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péiagiennès ; mais les univerfités de Mayence, de
Trêves & d’Ingolftat fa déclarèrent pour lui ; car
for toutes ces queiHons, on trouvera toujours autant
d’univerfités ôc d’écoles à oppolèr les unes aux autres
qu’on voudra en chercher , & il faut les laiffer dif-
puter entr’elles fans jamais rien décider ; c’eit le parti
que prirent les papes Sixte-Quint & Innocent IX ,
foit pour ménager les Jéfuites, fbit pour ne pas donner
trop d’importance à ces querelles théologiques. LeJJîus
pana parmi les Jéfuites , pour le vainqueur du Tho-
mifme. On dit que fes confrères enchâflerent dans un
reliquaire un de fès doigts , parce qu’il s’en étoit
lèrvi pour écrire fes ouvrages fur la grâce | & ce
doigt , la terreur des Jacobins pendant la vie de
LeJJîus , le fut encore après fa mort, par les miracles
qu’on^ prétendit faire par fon moyen. Les parlements
de France proferivirent quelques-uns des ouvrages de
LeJJîus : de Jußitid 6» jure ; de poteßate fummi Ponti-
ficis : on peut voir par ee dernier titre, pourquoi
les papes ne s’emprefferent point de condamner la
doélrine de LeJJîus. On a aufïi du même auteur ,
différents traités théologiques, recueillis en deux vol.
in-fol. Le Traité fur te choix d’une Religion, a été
traduit par l’abbé Maupertuy. LeJJîus, né près d’Anvers
en 15 54 , mourut en {623,
LE STONAC, (Jeanne de) {Hiß. Eecléfi) née
çn 1556, fondatrice de l’ordre des religieufes Bénédictines
de la Compagnie de Notre - Dame, pour
FinftruCtion des jeunes filles. Lorfque le pape Paul V
çut approuvé cette fondation en 1607 , if dit au général
des Jéfuites ; Je viens, de vçus unir à de vertueufes
filles , qui rendpfjit aux perfonnes de leur fexe , (es
Cervices, que, vos pipes rendent aux: hommes dans toute
la chrétienté. L’hiuoire de ces religieufes a çté écrite par
un auteijr nommé Je^n Bpuzonie, ôç celle de Jeanne de
Lefionac en particulier , fa çté par le P, Beaufils,
iéfuite à Toujoufe ; elle étoit nièce de Montagne; elle
■ fvoit é£é mariée à Gafton de Montferrand , dont
elle avoit eu fept enfants. HjUe étoit fille d’un çonfeiller
au parlement de Bordeaux ; à M mort , arrivée le
ÎO février 1649, f°n ordre poflçdoit déjà vingt-ftx
maifonsj ôc çç nombre s’eft augmenté depuis.
LETT, ( Gregorio) ( Hiß. Litt. mod. ) Italien pro-
teftant, &. qui paffo fa vie en pays proteftant , à
Laufene, à Genève, en Angleterre, en Hollande, fe fai-
fjint chaffer prefque par-tout ; le fameux Le Cferc fot fon
gendre. On regarde Leti comme le Vérifias de l’Italie,
fin effet, il n’eut pas plus de refpeft que Vari las pour la
vérité, ôc il déshonora comme lui, Thiftoire par des
fictions. Madame la çiauphjne , femme du dauphin., fils
4e Louis X IV , lui ayant demandé fi tout ce qu’il difbit
dans la yie |p pape $ixte-Quint, étoit vrai % il répondit ;
line fiêlion agréable vaut mieux qu’une vérité. Mais ce
p’étoit pas toujours feulement poqr orner fon rqeit'
qu’il Miventoit, c’étoit par des motifs plus condamna-
bTes encore , par un efprit ou d'adulation ou de fetyre.
On connoît fes vies de Charles-Quint, de Philippe I I ,
d-'Elifabeth , reine d’Angleterre , de Crcmwel, du duc
^Offene, $cc. elles font toutes traduites en prançois ainfi
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que quelques autres ouvrages de l’auteur ; mais h plus
grand nombre eft de ceux qui n’ont point été traduits.
Ils roulent prelque tous far l’hiftoire &. for la
politique. Gregorio Leti , né en 1630 „ mourut à
Amfterdam, en 1701.
LEUCIPPE, ( Hiji.ancî) ph’lofophe grec. On fait
peu de chofess for fa perfonne. Les uns croient qu’il
étoit d’Elée , les autres d’Abdère, d’autres de Mifet ; il
etoit difciple de Zénon , & Démocrite.fùt fon difciple*
Il paroît qu’il fut l’inventeur du fyftême des atomes
ôc des tourbillons , plus de deux mille ans avant Def-
cartes , car il vivoit l’an 428 avant J. C . Pofidonius ,
qui vivoit du temps de Cicéron , a prétendu que
l’idée de ce fyftême étoit venue de Phénicie, où elle
avoit été employée par un certain Mofchusou Mochus ,
que quelques atomiftes illuminés, dit M. l’abbé Batteux ,
défont plu à confondre avec Moïfe. Bayle réfute aufïi
l’allégation de Pofidonius, & blâme Epicure de n’avoir
pas reconnu hautement tout ce qu’il devoit à Démo-
crite & à Leucippe > dont U nVvoit foit que modifier
la doélrine.
