
3°. Guillaume U , maréchal de France. Il étoit le
fécond fils de Jean de Joyeufe. Du vivant de Ion frère
aîné, il avoit été deftiné à l’état eccléfiaftique, & même
nommé à l’évêché d’Aleth, quoiqu’il ne fut pas encore
engagé dans les ordres ; car tel étoit alors l’irrégularité
de l’adminiftration eccléfiaftique : devenu l’aîné ,
il prit lé parti des armes , fervit Charles IX dans les
guerres de religion, fut fait maréchal de France par
Henri I I I , & mourut fort âgé en 1 502.
Prefquetous fes fils furent célèbres.
4°. Anne, l’aîné de tous, étoit favori de Henri III,
q ui, en le mariant en 1581 , avec Marguerite de
lorraine , foeur de la reine Louife , fa femme ,
dépenfà douze cent mille écus à fes noces, 6c lui fit don
de quatre cents autres mille écus. Il avoit érigé la même
nnnée pour lui, Joyeufe en duché-pairie , avec des
diftinéHons très-extraordinaires, comme de précéder
les ducs plus anciens , &c. en 1582 , il le fit amiral
de France ; en 1583, chevalier de l’ordre, gentilhomme
de la chambre, gouverneur de Normandie.
Il fut tué de fang-froid en 1587 , après 1§ bataille de
Coutras, par deux capitaines d’infanterie, nommés
Bordeaux & Defcentiers ; d’autres difeut par un autre
capitaine, nommé La Mothe-Saint-Heray. C’eft de lui
qu’Henri IV dit, dans la Henriade ;
De tous les favoris qu’idolatroit Valois,
Qui fl&ttoient fa molleffe & lui donnoient des loix,
Joyeufe, né d’un fang chez les François infigne,
D ’une faveur fi haute étoit le moins indigne :
Il avoit des vertus ; 6c fi de fes beaux jours,
La parque en ce combat n’eût abrégé le cours,
Sans doute aux grands exploits fon ame accoutumée ,
Auroit de Guife un jour atteint la renommée,
Jüt c’eft de lpi que M. de Voltaire rapporte qu’ayant
un jour fait attendre trop long-temps „les deux feçré-
taires d’état dans l’antichambre du roi , il leur en fit
les excufès, en leur abandonnant un don de cent mille
écus, que le roi venoit de lui faire. Il ne falloit ni
faire attendre les fecrétaires d’état, ni leur abandonner
cent mille écus qui n’étoient ni à lui ni au roi, mais
aux pauvres fujefs qu’on accabloit d’impôts , pour
fournir à ces prodigalités :
Et le peuple accablé, pouffant de vains foupirs,
Gémiffoit de leur Juxe 8c payoit leurs plaifirs,
50. François, fécond fils de Guillaume, archevêque
de Narbonne, de Touloufe, de Rouen, cardinal, fiat
quelque temps a Rome ce qu’on appelle proteâeur
de la couronne de France ; protecteur ou défendeur,
il en foutint noblement les droits ; il travailla en 1593 ,
à la réconciliation d’Henri IV avec le St. Siège 8c,
dans la fuite, par ordre d’Henri IV , à celle de Paul V
avec les Vénitiens. Il couronna Marie de Médicis à
Saint-Denis en iôio.ïlfaçra Louis XIII à Rheimsle 17
oétohre de la même année , parçe que le cardinal de
Guife , Louis de Lorraine, nommé archevêque de
Rheims , n’étoit pas encore facré. En 1614 , il préfidâ
le clergé aux derniers états-généraux. Il mourut le 23
fioût 16 15 , doyen du facré Collège,
o°. Henri, comte du Bouchage, puis duc de Joyeufe
pair & maréchal de France, 8cc. puis capucin , puis
rentré dans le fiècle , puis redevenu capucin , ,6c mort
en 1608, fous le nom de Jptere^Ahse, étoit le troi-
fiéme fils de Guillaume ;
Ce fut lui que Paris vit paffer tour-à-tour
Du fiècle au fond d’un cloître, 8ç du cloître à la cour.
Vicieux, pénitent, courtifan, folitaire ,
Il prit, quitta , reprit la cuiraffe 8c la haire.
Après tant de fortunes diverfès , il mourut à quarante
8c un ans.
70. Antoine-Scipion, quatrième fils de Guillaume,;
fut d’abord chevalier de Malthe 6c grand^prieur de
Touloufe ; Henri , comte du Bouchage , fon aîné,
s’étant fait capucin le 4'feptembre 1587, Anne,
l’aîné de tous , ayant.été tué à Coutras le 20 oéiobre
fuivant ; 8c François étant dans. l’état eccléfiaftique',
çe fut Antoine-Scipion qui devint duc de Joyeufe ;
il fut ligueur comme fes frères ; ayant été défait par
les royaliftes au combat de Villemur, le 20 oélobre
1592, il fe noya dans fa retraite au paffage du Tarn.
