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M AR A V ED I, f. m. ( Hiß. mod. ) pêtîte monnoie
de cuivre qui a cours en Efpagne , & qui vaut quel •
que chofe de plus qu’un denier de France. Ce mot
eft arabe, & eft dérivé de almoravides, l’une des di-
nafties des Maures, lefquels paffant d’Afrique en Efpagne
, donnèrent à cette monnoie leur propre nom,
qui par corruption fe changea enfùite en maravedi;
il en eft fait mention dans les décrétales aufli bien que
dans d’autres auteurs latins fous le nom de marabitini.
Les Elpagnols comptent toujours par maravedis,
(bit dans le commerce , foit dans les finances,
quoique cette monnoie n’ait plus cours parmi eux.
Il faut 63 maravedis pour faire un réal d’argent, en-
forte que la piaftre ou pièce de huit réaux contient
504 maravedis, & la piftole de quatre pièces de huit
.en contient 2016.
Cette petiteffe du maravedi produit de grands
nombres dans les comptes ÖC les calculs des Efpagnols,
de façon qu’un étranger ou un correfpondant fe
croirait du premier coup-d’oeil débiteur de plufieurs
millions pour une marchandifo qui fê trouve à peine
lui coûter quelques louis.
Les loix d’Eipagne font mention de plufieurs efpè-
ces de maravedis, les maravedis àlphonfins , les maravedis
blancs, lés maravedis de bonne monnoie , les
maravedis ombrenos, les maravedis noirs , les vieux
maravedis : quand on trouve maravedis tout courtJ
cela doit sfentendre de ceux dont nous avons parlé
plus haut ; les autres diffèrent en valeur, en finance ,
en ancienneté, &c.
Mariana allure que cette monnoie eft. plus ancienne
que les Maures ; qu’elle étoit d’ufage du temps
des Goths ; qu’elle valoit autrefois le tiers d’un réal,
& par conféquent douze fois plus qu aujourd’hui.
Sous Alphonfe XI , le maravedi valoit dix-fept fois
plus qu’au] oürd’hui ; fous Henri fécond , dix fois ;
fous Henri III , cinq fois ; & fous Jean I I , deux fois
& demie davantage. (A. Ri) **.
MARBACH , ( Jean ) f Hiß. Litt. mod. ) lavant
allemand, miniftre proteftant, auteur d’un livre recherché
dans les temps où les jéfuites étoient puiffans
&haïs. Ce livre qui parut en 1578 , a pour titre, Fides
Jefu & Jefuitarum : hoc eß collatio doRrince Domini
noflri - Jefu Chrißi , cum do&rinâ Jefuitarum : né à
Lindaw en 152 1 , mort à Strasbourg en 1581.
MARBODE, ( Hiß. eccléf ) évêque de Rennes ,
mort en 1123 , moine dans l’abbaye de Saint Aubin
d Angers, là patrie. On a de lui des oeuvres imprimées
en 1708, à la fuite dp celles d’Hildebert,
évêque du Mans.
MARC. Lhiftoire facrée & l’hiftoire eccléfiaftique
offrent divers perfonnages de ce nom.
i*. Saint Marc, le fécond desévangéliftes, difciple
de S. Pierre, écrivit, dit-on , fon évangile fur ce qu’il
avoit appris de la bouche de cet apôtre. On ne fait
s’il, l’écrivit en grec ou en latin, & on difpüte fur
ce point. On montre à Venife quelques cahiers d’un
manuferit que l’on dit être l’original écrit de la main de I
S. Marc ; mais il eft fi gâté par le temps ou autre-
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ment ^ qu’on ne peut en lire une feule lèttre, rtt
difeerner feulement fi c’eft du grec ou du latin ; ainft
ce manuferit femble n’avoir d’autre objet , ÔC n’ a
léell ement d’autre effet que de confirmer l’incertitude
qu’il devroit difliper; D ’ailleurs , comment prouve*
roit-on que c’eft l’original de S. Marc ? ‘ Suivant une
tradition ancienne, S. Marc fonda l’églife d’Aléxandrie
en Egypte. La république de Venife le prend pour
fon patron. On ne fait rien d’ailleurs de la v ie , ni
de la mort de cet évangélifte. On a voulu lui attri*
buer une liturgie ÔC unç vie de Saint Barnabe qui ne
font pas de lui. ■„
2°. Un hérétique nommé Marc, difciple de Va»
lentin, dans le fécond fiècle dé l’églife , étoit particulièrement
fuivi par les femmes. Ce qui diffingue
. fur - tout cet impofteur de tant d’autres , c’eft que
d’autres faifoient des miracles , & qu’il en faifoit faire
aux autres, fur-tout aux femmes, & de manière quelles
en étoient elles - mêmes les dupes, ce qui lui donna
une vogue extraordinaire.