LEV E, ( Antoine de) ( Hifl. mod. ) navarrois >
foldat de fortune, qu’un mérite éminent éleva aux
honneurs militaires, il fervit &. commanda fous Fer-*
dinand-le-Catholique ôc fous Charles-Quint, avec la
plus grande diftinétion. En 1503 , il vainquit d’Au-
bigny à la féconde bataille de Seminare. En 1521 ,
il contribua beaucoup à enlever le Milanès à la France,
En 1324» ce fut lui qui défendit Pavie contre François
1er. En 132,3 , il ne contribua pas peu encore au
fuccès dç cette fameufe bataille de Pavie,. par une
vigourëufe fortie qu’il fit à propos pendant la bataille
avéc toute fe gamifbr. En 15 29 , au milieu des douleurs
de la goutte , il furprend le comte de S. Pol t
à Landriano , le bat, ÔC le feit prifonnier. Dans cette
bataille , on rencontroit par-tout Antoine de Leve ,
qui ne pouvant monter à cheval à caufe de fe. goutte »
fe feifbit poner tout arme dans une chaife , par quatre
hommes. En çette mçme année 152^ , il combattit
avec fuccès contre Soliman I I , en Autriche. En 1^3^ ,
il fè diftingua aufïi en Afrique, à la foite de l’empereur.
Ce prince fè plut à lui rendre en différentes
oceaflons , les honneurs qui n’appartiennent qu’aux
grands d’Efpagne ; il le fadoït affeoir à côté de lui t
il vouloit qu*il fe couvrit en fa préfènee , & un
jour le voyant différer d’obéir à, cet ordre , il
lui mit lui-même le chapeau fur la tête , en difànt ;
un capitaine fameux par trente campagnes toutes glo~
rteufes, a bien mérité d’être ajjis & couvert devant
un empereur de trente ans. En 1536, il défendit le
Milanès pour l’empereur, contre l’amiral de Brîon, arrêta
les progrès que ce général avoit faits dans le Piémont,
& profitant habilement de la défeélion du marqué
de Saluées, il reconquit prefque tout le Piémont; muis
cette même année , au liège de Foffan, devenu célèbre
.par le courage avec lequel if fut foutenu paç les
François, trahis ÔC fans défenfe , de Levé courut Un.
grand danger. Les affiégés font une fortie par deux
endroits, fo cavalerie d’un côté. l’infanterie dé l’autre,
ÇeUe-ci
Cëlle-xi gagne par un chemin creux , une prairie éloignée
) où étoit le quartier-des Lanfquenets de de Leye,
lefquels ne pouvant s’attendre à être attaqués , faifoient
la garde affez négligemment. L’infanterie Françoife
en fait un grand carnage ; la cavalerie qui les
attaque-d’-un-autre côté, augmente le défordre. L’alarme
fe ré.pand dans tout le camp. Antoine de Leve envoie
fes Efpagnols pour foutenu- lés Lanfquenets. Ceux
qui étoient de garde à la tranchée , voyant courir
aux armes de tous côtés , quittent leurs, poftes pour
voler au lieu du combat, & laiffent leurs travailleurs
prefque fans défenfe. La portion de la garnifon reftée
dans la ville, voyant ce mouvement, fort, attaque
les tranchées, les comble, taille en pièces ceux qui
tes gardoient encore. Les différents corps des affiégés
fe réunifient, on court au quartier d’Antoine de Leve, ■
qui fe voyoit alors prefque abandonné, & qui penfa
etre furpris. La goutte lui permettoità peine de fe
remuer ; on le jette précipitamment dans une chaife ;
on le porte hors de la tente ; mais les porteurs pour-
foivis .de près par les François 1 n’imaginèrent pas d’autre
moyen de le fauver & de fe fauver , que de jetter .
de Leve avec fa chaife au milieu d’une pièce de bled ,
où il refta caché jufqu’à la retraite des François , qui
fe fit en bon ordre. Enfin, il reçut à compcfition ces
intrépides défenfeurs d’une place hors de défenfe.
Cette même année 1536 , eft mémorable par
l’expédition de Charles-Quint en Provence. Il ne fe
promettoit ^ is moins que la conquête de la France
entière. La foule des courtifans lç fotiguoit d’avance
d’applaudiffements, de préfages heureux , de cris de
vidoire ; mais on dit que ceux qui avoient plus
d’ufage de la cour , & qui favoient mieux l’art de
flatter, s’oppofoient en public à cette expédition, &
s’attachoient à démontrer l’impoflibilité d’un foccès
qu’ils croyoient infaillible, afin de ménager à l’empereur
la gloire d’avoir eu plus de lumières que fe cour ,
que fon confeil, & d’avoir vaincu contre l’efpérance
de fescapitaines les plus expérimentés. Le vieil Antoine
de Leve fe diftingua parmi ces contradiéleurs politiques.