Ce fut alors que le comte du Bouchage rentra dans le
fiècle & fut duc de Joyeufe. Une plaifanterie d’HenriIV,
qui lui reprochoit fon apoftafiç , en s’accufant lui-même
d’être rç .égat , le fit rentrer pour jamais dans for?
couvent.
8°. Claude de Joyeufe , feigneur de Saint-Sauveur
fèptiéme fils de Guillaume, fut tué à Coutras avec le
duc de Joyeufe, Anne, l’aîné de tous fes frères , 6c
toute çette ppftérité mafculine fut éteinte..
Le duché de Joyeufe paffa dans la maifon de Lor-
raine , par le fécond mariage d’Henriette - Catherine
duçheffe de Joyeufe , çomteffe du Bouchage , fille
unique du comte du Bouchage , maréçhal de France ,
mort capucin, avec Charles de Lorraine , duc de '
Guife, fils du Balafré. Çette pairie s’éteignit par la
mort du duc de Guife François-Jofeph , arrière-petit-
fils de Charle§ j àrrivée'le 16 mars 1675,
Louis de Melun, fécond du nom , prince d’Epinoi}
né en 1694 , obtint au mois d’oélobre 1714 , de nouvelles
lettres pour l’éreéfion de Joyei^fe ( qui lui ap-.
partenoit alors ) , en duché-pairie. Cette nouvelle
pairie dura bien moins encore que l’autre. Celui qui
î’avoit .obtenue eft ce même M. de Melun, tué à Chantilly,
à la chaffe , par un cerf, le 31 juillet 1724. Il
mourut fans enfants.
9°-. De la branche de Bothéon , Louis àe Joyeufe
cjui eut l'honneur de s’allier à la maifon de France ; il
epoufa le 3 février 1474, Jeanne de Bourbon , fille, de
Jean , comte de Vendôme , 8c d’Ifabelle de Beauvau,
io°. Jean , arrièrerpetit-fils du précédent, tué a la
bataille de Montcontour en 1569.
i i °. Pierre, comte de Grand-Pré, neveu de Jean,
tué au liège de Montauban eii 1621.
ig?. Dé la branche des contes de Grand-Pré j
Jean-Armand, marquis de Joyeufe, troifiéme maréchal
de France, mort le i cr juillet 1710.
13p. De la branche deMontgobert 8c de Verpeil,
Réné, baron de Verpeil, tué devant Neufchâtel en
Lorraine en 1589.
140. Robert, tué à la bataille de la Marfée en 16 4 1,
le 16 juillet.
1 50. Un autre Robert, fon neveu, tué à Valenciennes ;
en 1677.
JUAN , (Hijloire d’Efpagne ) ce nom eft le même
que Jean. Il y a dans l’Hiftoire d’Efpagne , deux
princes célèbres foüs le nom de don Juan d’Autriche ;
l’un fils naturel de Charles-Quint 6c de Barbe Blomberg
( Voyei l’article Blomberg ) ; l’autre , fils naturel de
Philippe IV 6c d’une comédienne, nommée Marie
Çalderona.
Le premier eft célèbre par la bataille de Lépante ,
qu’il gagna contre les Turcs en 1571. Ayant été
nommé par Philippe II fon frère , gouverneur des
Pays-Bas, il fe diftingua par de grands fuccès contre les
Flamands révoltés, for-tout par le combat de Gem-
blours en 1578. Mais Philippe II n’étoit pas un maître
qu’on pût fervir. Le f e r l e poifon étoient fouvent le
prix de l’àvoir trop bien fervi. On a cru qu’il avoit
fait empoifonner don Juan , foit par jaloufie de fa
gloire , foit par quelque foupçon d’intelligences ou
réelles ou feulement poftibles de ce prince avec les
Flamands rebellés, foit dans la crainte qu’il n’épousât
Elifàbeth, reine d’Angleterre , qui fe promettoit à tous
les princes de fon temps, 8c qui pouvoit leur préférer
un héros , foit enfin par quelque reffentiment per-
fonnel provenant d’intrigues de cour & relatif aux liai-
fons de don Juan avec don Carlos 6c la reine Elifàbeth
de France. Ce qu’ily a de certain , c’eft que tous les
gouverneurs envoyés par Philippe II dans les Pays-
Bas pendant là révolte des Flamands , lui furent fofe
pe&s à proportion de la gloire qu’ils y acquirent 8c
des fervices qu’ils y rendirent ; qu’à ce titre, don Juan
dut lui être plus fufpeél qu’aucun autre. Ce qu’il y a de
certain encore, c’eft que peu de temps avant la mort de
don Juan, Philippe II avoit fait affafîiner, en Efpagne , |
Efcovedo , le fecrétaire 6c le confident intime de don
Juan. Ce prince mourut à trente-deux ans, le y oéfobre
1578. Il n’avoh que 24 ans, lorfqu’iL remporta cette ‘
mémorable vi&oire de Lépante, qui l’annonça au monde
comme le héros, non feulement de l’Efpagne , mais
de toute la Chrétienté. Il livra 8c gagna cette bataille,
malgré le grand commandeur don Louis.de Requefens ,
qui lui avoit été donné pour modérateur de fa jeuneffe,
comme dans la fuite le grand Condé', à vingt-deux
ans , livra la bataille de Rocroi , malgré Ie< maréchal
de l’Hôpital, que la cour avoit chargé de veiller for
Jui 6c de modérer fon ardeur.. Don Juan d’Autriche-
laiffa deux filles naturelles r qui moururent toutes deux
au mois de février 1630..
