
femmelette qui ofe attaquer le divin Théophrafte , ri
te plaint avec toute l’amertume du doûeur Pancrace ,
dans U mariage forcé, que tout eft renverfé, que le
monde eft tombé dans une licence épouvantable, &
qu’enfin il ne refte plus aux auteurs célèbres qu’à s’aller
pendre, puifqu’ils font expofés à de pareils affronts.
Csu v e r à nefciam, advenus Theophrafliim hominem in
eloquentiâ tantum, ut nomen divinumindè^ invenerit,
fcripfffe ctiam ftminam , & proverhium indc natum
S V S P E N D JO A R B O R EM ElIGENDI. Hift. natur, lib, I,
( Sur Léonûum > voye^ l’article E p iç u r e . )
LEOPOLD d’Autriche, fuccefleur de Ferdinand
I I I , ( Hiftoire d’ Allemagne, de Hongrie & de Bohême.)
XXXe roi de Hongrie, XXXVII: roi de Bohême,
naquit l’an *640,1e 9 juin, de Ferdinand IU> & de
Marie-Anne d’Elpagne, impératrice.
La jeuneffe te Léopold yc\x\i n’avoit point encore
dix-fèpt ans à la mort de Ferdinand III, fit croire a
l'Europe que le Iceptre impérial alloit fortir de la
maifon d’Autriche. La France le défiroit, & çe fut
en partie par les intrigues de cette cour, que les électeurs
confirmèrent plus de quinze mois, avant que de
fe décider en faveur de Léopold. Louis XIV setoit
rnêm^ mis au nombre des prétendans ; mais ceux qui
balancèrent le plus long-temps les fùfïrages, furent le
duc Palatin de Neubourg , rélefteur de Bavière, &
l’archiduc Lécpold-GuiUaume, évêque de PafTau, &
oncle paternel de Léopold. Louis XIV exclu du trône
de l’Empire, s’en çonfola, en faifant inférer dans la
capitulation, plufieurs conditions affez dures* Le nouvel
empereur fut obligé de figner que jamais il ne don-*
peroit de fecours à rEfpagne, contre la France, ni
comme empereur, ni comme archiduc, Ce fut encore,
pour contenir Léopold, que le roi très-chrétien entra
dans l’alliance du R.hin , conclue entre la Suède 6c les
éleàeurs eccléfiafliques , ÔC plufieurs princes de Tepv
p re, de la faftion contraire à l’empereur, contre la
Pologne 6ç le Dannemarck, Cette alliance donna une
t ès-grande influence à Louis XIV, dans les affaires
ue l’Empire, 8c fon autorité l’emporta fouventfur celle
de Léopold, Les deux premières années de ce règnç
furent confaçrées à la politique, 6c a examiner les mouve-,
mens ôç les prétentions- des princes, ennemis ou jalou*
de la maifon d’Autriche ; mais la troifième fut trou,
blée par la guerre des Turcs qui portoient la défo,
laùori dans toute la Hongrie. L empereur rempli d in-?
quiétude, demanda fin fecours aux elefteurs qui lui
accordèrent vingt mille hommes, que le fameux Mon,^
tiçuçulli devoit commander, Léopold, par cette de-
marche , croyoit fe rendre ag eable aux Hongrois
il vit aveç étonnement que çette arme^ fut traitçe en
ennemie par ceux même quelle all°h feçourir, Les
Hongrois avoient obtenu des prédéçeffeurs de Lèqpoldy
4q n| point entretenir d’Allemands d^US leu.Ç pays i
\)% çrurent çette loi violéç , 6c levèrent l’étendard dç
la révolte. Ces déformes facilitèrent les progrès des
arijiles ottomanes qui prirent la forterefle de Neuhau-
Ùr\, & remportèrent une yié^oire près de Barcan. Les
Hongrois étoient les relies d’une nation nomfyreufs,
échappés gu " fer des TtU’çs, |ï§ labouroient l’çpée a la
main , des campagnes arrofées du fàng <fç4eurs pères,*
Le roi devoit uier des plus grands mé.iagemens pour
les lècourir : ils étoient les viélimes de l’inquiétude
des grands vaffaux, qui croyoient voir dans les mains
du fouverain, des chaînes toujours prêtas à s’appéfamir
fur eux. Les Turcs , après la prife de Neuhaufen „
continuèrent leurs dévaluations, ÔC leurs fuccès forent
affez confidérables, pour que tous Ls princes chrétiens
fe çrufïent inter elles "à fournir des iecoms à Léopold.
