques-uns de Tes amis ,
fans avoir pu le voir , préfentent au magiftrat, un mémoire
pour fa juftification ; le magiftrat ne le Ht point,
& le déchire en leur préfence. Le 6 , ayant pris les
ordres du duc , il fe tranfporte pendant la nuit, à la
prifon , fait trancher la tête à l’ambafladeur, & fait
expofer fon corps dans la place.
Un neveu de ce malheureux miniftre , autre que
Taverne, prend la pofte , vi'ènt fe jetter aux pieds
du roi, &lui demander juftice & vengeance.
Taverne y vint auffi ; mais bien loin d’y venir
défendre la mémoire de cet oncle qu’il ayoit lui-même
demandé nommément pour ambaffadeur, il vint jufti-
fier fon maître , & , qui le croiroit ? ioutenir que
Merveille n’avoit point ce caraélère d’ambaffadeur.
Accablé à l’inftant par les preuves de fon menfonge,
troublé par des queftions auxquelles il n’avoit rien à
-répondre , & par des reproches dont il fentoit la
‘ juftice , preffé fur l’irrégularité de ce fuppliçe qu’on
avoit fait fubir à Merveille dans la prifon & pendant
la nuit, il répondit en bégayant, que le duc en avoit
ufé ainft par refpeâ pour le roi & par égard pour
le caraéière d’ambafiàdeur dont Merveille étoit revêtu.
« Fourbe mal-adroit, lui dit François Ier, digne mi-
i» nftre d’un maître affaffin, te voilà convaincu par
» ta propre bouche. Si le caraélère d’ambaffadeur
m avoit été auffi avili dans la perfonne de Merveille
»> qu’il l’eft dans la tienne , j’approuverois prefque
i» fon fuppliçe » : il chaffa auffi - tôt de fa cour ce
miniftre de fraude & d’impudence, & prépara fout
pour la vengeance de fon ambaffadeur,
Merveille du Monde ( Hiß. onc. ) Oh»en compte
ordinairement fept ; lavoir , les pyramide^d’Egypte ,
les jardins & les murs deBabylonë, le toînbeauqu’Ar-
themife reine de Carie éleva au roi Maufole ion époux,
à Halycarnafle ; le temple de Diane à Ephèfe ; la ftatue
de Jupiter Olympien , par Phidias • le çoloffe de Rhor
des, le phare d’Alexandrie.
MERVILLE 3 ( Michel Guyot ) ( Hiß. Litt, mod. )
C ’eft l’auteur de plufieurs pièces de théâtre, qui prouvent
un vrai talent. Telles font Achylle à Scyros ,
faite à la vérité,, d’après Métaftafe, mais qui en eft
une imitation très-heureufe & très-originale ; & le
Çonfinement forcé , très*jolie comédie qui fe joue
toujours' avec grand fuçcès à - la Comédie Françoife.
■ Ses oeuvres de théâtre ont été imprimées en trois
volumes- in-i i . Il a fait ^’ailleurs, des Journaux. Sa vie
a éié moins uniforme que celle de. la plupart des gens
de lettres. Né à Verfaiîles , fils d’un préfident du Crer
;nier à fel, il fe. fit libraire à la Haye... Il voyagea
beaucoup & à diverfes reprifes. 11 quitta fon commerces,
& vint à Paris travailler pour le théâtre* Sa .fortune fe
dérangea; il étoit marié, il avoit-unefille, La misère,
partagée 'avec une femme & un enfant, lui parut in-
fupportable ; il laiffa fur fa table un bilan. qui prou-
voit que fes effets étoient fufîilants pour .payer lès
dettes, 'mais.il ne voulut pas continuer de vivre à la
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charge d’en faire de nouvelles, qu’il he pôürroit pas
acquitter; il chargea un magiftrat de fes amis, de
l’exécution de fes dernières volontés , & fe noya dans
le lac de Genève en 1765. Il étoit né en 1696, &;
s’étoit retiré en Suiffe en 1751. Tout ce qu’on fait.de
fon caraélère n’infpire que de l’eftime & des regrets.