30. Le pape Saint Marc,.fucceffeur de Sylveftre I ;
fut nommé le 18 janvier 336, Ôc mourut le 7 ottobre
fuivant.
Il y a encore un autre Saint Marc , : évêque d’A-
réthufe, fous Conftantin , mort. fous. Jovien ou fous
! Valens, vers l’an 36 5 j Saint Grégoire de Nazianze
; en fait un grand éloge , ÔC l’églife grecque honore, fa
mémoire le 23 mars.
Et un autre Marc , fùrnommé VAfcétique , célèbre
foîitaire du IVe fiècle, dont on a des traités dans la
bibliothèque des pères.
MARC-ANTOINE ( Voyeç ^Antoine ). .
MARC-AURELE, ( A ntonin ) , Hifl. Romi
dont le nom rappelle l’idée d’un prince citoyen ÔC
ami des hommes , étoit d’une famille ancienne &
plus refpe&able encore par une probité héréditaire
que par les dignités. Son ame, en fe développant, ne
parut fujette à aucune des pallions qui amufent l’enfance
ôc tyrannifent la jeuneffe. Etre impaflible , il
ne connut ni l’ivrefTe de la joie, ni l’abattement de
la trifteffe : cette tranquillité d’ame détermina An-
tonin-Ie-Pieux à le choifir pour, fon' fucceffeur. Après
la mort de fon bienfaiteur , il fut élevé à l’empire
par le fuffrage unanime de l’armée, du peuple & du
fénat. Sa modeftie lui infpira de la défiance, ôc ne fe
croyant point capable de foutenir feul le fardeau de
l’empire, il partagea le pouvoir fouverain avec fon
frere Verus, gendre d’Antonin-le-Pieux. Le partage
-de l’autorité qui fomente les haines, ne fit que ref-
ferrer les noeuds de leur amitié fraternelle. Il fem.bloit
qu’ils n’avoient qu’une ame, tant il y avoit de conformité
dans leurs aélions. Une police exaâe , fans
être auftère, réforma les, abus , ôc rétablit la tran-
Z’ uillité. L’état calme au-dedans fut refpeéfé au-dehors.
e fénat rentra dans la jouiffance de fes anciennes prérogatives;
Ma r c-Aurèle aftifta à toutes les affemblécs, moins
pour en régler les décifions que pour s’inftruïre lui-
même des maux de l’empire. Sa maxime éloit de
déférer à la pluralité des fuffrages. H eft infenfé
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difoit-S, de croire que l’avis d’un feul homme foit
plus fage que ^opinion de plufieurs perforées intègres
éclairées. I f avoit encore pour maxime de ne rien
faire avec trop ide lenteur ni de précipitation, persuadé
que les plus légères . imprudences précipite lent
dans de grands écarts. Çe ne fut plus par la baffeffe
des intrigues qu’on.obtint des emplois. ô c des gou-
vernemens. Le mérite fut prévenu ôc récoreipenfé.
Le fort des provinces ne fut confié qu’à ceux qui
pouvoient les rendre heureufes.. Il fe regardoit comme
l’homme de la république , ô c il n’avoit pas l’extravagance
de prétendre que, l’état réfidoit en lui.-,. Je
vous donne cette épée,-dit-il au préfet du prétoire,
pour me défendre tant que je ferai le. miniftre ô c
.f’obfervateur des loix ; mais je vous ordonne de la
tourner contre moi , fi j’oublie que mon devoir eft
de faire naître, la félicité publique. Il fe fit un feru-
pnle de puifer dans le tréfor public, fans y avoir été.
autorifé par le fénat, à qui il expofoit fes motifs, ôc
l’afage qu’il vouloit faire de ce qu’il prenait. Je n’a i,
d fcir-il, aucun droit de propriété en qualité d’empereur.
Rien n’eft à moi, ô c je confeffe q».?e la maifon
..que j’habite eft à vous. Le peuple Ôc le, fénat lui
décernèrent tous les titres que l’adulation avoit prqf-
titués aux autres empereurs ; mais il refùfa les temples
ôc les autels, Philofophe fur le trône , il aima
mieux mériter les éloges que de les recevoir. Dans
fa jeuneffe il prit le manteau de la philofophie, qu’il
conferva dans la grandeur comme lin ornement plus
honorable que la pourpre. Sa frugalité aurait été
pénible à un {impie particulier. Dur à lui - mçme,
autant qu’il étoit indulgent pour les autres, il courhoit
fur la terre ,ô c . n’a voit d’autre couverture que le ciel
ôc. fon manteau. Sa philofophie ne fut point une cu-
riofité fuperbe de découvrir les myftères de la nature,
ôc la marche des affres, il la courba vers la terre
pour diriger fes moeurs. Le fléau,, de la pefte défola
î’empire. Les inondations, les volcans , les tremble-
mens de terre bouleversèrent le. globe. Ces calamités
multipliées firent naître aux Barbares le defir de fe
•répandre dans les provinces. Marc-Aurele fe mit à la
tête de fon armée ô c marcha contré eux , les vainquit
ô c les. força de, s’éloigner des frontières. Après
qu’il eut puni les Quades & les Sarmates , il eut une
guerre plus dangertufe à foutenir contre les Marco-
mans. Il falloit de l’argent .pour fournir à tant de
dépenfes. IL refpe£la> la fortune de fes fujets, & il
fuffit à tout , en faifant vendre les pierreries & les plüs
riches ornemens de l’empire. Le fuccès de. cette guerre
fut long-temps douteux. Les Barbares, après avoir
éprouvé un mélange de profpérités & de revers1,
furent plutôt fubjugués par , les vertus bienfaifantes du
prince philofophe que par fes armes. Marc-Aurele ne
confia point à fes généraux le foin dç cette expédition.
