
d'y rentrer ? Il ne fut pas allez long-temps en place
pour qu’on ait pu en juger.
MANI ,Cm ,( Hifi. mod. ) titre qu’on donne dans
le royaume de Loango en Afrique , à tous les grands
officiers, aux gouverneurs 6c aux minières du roi.
T e mari bonana eft le grand amiral ; le mani-mambo
eft le général en chef &. gouverneur d’une province ;
le mani-beloor eft le chef ou le furintendant des for-
•tiers 6c devins ; le mani-bellulo eû une efpèce de fbu-
verain indépendant ; le mani-manga eft le chef des
prêtres ; le mani-matta eft le capitaine des gardes du
roi , & c ) A . R . )
MANIA y ( Hifi. anc. ) tient un rang diftingué parmi
les femmes illuftres de l’antiquité. Après la mort de
Ion mari, gouverneur de l’Eolie, elle pria Phama-
Bafe de lui conferver le gouvernement de cette province.
Le fatrape étonné de fa demande , 6c féduit
par fbn affurance , lui confia une place qui jufqu alors
n.avoit été occupée que par des hommes de guerre.
Elle s.en acquitta avec l’intelligence des plus grands
capitaines. Les villes furent tenues dans Tobéif-
fance y elle fe mit à la tête des armées, & montée
fur un char, el'e donnoit lès ordres avec la contenance
d’un général expérimenté. Les limites de fcn
gouvernement furent reculées par fes conquêtes. Ce
fut au milieu de fes profpérités , que fon gendre
humilié d’obéir à une femme , la maflacra avec fon
fils qu’elle formoit dans l’art de vaincre 6c de gouverner.
( T-n . )
MANIBELOUR , ( Hifi, mod. ) c’eft le nom qu’on
donne dans le royaume de Loango en Afrique au
pi entier mkrftre du royaume , qui exerce un pouvoir
î bfoîu, & que les peuples ont droit d’élire
fiins le confentement du roi. ÇA. R.)
Maniement, f ra. ( Hijl. mod, ) terme dont les
Anglois fe fervent en pariant de leurs combats de coqs :
M lignifie l’avion de mefnrer la grcfteur de cet animal,
en prenant Ion corps entre les mains 6c les
doigts. ÇA. R.')
MANILIUS (Marcus,.) (Hijl. Litt. anc.") poète
latin qui vivoit fous Tibère, 6c dont nous avons un
poëme fur Paftronomie. C e ft de lui qu’ëft ce vers
connu i
Oman rés ïpfa negat contenta doceru
que tous ceux qui ne lavent pas Horace par coeur ,
troyent d’Horace.
MANLIUS, ( Hijl. Rom aine. ) gendre de Tarquin
le Superbe , eft regardé comme la tige de l’illuftre
famille des Maniiem qui fournit à Rome deux di&a-
teurs , trois confuls 6c douze tr.buns.il n’eft connu que
par 1 afyle qu’il donna' à fon beau-père que fes crimes
Sc fon orgueil avaient précipité du trône , & qui
fut le dernier roi des Romains.
Manlius Capitolinus , defcendant du premier , étoit
à peine parvenu à l’âge de feize an sq u e Rome le
comptoit déjà au nombre de fes plus braves guerriers.
Cette ville devenue la conquête des Gaulois,
n’avoit plus ds reffource que dans le Capitole* dont
les barbares étoient fur le point de ie rendre maîtres.