MERULA , ( L. Cornelius ) ( Hifi- Rom. ) l’an de
Rome 66 5 , au milieu de difeordes fatales de Marius
& de Sylla, L. Cornelius Cinna, complice de Marius,
étant conful, le Senat lui fit fon procès , & le déclara
déchu du confulat ; Cinna méritoit cët affront; mais
l’exemple étoit d’une dangereulè conféquence. Hac
injuria, dit Velleïus Patcrculus, komine quant exemplo
dignior fuit. On mit à la place de Cinna, L. Cornelius
Mtrula , prêtre de Jupiter, homme vertueux.Le parti
de Marius & de Cinna ayant triomphé, dclefénatfe
voyant réduit à la néceffité de rendre le confulat à ce
dernier, mais ne pouvant fe relou dre. à dépofer un
homme tel que Merula ,. cclui-ci le tira d’embarras,
en déclarant qu’il ne fouffriroit jamais que fes intérêts
fulfent un obftaçle à la paix. C’eft pour travailler au
falut de la patrie, dit-il, que'j’ai reçu les faifeeaux ;
puifque le (àlut de la patrie demande que je les dépofe,
je donne avec joie à mes concitoyens, cette preuve
d’amour & de zèle. Il monta enliiite à la tribune aux
harangues , & fit devant le peuple une abdication
lblemnelle ; cette générofité de Merula n’empêcha pas
que Marius & Cinna , introduits dans la ville , rte le
milfent au nombre des proferits. Ce fut au pied de
l’autel de Jupiter que Merula s’ouvrit les veines, fon
fang rejaillit jufques fur la ftatue du Dieu, & parut
implorer la vengeance célefte contre les cruels ennemis
qui le forçoient à mourir.
Merula, ( Hiß. Litt, mod.) On çonnoît deux
favants de ce nom :
i°. Georges, italien, natif d’Alexandrie*de la Paille;
mort à Milan en 1494 , auteur d’une» hiftoire des
Vifeomtis de Milan , de commentaires fur divers
auteurs anciens, & de quelques autres ouvrages. Erafme
& d’autres favants l’ont loué ; il avoit été difciple
de Philelphe.
20. Paul, hollandois, fucceffeur de Jufte-Lipfe dans
la chaire d’hiftoire de l’Uhiyerfiié de Leyde, auteur
d’une Cofmographie , d’un traité de Droit , de
Commentaires fur les Fragmens d’Ennius ; éditeur,
d’une Vie d’Erafme. Mort à Roftock en 1607.
MERY, (Jean) (Hiß, Litt. mod. ) chirurgien célèbre
& de l’Académie des Sciences. Il étoit néà Vatan
en Berry , le 6 janvier 1645 > d’un autre. Jean Mery^
auffi chirurgien. Il vint à Paris à dix-huit ans, s'instruire
à l’Hôtel-Dieu. Depuis ce temps , l’anatomie
l’occupa tout entier, Il ffit chirurgien.de la reine,Marie-
Thétéfe ;; en 1683:, M. de Louvois le nomma, chirurgien
r major des : Invalides ; en 16.84:, le roi de
Portugal ayant demandé à Louis, XIV , un chirurgien
habile, pour fecourir la reine fa femme , M. de
Loüvoisfit partir en pofte M. Méry ; mais la reine étoit
morte ayant fon arrivée ; M, Méry, à fon retour,
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f-ÿf-tra dans l'Académie khs 'Sciences. M, Fagon le
.plaça auprès de M. le duc eb Bourgogne , encore
.enfant; mais il revint auffi-tôt qu’il le put., ditM. de
Tonten elle, refpirer fon véritable air natal, celui des
invalides & de l’Académie.
En 1:692,, il fit-, par ordre de la cour, tm voyage
•en Angleterre , dont on a toujours ignoré l’objet,
.même dans fa famille. II eft prefque étonnant, dit à
rce fujet M. de Fontenelle , que M. Méry ait été connu ;
il n’a rien mis du fien dans là réputation, que fou
mérite, .& communément il s’en faut beaucoup que
«ce ne. feit affez.
En 17.10 , M. le premier préfident de Harlayle
nomma premier chirurgien de l’Hôtel-Dieu. Avec la
connoifîànce la plus parfaite de la ftruélure des animaux,
il difoit , en longeant à fignorance où l’on eft de
l’aél on & du jeu des liqueurs : nous autres anato-
mifies , nous fommes comme les crocheteurs de Paris,
.qui en conno'iffent toutes les rues jufquaux plus petites
.£* aux plus écartées y mais qui ne favent pas ce qui fe
.paffe dans les maifons.
Ceft dans les Mémoires de l’Académie qu’on trouve
ce qii’il a écrit fur divers liijets d’anatomie; hors des
Mémoires ., il n’a publié qu’un leul traité fur la circulation
du lang dans le foetus, où il défend ièul contre
Sous, une opinion qui lui étoit particulière»
Son ton étoit celui d’un homme de cabinet, à qu1
les ménagements de la lociété font peu connus : « il
ne donnoi; point à entendre qu’un fait étoit Faux ,
™ qu’un lèntiment étoit ablurde, il le difoit- » Ceux
de lès confrères de l’Académie qui pouvoient le plaindre
de quelques-unes de ces iincérités , ne l’abandonnèrent
pas cependant lorfque lès- infirmités le ré-
diffirent à fe renfermer ablbhiment chez lui. Il fut
touché de ces fentiments, qu’il méritoit plus, dit M.
de Fontenelîe , qu’il ne fe les étoit attirés. Il mourut
le -3 novembre 1722.