Il commanda toujours en perfonne ,. & donna
par-tout des témoignages de cette intrépidité tranquille
, qui marque le véritable héroïfme : on compara
cette guerre aux anciennes guerres puniques ,
parce que létat fùL expolè aux mêmes dangers, &
gue l’évèfl^nen eu fut le même. Attentif à récomT
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penfer la valeur, il érigea des ftatueâ en l’honn etf
des capitaines de fon armée qui s’étoient le plus distingués.
Son retour à Rome rut marqué par de nouveaux
bienfaits. Chaque citoyen fut gratifié de huit
pièces d’or. Tout ce qui étoit dû au tréfor public,
fut remis aux particuliers. Les obligations des débiteurs
furent brûlées dans la place public.ue.il s’éleva une fédi-
tion , qui troubla la férénité de ces beaux jours. Cafîius
qui fut proclamé empereur par les rebelles frit maffacré
par eux. Tousfes partifans obtinrent leur pardon , & s’en
rendirent dignes par leur repentir. Les papiers de ce
chef rebelle furent tous brûlés par l’ordre de Marc-
Aurele qui craignit de connpître des coupables qu’il
aurait été dans la néceffité de punir. Des profrffeurs
dé philofophie ÔC d’éloquence furent établis à Athènes ,
& ils furent magnifiquement payés. Fatigué du poids
de l’empire , il s’affocia fon fus Commode, dont fon
amitié paternelle lui déguifoit lés penchans vicieux,
& ce choix aveugle fut la feule faute de gouvernement
qu’on eut à lui reprocher. Il fe retira à Lavi-
nium pour y goûter les douceurs de la vie privée,
dans le fein dé la philofophie qu’il appelloit fa mère ,
comme il nommoit la coùr (a marâtre : ce fut dan$
cette. retraite qu’il s’écria : Heureux le peuple dont
les rois font philofophes ! Importuné des honneurs
divins qu’on vouloit lui rendre , il avoit coutume de
dire, la vertu feule égale les hommes aux dieux; uni
prince équitable a l’univers pour temple; les gens
vertueux en font les prêtres & les facrificateurs. Il
fut arraché de fon loifir philofophique , par ia nouvelle
que des Barbares avoient fait une irruption fun
les terres de l’empire. Il fe mit à là tête de fon armée
; mais il fut arrêté dans fa marche par une maladie
qui le mit au tombeau, l’an 180; il étoit âgé
de foixante & un ans, dont il en avoit régné dix-»
neuf. Ses ouvrages de morale diètes par le ■ coeur r
font écrits avec cette fimpiieité noble qui fait le ca«£
raâère du génie; ( T-N. )
MARC-PAUL ( Voyei Paul ).
M A R C A , ( Pierre de ) ( Hifl. Lht. mod. ) d’untf
famille ancienne du. Béarn, originaire d’Efpagne , prélat
fpirituel-, favant auteur de plufieurs bons ouvrages p
mais trop indifférent au bien & au mal, à l’erreur
& à la vérité, toujours prêt à facrifier fes opinions
ÔC fes principes à fon ambition ÔC à fon intérêt ; il
né fit rien dont il n’cbtînt ou ne recherchât le prix*
Il avoit travaillé avec fuccès au rétabliffement de \st
religion catholique , dans le Béarn ; il eut pour récomr
penfe une charge de préfident au parlement de Pau ,
en 1621 , ÔC celle de confeiller d’etat en 1639. Etant
magiftrat, il crut que fon fameux traité de concordiâ
Sacerd&tii & Irnperii , où il défèndoit les libertés dei
Péglife gallicanne, pourrait être pour lui un moyeir
de parvenir aux premières dignités de la magiftra-
ture ; mais étant devenu veuf, il entra dans les ordres
pour faire plus sûrement ÔC plus rapidement
fortune. Il fut nommé à l’évêché de Conférant ; mais
les démarches que l’ambition fait faire , ne tournent
pas à i’ayamage des ainbitieux -t le pape %
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