
•qu’il fe décida à aller en Italie folliciter en perforine là
protection du faint père qui l’admit à fa communion ;
U lui fit des préfens très-confidérables, il lui donna
entr’autres des vafes d’or, dont l’art de l’ouvrier éga-
loit la richefle; mais ce qu’il demanda au pape & ce
qu’il en obtint, lui parut plus précieux que tous ces
préfens ; c’étoitune lionne , une palme & une ferule j
J a lionne repréfentoit Valdraoe; la palme, la réullite
■ de toutes fes entreprifes; la férule, le pouvoir de
charter les évêques qui oferoient s’oppofer à fes defleins;
mais ces favorables augures ne furent point juftifiés :
• il mourut àPlaifance d’une maladie contagieufe, que
fes ennemis firent paffer pour une malédiction du
• ciel. Thietberge fe rendit auffi-tôt auprès de fon corps,
elle lui fit rendre les honneurs funèbres , elle verfa un
• torrent de larmes, & montra par fa ferifibilké qu’elle
' étoit digne de l’amour qu’elle n’avoit pu lfih infpirer •
il n’en avoit point eu d’enfans, on peut croire, d’après
l’aveu qu’elle en fit, qu’elle étoit ftérile.
Le règne de ce prince forme une époque remarquable
dans notre hiftoire : cette malheureufè paflion,
qu’il ne fut vaincre, ne fervit pas peu à accélérer la
chûte de la fécondé race : il fit plufleurs concertions
' dangéreules , & pour conferver fa côuronne, il la
dépouilla de fés plus précieufes prérogatives. La politique
ne lui pardonnera jamais lès exprertions dont il
fe fervit dans une requête qu’il préfenta aux évêques
de fon royaume ; après les avoir appellés les pères ,
les doQeurs des hommes, les- médiateurs entre Dieu &
le genre kumain , il leur dit expreflement que la dignité
royale devoit fe foumettre à la facerdotale ; que tous
les fidèles étoient gouvernés par ces deux puiflances ,
mais que l’une, c’eft-à-dire > la facerdotale etoit bien
fopérieure à l’autre. Ses oncles qui lui difputoient les
faveurs du clergé , convinrent à-peu-près des mêmes
principes. Doit-on s’étonner de la chûte d’une famille ,t
dont les chefs tenoient une conduite fi peu digne de
leur rang, & femblôient fe difputer à qui fe dégraderoit
le plus vite? Lotaire régna depuis 85 5, jufqu’en.869,
ce qui forme un efpaee de 14 ans. (-
L otaire, XXXIIIe roi de France j (Hiftoire de
France. ) fils & focceffeur de Louis d’Outremer, &
de la: reine Gerberge, monta fur le trône de France en
954- Son fi ère Charles fut le premier des fils de rois
qui n’eût point d’états ; une longue fiiite de guerres
civiles avoit appris que le partage de la monarchie étoit
le germe du dépérirtement d’un état. Cet heureux exemple
a- toujours été. fuivi depuis. Hugues le Grand,.qui
tenoit fous fa domination le duché de-France & de
Bourgogne , étoit revêtu des premières dignités de l’etat
Roi fans en avoir le titre, il favorifa l’élévation de.
Lotaire, qu’il tint dans fa dépendance. Cette modération
feinte fut réeompenfée du duché d’Âquitaine qui fut
enlevé à la maifon de Poitiers r la mort délivra, Lotaire
d’un fûjet qui balançoit fon pouvoir, & n’eût pas,
manqué de troubler fon règnecomme il avoit fait
celui de Louis d’Outremèr, fon père. Hugues iaifloit
trois fils, dont l’aîné, célèbre fous le nom de Hugues
Cap et, fut la tige de cette longue fuite de rois qui ont
•ccupé & occupent encore aujourd’hui «e trône d e .
France. Othon & Henri fes deux autres fils, porte**
dèrent foçcefliveme*t le duché de Bourgogne.^ 3
Quoique Lotaire s’applaudît en fecret d:être délivré
d’un vaflal qui, après l’avoir élevé fur le trône , etoit"
allez puiflant pour l’en précipiter, il crut cependant
devoir témoigner fa reconnoiflance à fes, enfans. Hugues-
Capet étoit à la cour du.duc de Normandie „qui l’y re-
tenoit dans un cfclavage honorable, Lotaire employa
les prières ôt les menaces pour l’en retirer, & voulant',
fe l’attacher par le lien des bienfaits „ il lui donna le-
duché de .France & celui de Poitiers qu’avoit pofledés-
fon père. Leurs intérêts étoient trop oppofés pour, qu’iis;
fuflentlong-temps unis.Hugues Capet rechercha, l’alliance
du duc de Normandie, & dès qu’il fut. alluré■
de fon inclination, il donna un libre couis à. fon ambition.
Lotaire fachant qu’il avoit tout à redouter de--
la part des Normands,.s’occupa à multiplier les. embarras
de Richard, & lui fufeita une infinité.d’ennemis : :
. il. avoit même formé la réfolutionde le faire enlever
le complot lut découvert, & Richard montra toute
fon indignation contre ce lâche procédé ;,fon reflenti—
ment éclata contre Thibaut, comte de Chartres, qui
s’ëtoit lignai é par fon attachement aux intérêts de Lotaire.