Manlius réveillé aux cris des oies fe mit à la
tête d'une troupe de jeunes gens , 6c repoufla les
ennemis, dont il fit un grand carnage. Ce fervice lui
mérita le furnom de Capitolinus ou de confervateur
de Rome. Alors couvert de gloire , il fe menag a la
faveur du peuple pour parvenir aux premières dignités
de la république , peut-être pour en eue le
tyran. Dès qu’il fut entré dans les charges, il introduisit
plufieurs nouveautés dangereufes , & fur-tout
l’abolition des dettes. Le di&ateur Cornélius Colins
le fit arrêter 6c conduire en prifon. Le peuple qui le
re^ardoit comme fon prote&eur , fit éclater fon
mécontentement par un deuil public , 6c le fénat
fut contraint d’ordonner fon élargffement. Alors
devenu plus audacieux par fon impunité , il alluma le
.feu des l'éditions. Les tribuns du peuple fe rendirent
eux-mêmes fes accufateurs, 6c lui imputèrent plufieurs
trahifons. Les premières aflemblées fe tinrent au
champ de Mars , d’où 'l’on découvroit le capitcie
qu’il avoit fauvé. Les juges faifis d’un faint refpeél,
n’osèrent prononcer l'a condamnation d’un citoyen
dans le lien même qni avoit été le théâtre de ïa
gloire. Les comices luivants furent indiqués dans
un autre endroit. Manlius convaincu d être traître à l’a
patrie , fut condamné à être précipité du haut du
capitole, & il fut défendu aux Manliens de prendre
dans la fuite le nom de Marcus qu’il avoit porté. ( T. N ..}
Manlius ( T orquatus) , de la même famille
que le premier, étoit né avec un elprit v if 6c facile ;
mais il avoit une fi grande difficulté de s’énoncer,
que fon père rougiflant de ce défaut naturel, lui
donna une éducation agrefte 6c fawvage , dans la
crainte qu’étant élevé à Rome, il n’excitât la déri-
fion de fa multitude. Cette faufle honte fit regarder
fon père comme un dénaturé qui condamnoit fou
fils aux fondions de lefclavage. Il fut cité au jugement
du peuple^ Le jeune Manlius alarmé du dan*
ger de fon père, s'arma d’un poignard , 6c fe rendit
chez Taceufateur auquel il ne laifia que ,1’alter*
native , ou d’être égorgé , on de fe défifter de fore
accufatlon. Cette piété filiale lui mérita la faveur
du peuple qui l’année fuivante le nomma tribun
militaire. Il fignala Ion courage & fon adreffe eçn-
tre les Gaulois, & il vainquit dans un combat fin-
gulier un ennemi , qui, fier de fa taille gigahtefque y
avoit défié le plus brave des Romains. Après l’avoir
fait tomber fous fes coups,. il lui enleva fon collier
d’or dont il fe fit un ornement. Sa valeur éprouvée
lui mérita la dignité de di&ateur. Il fut le premier des
Romains qu’on en revêtit fans qu’il eût paflé par | le
confùlat. Son fils animé par fon exemple , accepta un
défi que lui fit un officier ennemi. La difcipline militaire
puniffoit févérement ces fortes 'de combats. Il en
fortit vainqueur ; mais au lieu de jouir de fa gloire f
il fut condamné à la mort par fon inexorable père,,
comme infra&eur de la difcipline ; 6c depuis ce ternis-
On donna le nom d’arrêt de Manlius à tous les
jugemens qui parurent trop féyèfes. Le dictateur,
fumant du fang de fon fils, marcha contre les ennemis
fur les b:rds du V.firis. Ce fut dans ce combat que
Decius fon collègue fe dévoua ?. la mort. Manlius
obtint les honneurs du triomphe. Il fut élevé plufieurs
fois au confùlat , & il reflua cet honneur datas fa
VÏeiîlefle, fous prétexte de fa cécité, difant qu’il étoit
imprudent de confier le gouvernement à celui qui
ne pouvoit rien voir par fes yeux ; 6c comme les
jeunes avoient le plus d’empreüement de le voir à
leur tête , il leur dit : Cejfez de me folliciter; Jî fétois
cenful, je réprimerois la licence de vos mczurs, & vous
murmureriez bien-tôt de ma févérité. (T. NI)
Manlius V ulson , de la famille des deux premiers
, fut nommé conful l’an 280 de Rome. Il mar- i
cha contre les Veïens qu’il avoit ordre d’exterminer ;
mais touché de leur repentir, il leur accorda la paix, ;
après les avoir mis dans l’.mpuifla'ice de nuire. Il
fit lé dénombrement de tous les chefs de famille de
Rome, & l’on en compta cent dix mille, fans comprendre
les marchands , les ârtifans, les étrangers &
les êfclaves. Les villes modernes les plus peuplées ne
renferment point un fi grand nombre d’habitans , &
Rome ne faifoit encore que fortir de l’enfance.
Un autre Manlius exerça le confùlat conjointement
avec Fabius Vibalanu?. Il fut chargé de faire
la guerre aux Tofcans , dont il fit un grand carnage ;
mais il ne jouit point du plaifir de fa vi&oire, il fut :
tué dans la chaleur de la mêlée.