Lou s X IV mêm , qui n’avoit ceffé de traverler fon
règne, lui envoya fix mille hommes d’élite, commandés
par le comte de Coligny 6c le marquis de la Fquiliade.
MpntécucuUi déjà célèbre par plufieurs victoires, fut
chargé du commandement général. Il battit les Turcs
à 5. Godart, près du Raab. Cette journée eft très-fa-
rpeufe dans les annales de l’Empire ; ma>s il eft à croire
que les hiftoriens en ont beaucoup groffi les avantages.
Le miniftère de Vienne fit la paix à: des conditions qui
décèlent la conviéfion où il étoit de fon infériorité,
Il confentit à une trêve honteule qui donnoit au fultan
la Tranfilvanie avec le territoire de. Fleuhaufen. L’empereur
çonfentit encore à raEr toutes les fortereffes
voifines. Le Tntc difpofa de la Tranfilvanie , qui
depuis long-temps étoit une pomme de dlfcorde entre
le roi de Hongrie & les Ottomans. Amalfi qui en étoit
prince, fot obligé de continuer le tribut dont il avoit
cru que la protection de Léopold l’auroit affranchi,
L’Allemagne 6ç, la Hongrie défapprouvèrent ce traité
déshonorant ; mais ‘l’empereur étoit déterminé pâtées
vues particulières. Son autorité étoit prefque en- *
fièrement méconnue en Hongrie, 6c i l étoit de la
dernière importance de réprimer l’audace effrénée des
feigneurs, Iis avoient formé le1 projet de feqouer le
joug de la maifon d’Autriche, 6c de Le donner un.roi
de leur nation : ils. dévoient enfifite fe mettre fous la
proteâion de la Porte. Ils drefsérent le plan u’une dou-^
ble çonfpiration, l’un pour fçcouer le joug , l’autre
pour aflafiiner Léopold. Cet afireux complot ayant- été
découvert, coûta la vie à Les principaux auteurs. Na*
dafti, Serin, Tattembak 6c Fraogipani, reçurent fur.
l’échafaud le jufie châtiment de Iqur crime, PlufteurS
écrivains ont cependant prétendu que cette confpira-?
tion çtoit imaginaire, Ç»L que Léopold s’en étoit leryi
comme d’un prétexte , pour opprimer les proteftans ,
6c introduire le gouvernement arbitraire , pour çon-s
fifçnier en faveur des miniftres impériaux, les biens
des. principaux feigneurs. S’il efi ainfi, il faut placer.
Léopold dans la el^fe des Néron ôc des autres monftres
couionnés, Les biens des conjurés forent confifqués,
6c l’on s’àffurade tous ceux qui avoient eu quelque?