Tous deux entrèrent dans une guerre où Thibaut
eut le défayantage, le roi entreprit de Le.venger. Richard
attira Hugues dans fon parti ; l’alliance de ce..-
duc ne lui paroiifant pas fuffifante, il appella les Da- •
nois à fon fècours :..ces barbaresffondirent tout-à-coup.-
fur la France, ils femblèrent n’y être entrés que pour/
la changer en défert Ce fi.it dans le . comté de Chartres^
qu’ils, exercèrent leurs, plus .cruels,ravages , un nombre-
prodigieux d’habitans furent réduits en captivité. Thi- -
baut, dépouillant la fierté de fon caraâère „demanda-,
humblement pardon à Richard, qui lé reçutaia tête,
de fon armée, 6c daigna lui pardonner..
Richard allez puiflant pour impofer la loi, n’eeouta.;
que fa générofité. Lotaire lui fit une députation pour
lui demander la paix : / fes ambafladeurs furent reçus-
avec bonté., on afîigna une conférence entre le roi .
& le duc, qui promirent de tout oublier réciproquement,,
6c leur réconciliation parut fincère, par des préfens^
que fe firent le roi & l.e; duc...
Lotaire avoit autant d’ênnemis que de grands vaflaux : ;
il tourna fes armes contre Arnoul., comte-de Flandre,.,
ÔL voulut le punir du refus qu avoit fait ce comte de
r.alîifter dans la .guerre contre les Normands. Arras fut
fa première conquête, une place aufîï forte emportée
dans les premières attaques,.détermina les villes voi--
fines à ..ouvrir leurs portes. Le comte alloit être der
pouillé de fes états, lorfque Richard , par fa médiation,.,
força les deux partis à-convenir.de la paix. Le roi refta
en pofîeffion d’une partie, dé, fes: conquêtes. |
(■ Ce fut après ce traité que Lotaire fè rendit a.Cologne,-
où il eut une entrevue avec l’émpereur Othon le Grand.-
Ces princes fe donnèrent .réciproquement des marques:,
d*êrtime & d’amitié ;. & pour, éfablir une parfaite intelligence
entre les François & lès Allemands, on y
arrêta le mariage du roi avec Emme, fille de Lotaire
J l, roid’Italie; &. d’Adéla'ide,fécondé femme d’Othon..
L’empereur menaenfoite la . cour de France àlngeklieîm,
pour y célébrer les fêtes de pâque‘8 ; la princefle
Emme vint en France l’année d apres, accompagnée
d’une infinité de feigneurs Allemands, qui afîiftèrenf
aux fêtes de fon mariage avec Lotaire. Cette alliance
avec les Impériaux ne pouvoit long-temps fubfifter ; la
Lorraine qu’ils retenoient, & que les rois de France
avoient toujours regardée comme une partie de leur
patrimoine, étoit un germe de guerre toujours prêt a
ëclorre. Othon II. avoit fuccéde à Othori I. Cet empereur,
après avoir pacifié fes états, s’ etoit rendu a
Aix-la-Chapelle pour fe délaffer de fes fatigues : il
s’occupoit des affaires de religion ; mais un état fi tranquille
ne dura guère. Le roi de France profita de fa
fécurité pour exécuter fes defleins for la Lorraine ; u
fait une irruption fobite dans cette province, & entre
eh vainqueur dans Aix-la-Chapelle fans déclaration de
guerre, & fans qu’on eût le moindre avis de fa marche.
Peu s’en fallut que fempereur ne tombât entre fes
mains ; on dit même que les François y arrivèrent
comme il alloit fe mettre à table. Lotaire ne garda pas
long-temps fa conquête , qui, à proprement, parler ,
n’étoit qu’un brigandage. Othon IL ne rentra en Allemagne
que peur faire“des préparatifs ; il envoya dire
à Lotaire que c’étoit dans Paris meme qu il pretendoit
lui demander raifon de cette infolte : il fe rendit en
France dans l’année même, & vint devant Paris qu il
tint affiégé pendant trois jours : il auroit continue
plus long-temps fes artauts, fans la faifon qui etoit fort
avancée.: il reprit la route de fes états. Lotaire 1 incommoda
dans fa retraite ; des auteurs prétendent que
ce prince remporta une grande viéfoirè for lès Impériaux
au partage de la rivière d Aine ; mais comme la
Lorraine rsfta fous la domination Allemande, leur
opinion nousparoît fort fufpeéte. Les moines, quidefri-
choient d’une main pefantele champ de l’hiftoire ,^què
l’ignorance leur avoit livré, rapportent qu un eveque
Communiqua aux eaux de l’Aîne la folidite de la terre,
6c que les Allemands marchèrent deflus^comme for le
pont le mieux affermi. C ’étoit mettre l’eveque au-deffus J
de Moïfe 6c de Jofoé. Il y eut un traité entre les deux
monarques. Lotaire renonça à la Lorraine en faveur
d’Othon II. qui en donna l’inveftiture a Charles de
France, frère de Lotaire. On prétend cependant qu Othon
ne reçut la Lorraine que comme fief de la couronne
de France. La mort d’Othon arrivée en 883, donna
•quelqu’efpoir à Lotaire de pouvoir rompre avec avantage
un traité qui le privoit d’une province dont il
avoit toujours ambitionné la domination. Il voyoit fur
le trône de Germanie un prince jèune encore , 6c que
le vieux Henri de Bavière vouloit en faire defeendre.