On voit encore un T itus Manlius Imperiôsus
T orquatus ,. qui fut élevé à la dictature , l’an 405
de la fondation de Rome. ( T-n . )
MANSARD, fi grand nom dans l’architeéîure, qu’il
ne faut que le nommer ici 6c le renvoyer au département
des arts. Nous obferverons feulement ce qu’il n’eft
permis à perfonne d’ignorer , c’eft que le château de
Maifons en entier, oc le Val de Grâce en grande
partie, font l’ouvrage de François Man fard, né enf-
1598; mort en 1.660. Ceft lui qui eft l’inventeur de ce
qu’on appelle de fon nom des Manfardes. Quand Colbert
lui demandoit des plans pour les bâtiments du
roi, qu’il les adoptoit avec é'oge & vouloit lui faire
promettre de n’y rien .changer , Manfard fefufoit de
s en charger à cette condition , difant : je me réferve toujours
le droit de mieux faire. Çe mot eft d’un homme
qui refpeéle fon art. Il faudroit feulement qu’en feréfer-
vant ce droit indéfini de mieux faire, on renonçât au
droit de fe faire mieux payer, car il faut que celui qui
bâtit, fur-tout des deniers du peuple, lâche à quoi
il s’engage.
JulesHardouin Manfard, neveu de François, chevalier
de Saint-Michel, fut, comme fon oncle, premier
architeéle du roi. Ses principaux ouvrages font
la galerie du palais royal, la place de Louis le Grand
& celle des vi&oires ; la maifon de Saint-Cyr , la
Cafcade de Saint-Cloud, le château de Verfailles, la
■ Ménagerie, l’Orangerie, les Ecuries, la Chapelle, fon
dernier ouvrage, qu’il n’a pas pu voir achever , la
chapelle que M, de Voltaire appelle i
Ce colifichet faftueuX.
Qu’ du peuple éblouit les yeux ,
Et dont le connoiffeur fe raille ;
mais que tout le monde ne juge pas auffi lévèrement.
Un ouvrage enfin auquel Rome n’a peut -être rien de
fupé rieur, lé Dôme des Invalides , 6c une partie de
l’églife, dont lé premier archite&e avoit été Lbéral
Bruant. Jules-Hardouin Manfard mourut en 1708.
MANSEBDARS, f. m. ( Hifloire mod. ) nom qu’on
donne dans le Mogol à un corps de cavalerie qui
compofe la garde de l’empereur , 6c dont les foldats
font marqués au front. Ou les appelle ainfi du mot
manfeb, qui fignifie une paye plus confidérable que .
celle des autres cavaliers. En effet , il y a xûmanfb*
dar qui a jufqu’ji 750 roupies du premier titre de
paye par an.; ce qui revient à 1075 livres de notre
monnoie. Ceft du corps des manfebdars qu’on tire
ordinairement les omrhas ou. officiers généraux.
( G )
MANSFELD, ( Hijl. iAlUm. ) c’eft le nom d'une
maifon d’AU.magne, féconde en grands capitaines. Les
plus illuftres- font Pierre Erneft, comte de Mansfeld 6c
fes deux fils, fur-tout fon fils naturel Erneft.
Pierre Erneft étoit gouverneur d’Y vo i, lorfque les
François firent le fiège de cette place en 1552.. Le
comte de Mansfeld y fut fait prifonnier. Devenu libre
dans la fuite il fervit les catholiques contre les Pro-
teftants à la bataille de Montcontour. Le roi d’Efpagne
le fit gouverneur de Luxembourg & de Bru relies. Il
mourut en 1604 à cjuatre-vingt-fept ans. S’il laifia une
aflez grande réputation de talent 6c de capacité, il en
laifia une bien plus grande d’avarice & de cruauté.
Les prifonniers qui tomboient entre fes mains, ézoient
plus malheureux que les captifs qui fervent en Barbarie.
Ils étoient obligés de facrifier prefque toute leur fortune
pour fe tirer d’une captivité fi infupportable , ou ils y
périffoient miférablement. Cet homme avoit cependant
été prifonnier. Il pouvoit dire :
Ainfi que ces guerriers j’ai langui dans les fers :
Qui ne fait compatir aux maux qu’on afoufferts î1
On pouvoit lui dire :
Vous fûtes malheureux & vous êtes cruel !
Charles, prince de Mansfeld, fbn fils légitime , étoit
mort du vivant de Pierre Erneft en 159 5 après avoir
battu les Turcs qui vouloient fecourirla ville de Gran
ou Strigonie dont il faifoit le fiège. Il avoit fervi avec
diftin&ion en Flandre 6c en Hongrie. Il ne laifia point
d’enfans.
Erneft de Mansfeld, fils naturel de Pierre Erneft ,
plus îllu f t r e encore 6c que Ion père 6c que fon frère,
fut d’abord attaché comme eux à la maifon d’Autriche;
-l’archiduc Erneft d Autriche, fut fon parrèin 6c lui
donna Ion nom; il fervit.avec Charles Ion frère, le
roi d’Efpagne en Flandre, 6c lempereur en Hongrie.
Elevé à Bruxelles dans U religion catholique, tous