lialfon avec eux, Le palat'n de Hongrie , trop puiiTaiît,
fut fopprimé » & l’on établit un viçeroi.. Cette barbarie
OU çette févérité fi'- pafler le défefpoir dans le coeur
des feigneurs Hongrois ? ils fe donnent à Emeriçk
Tekeli, qui s’offre <fçtre leur- chef. Tekeli, pour affurey
fes vengeances 6c fa révolte, fe met fous'laproteûion
des Qttomans, 6c tout eft bientôt èn combufhondatis
la haute Hongrie. La cour df Vienne crut alors devoif
ufer de auelque ménagement; elle rétablit la cliarge de
palatin, confirma fousk$ privilèges fie ]a nation, ç l
promît la reftltutîon des biens confifqués. Cette condef-
cendance qui venoit après des aétes de féverité qui
fembloient préfàger l’efclavage, né féduiftt aucun des
rebelles. Tekeli s etoit déjà montré trop redoutable pour
fe flatter de pouvoir vivre en sûreté , tant qu’il feroit
fujet de Léopold. La Porte qui le prend fous fa protection
, le déclare prince fouverain d’Hongrie,
moyennant un tribut de quarante mille féquins. Alors
Mahomet IV prépare le plus formidable armement que
jamais l’empire Turc ait deftiné contre les chrétiens ;
fon bacha de Bude commence les hoftilités par la
prife de Tokai 8c d’Eperies. L’empereur étoit dans des
circonftances embarraflantes ; il venoit de foutenir une
guerre ruineufe contre la France ; 6c les feux de cette
guerre n’étoientpas encore entièrement éteints. Le grand
vifir Kara-Muftapha, traverfe la Hongrie, avec une
armée de deux cents cinquante mille hommes d’infanterie
6c de trente mille fpahis. Son artillerie 6c
6c fon bagage répondoient à cette multitude. Il chaffe
devant lui îe duc de Lorraine qui veut lui difputer
le térrein, 8c vient mettre le fiège devant Vienne. Dans
les longs démêlés des empereurs Ottomans 8c des empereurs
d’Allemagne, jamais les Turcs n’avoient eu
des fuccès fi rapides, lb avoient bien marqué le deffein
de venir à Vienne ; mais jamais cette ville ne les avoit
vus au pied de fes murailles. L’empereur abandonne
cette capitale, 6cfe retire d’abord à Lintz, enfoite à
PafTau avec toute fa cour. La moitié des habitans le fuit
dans le plus grand défordre ( 1 6 juillet 1683.) On
commença à brûler les fauxbourgs, dans Timpofïibilité
de les conferver. La ville fèmbloit ne pouvoir foutenir
un aïïaut fans un miracle. Le comte de Staremberg,
qui en étoit gouverneur, n’avoit que huit mille hommes
de bonnes troupes. Leduc de Lorrain-“ avoit inutilement
tenté de conferver une communication de fon
armée qui étoit d’environ vingt mille hommes, avec
la ville ; mais c’ étoit beaucoup d’avoir affiné la retraite
de l’empereur. Forcé d’abandonner la partie
contré Kara-Muftapha, il alla défendre la Moravie
contre Tekeli qui menaçoit cette province. Léopold
preffoit de tout fon pouvoir les fecours de Bavière, de
Saxe ôc des autres cercles 2 mais fà principale efpérance
étoit dans Jean Sobieski, roi de Pologne , prince qui
devoit la couronne à fès viéloires , 6c qui s’étoit distingue
contre les Turcs par plus d’un exploit mémorable.
Ces fecours arrivèrent au moment que la ville
étoit à la dernière extrémité. Les troupes de Saxe &
de Bavière, toutes les auxiliaires 6c les nationales,
parurent au haut de la montagne de Calember, d’ôii
elles donnent des fignaux aux afliégés. Tout leur man-
^quoit f excepté le courage. Elles dépendirent & fe
rangèrent en bataille au bas de la montagne , en for*
mant une éfpèee d’amphithéâtre : le tout montoit à
foixaiite-quatre mille hommes. Le roi de Pologne ,
à !a têce d’un corps d’environ feize mille, oceupoit la
droite. Le prince Alexandre, fon fils, étoit auprès de
lui. QueUe magnanimité dans ce Jean Sobieski qui,
pour une caufe étrangère, s’expofoit à un péril que
Léopold, lorfqu’iî s’agiflbit de fa couronne, n’avoit
pig contempler \ Jamais on ne vit tant & de plus grands
fiijbim. Tm‘ f it . '
princes que dans cette journée. Jean-Gcorg"*, éleéleur
de Saxe, commandoit lui-même les troupes de fon
cercle. Le prince de Saxe-Lawembourg, de l’ancienne
6c malheuréufe maifon d’Àfcahie , Conduifoit la cavalerie
impériale; le prince Herman de Bade, l'infanterie.