On le vit fortir de fe chaife , dont la goûte lui ren-
doit l’ufege toujours nécèfiaire , & , comme fi le zèle
eût fufpendii fes infirmités, fe jetter aux pieds de l’empereur
, le conjurer les larmes aux yeux , de ne point
jexpofer fe gloire aux hazards d’une expédition fi téméraire.
Cependant on fevoit, ou l’on croyoit fevoir
qu’il s’attendoit à être vice-roi de France , & à mêler
un jour fes cendres avec celles des rois de France à
St. Denis. Il mourut cette même année, de douleur
du mauvais fuccès -de cette entreprife & de la perte
de fes efpérances. On dit qu’avec un ton groflier jufqu’à
la rufticité, fl pouffoit les foufies fineffes du ma-
chiavelilme jufqua la perfidie la plus atroce. On dit
que s’entretenant avec l’empereur fur les moyens d’afi-
fervir l’Italie , il ofa lui propofer de fe défaire par
l’afTaflinat, des princes qui pou voient faire,obftacle à fes
oefleins. Eh ! que deviendrait mon ame ? lui dit Charles-
Quint ; Aver-vous une ame ? répondit de Le ye, aban-
dpntiei l’Empire. Charles-Quint &fes généraux étoient
Ci haïs & fi redoutés en France, qu’il fout fe défier un
Hijloire Tome IJJ,
peu des imputations qui leur ont été faites dans ce
pays; mais en foppofant ce trait véritable^ il falloit
que ces deux hommes euffent bien peu réfléchi fur
là nature des chofes ; & prêté bien peu d’attention aux
faits , pour croire qu’il n’y eût que leur ame d’inté-
reffée a de pareils attentats , & pour n’avoir pas v iliaque
la perfidie & le crime , en révoltant les efprits ,
retombent prefque néceflairement for leurs auteurs.
LEVENDI, f. m. ( Hiß. mod. ) nom donné par les
Turcs à leurs forces maritimes ; ils y admettent les
Grecs ôc les Chrétiens fans diftinâion, ce qu’ils ne
font point dans leurs troupes de terre, cù ils ne reçoivent
que des Mahométans.
LEVENTI ou LE V AN T I, f. m. {terme de relation)
foldat turc de galère, qu’on rencontre en affez grand
nombre dans Conftantinople. Comme ces gens-là ne font
que de la canaille qui court for le monde le coutelas
à la main, le gouverneur de la ville a permis de fè
défendre contr*eux , & l’on les met à la raifon à
coups d’épée & de piftolets. On a encore un moyen
plus fage d’éviter leurs infoltes , c’eft de fè foire efcor-
ter par des janiffaires , qui ne demandent pas mieux,
ôc pour lors on peut fe promener dans Confiantinople
en toute fureté. (D . J .)
LEUH, ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi que les Mahométans
nomment le livre dans lequel, fuivant les fi&ions
de Talcoran, toutes les àélions des hommes font écrites
par le doigt des anges.
LEVESQUE, ( Hiß. Litt. mod. ) Ce nom eft celui
de beaucoup de gens de lettres diftingués:.
i°. Levefque de Gravelle (Michel-Philippe ) con-
feifler au parlement ,mort en 1752 , a laiflè un recueil
de Pierres gravées antiques , eftimé , en deux vol. i/z-40.'
2®. Pierre - Alexandre Levefque de la Ravalière, de
l’Académie des Infcriptions ôc Belles-Lettres , naquit à
Troyes le 6 janvier 1697. Pierre Levefque , fon père ,
étoit greffier en chef de réleéhon de cette ville. Pierre-
Alexandre arrivé à Paris, publia un Effai de compa-
raifon entre la déclamation ôc la poëfie dramatique. « Il
ir efpéroit, dit M. Le Beau, être combattu & engager une
» querelle. Le filence du public le_ déconcerta ; pour.
» s’en venger , il fit lui-même la critique de fon ou-
« vrage ; après cela , il eût été difficile de le con-
»> tredire ».
Il donna depuis ieschanfonsdeThibaudVI, comté
de Champagne & roi de Navarre. « C’eft dans cet
» ouvrage qu’il a donné là première idée d’un fyftême
» qu’il s’étoit formé , & dont nulle contradiction n’a
»pu le faire -départir. Jamais perfonne n’eut Tarne
» plus françoife ; fortement prévenu en faveur de fe
» patrie , auffi zélé défenfeur de notre franchife litté-
» raire que les bons François le font des libertés de
» leur églife ôc de l’indépendance de leur monarque ,
» il portoit cette jaloufie jufques fur le langage. Les
» anciens chevaliers n’ont jamais combattu pour I’hon-
» neur de leurs Dames, avec plus de courage ÔC.
» de confiance, , que M. Levefque pour foutenir les
» privilèges de la langue françoife ; il a rompu pour
n l’amour d’elle , plus d’une lance dans cette