Il fe jetta d’abord for Verdun dont il fe'rendit maître ,
6c fit prisonnier le comte Godefroi, mais .quand il fut
que la puiffance ^’Othon III. étoit affermie, il abandonna
fa conquête 6c fendit la liberté à fon prifonnier.
L’aflcc'iàtion de fon fils Louis à la royauté , fut le
dernier événement mémorable de fon règne : il le fit
couronner avec fà femme Blanche d’Aquitaine, qui
peu fenfible à l’élévation de fon jeune époux, & a la
couronne qu’elle venoit de recevoir, s’enfuit de la cour.
On prétend que Blanche étoit rebutée de l’humeur
sèche! & brufepe de fon mari. Lotaire fâché de l’évafioir
de cette princefTe, alla lui-même l’exhorter de revenif
auprès de fon fils. 11 mourut à Reims au retour de ce
voyage, qui attelle fon affection pour fa famille : cet
événement fe rapporte au fécond jour de mars 986. Ou
croit qu’il mourut du poifon que lut préfentèrent les
afpirans à la couronne. Des hiftoriens ont accufe la reine
fa femme de ce crime : mais, fans rien dire de l’exceffive
douleur qu’elle témoigna à la mort de ce prince, (tous
les hiftoriens conviennent qu’elle verlà un torrent de
larmes) eft-il croyable que cette princefle eût pu fa-
crifier ainftfon mari dontdépendoient fon bonheur & (à
glo'ré ? Que devoit-eile délirer de plus que d’être rein»
de France ? Lotaire eft le dernier des rois du fang de
Charlemagne qui ait retracé quelques-unes des vertus
de ce grand homme. Il étoit d’un tempérament robuflej
& avoit une force de corps étonnante. Sa dextérité le
rendoit propre à tous les exercices; fon efprit fe relfen-
toit de la trempe de fon corps, plein de sève & de
vigueur. Il étoit affif, vigilant, & fa bravoure alloit
julqulà l’intrépidité. On lui reproche .fon peu de fidélité
dans les traites, ce qui femble. avoir été un vice de ce
■ temps. L’hiftoire lui donne un défaut plus grand en
politique, elle l’accufe de n’avoir point foutenu fes entreprifes
avec allez de confiance. La plupart des hifto.-
riens ne lui donnent que deux fils; mais un'livre de prières
trouvé dans, le dernier fiècle , a fait croire à de favans
critiques qu’il en eut un troifième, nomme Othon. Ce
livre avoit appartenu à la reine Emme : le nom de ce
prince s’y lit exprelfément ;on y voit encore une image
fort bien faite, oh Jéfus-Chrilt eft dépeint dans une r.qe,
- étendant fa droite fur les deux rois Lotaire & Louis, qui
fe tiennent par la main, & qui ont des couronnes en
forme de Cercle ; & fa gauche far la reine qui lui pre-
1 fente un enfant tonfùré & portant une robe rouge : oa
prend cet enfont pour le jeune Othon. _ .
Lotaire fut inhumé dans l’églife de, St. Remi, a
Reims. Adalheron, : archevêqne de cette métropole,
célébra fes funérailles; ce prélat qui l’avoit traverfé pendant
tout le cours de fon règne, lui donna à fa mort les
éloges que ce prince pouvoit mériter. ( M—r . )
L otaire I I , ( Hijk et Allemagne. ) XIIe roi ou empereur
de Germanie, depuis Conrad I , X V ' empereur
d’Occident depuis Charlemagne, fils de Gérard de
Suplinbourg, & d’Hedwige , né en 1075 , fait duc de
Saxe en 1106, élu empereur en 11 î 5, mort en 1137.
Lotaire 11 dut fon élévation à fon attachement aux
intérêts du faint Liège, & à fa haine contre la maifou
de Franconie. Dans fa jeunefle, il avoit porté les armes
contre Henri I V , & avoit toujours été l’un de
fes ennemis les plus opiniâtres. Henri V , pour le ré-
compenfer de l’avoir aidé à détrôner fon père , lui avoit
donné le duché de la Haute-Saxe ; mais Lotaire I I , en
fe déclarant en faveur du fils perfide contre le père
malheureux, ne fervoit que fa haine. Henri V. s’en
apperçut, dès qu’il fut parvenu au trône. Dans fes longs
démêlés avec les papes au fujet des inveftitures, il l’eut
toujours pour ennemi déclaré. La cour de Rome, pour
payer fon zèle, & pour l’entretenir, fe fervit de toute
fa politique, Si. lui fit donner la préférence fur Conrad,