Le prince Waldeck étoit à la tête des troupes de Fran-
conie. On comptôit jufqu’à dix-huit princes parmi le*
volontaires. Marie Emmanuel, éle&eur de Bavière %
qui fut depuis mis au ban de l’empire, étoit de ce
nombre. Il pouvoit commander en chef, mais il ama
mieux exécuter les ordres du duc de Lorraine. Ce fot
le lafeptembre que fe .donna cette fameufè bataille,
fi cependant, comme lé remarque M. de Voltaire,
! c'en fot une. Kara-Muftapha laifla vingt mille hommes
dans les tranchées, 8c fit livrer un afiaut, dans le même
1 temps qu’il marchoit contre l’armée chrétienne. La
fùperiorité du nombre lui permettoit de foire cette manoeuvre.
La prife de la ville étoit certaine, fi l’attaque
eut été conduite par d’habiles généraux. Les afliégés
manquoient de poudre, leurs canons étoient démontés ,
6c le corps de la place avoit une brèche large de plus
de fix toifes. Sobieski, après avoir harangué les troupes,
commence l’attaque, fécondé du duc de Lorraine. Le
premier choc fot fi impétueux, que les Ottomans prirent
la foite, fans même -efiayer de réfifter. Jamais on
ne verfa moins de fong entre des troupes aufti nom-
brèulés, 6c jamais viooire ne fot plus déc fi-e. Les
Turcs perdirent à peine mille hommes, 6c les chrétiens
deux cens. Sobieski prit l’étendard de Mahomet, 8c
entra le premier dans le camp ennemi. Il y fit un
butin fummenfe , qu’en le contemplant, il dit que le
grand-vifir Tavoit fait fon héritier. Dans une. lettre^ la
reine fon épaulé, il s’exprime ainfi : a Veus ne dire? pas;
■n de moi ce que les femmes tartares difent à leurs maris,
n quand ils reviennent chez eux les mains vuides „
» vous n’êtes pas un homme, puifque vous revenez
» fons butin ». La Hongrie autrichienne reeonquife,
Gran ou Strigonie, Bude , furent le fruit de cette
victoire. Cependant, ce n’étoit pas affez d’avoir conquis
la Hongrie, il falloit encore la founuttre. Léo-
pold y entra, non en vainqueur , mais en ]uge inexorable
, environné de làtellites 6e de bourreaux, Un
échafaud eft dreffé dans la place pub’ique d'Eperies,
où, pendant neuf mois, on verfa le fang des Ligueurs
, Hongrois qui avoient trempé dans la révolté. Ni ThiC
toire ancienne, ni Thiftoire moderne, n’offrent aucun
maffaere aufii long, auffi effrayant. Il y a eu dçs fé-
1 vérités égales, dit un moderne, mais aucune n’a duré
1 fl long-temps. L'humanité ne f émit pas du nombre
d’hommes qui pérlffent dans tant de batailles, ils tem-
1. bent les: armes à la' main, ils meurent vengés : mais
: voir pendant neuf Jçpp fes compatriotes traînés juri-
dir|uement à une boucherie toujours ouverte ; ce fpeç-
tacle rêvoltoit la nature ; & cette atrocité infpiver^
la plus grande horreur à tous les fiècles.
1 T andis que Léopold/ fe llvroit à ces cruelles exq-
jcutions , fes: généraux remportoiént de nouvelles vie-,
toires, Si lui fôumettoient l’Efclayonle. 11 tint une
affemblée des états en Hongrie, & propefa d’unir à
çe royaume toutes .fes conquête^ fqr les Turcs ^ 4$