Mrs c ie s , f. f. pl. ( Hiß. anc. ) fêtes célébrées dans
( Athènes à l’honneur de Théfée, & en mémoire de ce
■ qu’il les avoit fait demeurer dans une ville où il les avoit
-raftembiés tous , des douze petits lieux où ils étoient auparavant
d’fperfës. ( A . R. )
MFSENGUY, ( François-Philippe ) ( Hiß. Litt,
-mod. ) Il eut les amis &c les ennemis que le janfénifme
étoit. en poffeffion de donner ; Meilleurs Rollin &
Ccffin furent du nombre des premiers ; M. Coffin
le eheifît même pour fon coadjuteur dans la place de
•principal du College de' Beauvais à Paris. M. Méfenguy
avoit er.feigné au Collège de la ville-de Beauvais fa
patrie. Il quitta en 1728 le Collège de Beauvais à Paris,
ayant été rendu fufpeâ & défagreable à la coiïr par fon
oppofuion à la conftitution. 11 avoit compofé pouf
les per-fionn aires de ce Collège , uns exposition de la
doéhine chrétienne. On a de lai plufieurs autres bons
•ouvrages , tels que 1’'abrégé de /’ hifloire 6* de la morale
de Vancien Tefiamcnl, dont M. Rollin fait un grand
éloge ; & un autre ouvrage qui eft le développement
ce premier , & qui a pour titre : Abrégé de thiftoire
Hifioire. Tome 11L
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de l'ancien. T•{Ji./niint, avec' du éclaireijjcmejtts & des'
'réflexions ; des entretiens fur la Religion, &c. Il eut
paix aux vies des Saints , de l’abbé Goujet. il eft auffi
l’auteur de quelques écrits janféïiiftes, aujourd’hui ou-,
bliés. Né en 1677. Mort en 1763.
MESLIER, (Jean ) (Hifi. Litt. mod. ) café dti
village d’Etrepigny en Champagne , connu par l’écrit
impie qu’il laiffà en mourant, foûs le titre de Tefiament
de Jean Mejlier. Mort en 1733^.
MESMES, ( de ) Voye^ Memes ( de )
MESNAGER, (Nicolas) (Voye^ Ménager.)
MESNARDÏERE, ( la ) ( Voye{ Ménardière. f
MESNIER-, prêtre , mort en 1761 , auteur d’ua
problème hiftorique : Qui des Jéfuites, de Lutker & de
Calvin-y a plus fait de mal à l’Eglife ?
MESNIL 3 (Jean-Baptifte du) 'Hifl. de Fr.) avocat
du roi, c’eft-àfcdire, avocat général au parlement de
Paris , mourut de douleur en î 569 , des troubles civil*
dent il étoit témoin. On trouve quelques écrits de
lui dans les Opufcules de Loifel.
Un autre Jean-Baptifte du Meptil, dit Rofîmond ,
comédien,de la troupe du Marais, auteur de quelques
mâuvaifes comédies, & d’une Vie des Saints , mourut
en 1686 , & fut enterré fans aucune cérémonie, dans
le cimetière de Saint-Sulpice-, à l’endroit où l’on met
les enfants morts fans baptême.
MESSAGER, f. m. chez les anciens Romains étoit
un officier de juftice ; ce terme-ne fignifioit originairement
qu’un mejfager public ou un Jerviteur qui alloit
avertir lès fénaieurs & les mag:.ftrats, des affemblées qui
dévoient fe tenir , & où leur préfence étoit néceffaire.
Et comme dans les premiers tems de l’empire romain
la plupart des magiftrats vivoient à la campagne , ÔC
que ces mejfager s fe trouvoient continuellement en route
, on les appeÙoit voyageurs , de vw, grand-chemin,
viatores.
Avec le tems le nom de viator devint commun à
tous les officiers des magiftrats, comme ceux qu’on
appeUoit liflores, accenji, feribee , flatores, pmcones ,
fo.it que tous ces emplois fuffent réunis dans un feul ,foit
quele terme viator fût un nom général, & que les
autres termes fignifiaffent des ojjîciers qui s'acquittaient
chacun en particulier de fondions différentes, comme
Aulu -Gelle femble l’infinuer, lorfqu’il dit que le membre
de la compagnie des viatores, chargé de garotter un
criminel condamné an fouet, s’appelloit li&cur. Voyeç
A ccensi , Scribæ.
Quoi qu’il en foit, les noms dé li&or & viator s’era-
ployoient indifféremment l’un pour l’autre, & nous
liions auffi fréquemment : Envoyer chercher ou avertit‘
quelqu'un par un liétor que par un viator.
Il n’y avoit que les confuls , les préteurs , les tribuns
Si les édiles qui fuffent en droit d’avoir des viatores. Il
n’étoit pas néceffaire qu’ils fuffent citoyens romains, &
cependant il falloit qu’ils fuffent de condition libre.
Du tems de l’empereur Yeipafien il y eut encore une
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