Le fécond don Juan d’Autriche commanda les
armées de Philippe IV , fon père, comme le premier
avoit commandé celles de Philippe II fon.frëre, mais
ave£ moins d’éclat. 6c de fuccès. En 1:647 > ÿ- rédu’fic
la ville de Naples ; mais la révolte recommença peu
de temps après fon entrée dans la ville. Ce fut lui
qui, le 13 o&obre 1652, reprit Barcelonne fur les
François. En 165.6 , il étoit avec le grand Condé à
l’affaire de Valenciennes, lorfque Conde battit le maréchal
de la Ferté, le fit prifonnier, 6c obligea -îe vicomte
de Turenne de lever le fiège de Valenciennes. Il perdit
avec le même prince de Condé, le 14 juin 1658 ,
la bataille des Dunes; mais Condé étoit bien éloigné
d’avoir dans l’armee Efpagnole , -l’autorité néceflaire
pour affurer les fuccès ; il ne commandoit pas, il
fervoit fous don Juan 8c fous le marquis de Caracène;
il vit leurs difpofitions pour la bataille des Dunes,
8c il leur prouva qu’ils âlloient être battus ; les Efpa-
gnols ne daignèrent pas en croire le vainqueur de
Rocroi , ou peut-être ils n’osèrent le croire ; car dans
la fituation ou fe trouvoit Condé, il eft rare que la
confiance foit entière de part 6c d’autre. Les princes
Anglois, fils de Charles Iir , fer voient comme volontaires
dans l’armée Efpagnole ; 6c on fait que Condé
dit au duc dé Gloceftre 1 n ave^-vous jamais vu perdre
une bataille ? eh bien ! vous l’aileç voir. En effet la
déroute dés Efpagnolsfut prompte 6c complette : Condé
feul fit refpeéter fa retraite. Après une retraite plus
belle encore du grand Condé devant Arras, du 25
, août 1654, le roi d’Efpagne lui avoit écrit : fa i fu
que tout étoit perdu, & que vous ave^ tout fauvé. Il
auroit dû s’en fouvenir à i’affaire des Dunes, 6c fe
confier au genie du grand Condé , plutôt qu’à l’inexpérience
de fon fils. Condé eut à réparer aux Dunes, les
fautes de don Juan, comme il avoit eu à réparer à Arras
celles de l’archiduc Léopold 6c du comte de Fuen*
faldagne.
Don Juan fut encore battu en 1663. Ce fut à Eftre-
meros , dans une guerre des Espagnols contre les
Portugais.
v & eut quelque part au gouvernement pendant lé
régné de Charles I I , fon frère ; mais la reine douairière
d’Efpagne , Marie-Anne d’Autriche, mère dé
Charles I I , vécut toujours, avec don Juan ,, dans une
grande méfintelligence , 6c répandit for lui l’intérêt
qu’infpire toujours un homme dé mérite perfécut&
Don Juan mourut le. 17 feptembre 1670 , très-regretté
en. Efpagne.
v 9 ( anc- '} Le nom de Tuba fut communs
a plufieurs rois africains , dont le plus, ancien fé glo-
rifioit detre dèfcendu- d’Hercule.. C’étoit une tradition
reçue que ce héros, après avoir purgé la Mauri-
• tani^.de monftres 6c de brigand*., y làiffa quelqu’un-,
de fa famille, à qui la reconnoiffance publique dé—
férale fceptre. C ’éft de ce premier Tuba que les rois
de Mauritanie fè glorifioient de tirer leur origine..
Le fécond'. Juba ^ fils d’Hiempfal > fe diftingua par
fon attachement à. Pompée dont, il fot le. tîus zélé
partifan.. Ce fut lui qui défit Curion ,, lieutenant de
Cefàr ,t 6c qui releva, par cette victoire , le courage
i des amis de Pompee». Ce fervi ce lui mérita le titre
; de roi de toute là Numidie. Céfar, voyant en lui un»
; dangejeux ^ fe çhsrgça luirmêiue. du foin, de lira