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Souvint du traité de concordia Sacerdotiî & Impern, ÔC
en conféquence il refufa k)ng-temps'des bulles à l’au-
‘ leur : alors, celui-ci, dans un autre ouvrage, expliqua
de la manière la plus rapprochée des prétentions
ultramontaines , ce qu’il avoit dit de plus fort en
faveur des libertés de l'églife Gallicane, ôc tâcha en*
«ftet d’accorder le fecerdoce avec l’empire. On prétend
même que, pour mériter la pourpre, il diéfa,.
quelques mois avant la mort, au fameux Baluze, fon
fecrétaire , fbn ami, & l’héritier de fes manufcrit$,
«n traité de linfdillîbité du pape. Juftifiant ainfi ce que
dit l’abbé de Longuerue, « quand Marca dit mal ,
p c’eft qu’il eft payé pour ne pas bien dire , ou qu’il
» efpère dè l’être' »,
Une commilîion dont il fut chargé en Catalogne,
fut habilement remplie & réuffit bien; ri fe fit aimer
dans cette province, & y étant tombé malade , on
y fît des voeux publics pour là fente. Sa récompenfo
fut l’archeveché de Touloufe, qui! eut en 165.2 ; il
Tut fait miniûre d’état en 165 S. Le janfénifme lui
'fournit des occalions de rendre des Services , peut-
€tre médiocrement utiles , mais qu’on troitvoit alors
agréables. Il fit en 1657 , une relation de ce qui s'étoit
Paffe depuis 1653. dans les afiemblées des évêques, au
fujet des cinq proportions. Nicole la réfuta fous le
titre de Bel'ga percontator ; car elle étoit peu favorable
au janfénifme, & en général, RL de Mirca+
que fon traité de concordia Saçerdoîii & Jmperii, an-,
nonçoit comme un homme fait pour plaire aux janfe-
inifles , fit tout ce qu’ri puf pour leur déplaire , afin
«te s’avancer dans I egîife. Ce fut lui qui drefTa le premier^
le projet d’un formulaire ou l’on condamneroit
es cinq propolitions de Janfenius , dans le fens de
l ’auteur. Sa récompenfe fut encore l’archevêché de
Paris , en 1662 ; mais il mourut le jour même où
fes bulles arrivèrent Ses principaux ouvrages, indépendamment
de ceux dont nous avons parlé, font le
Marca Hifpanica , dont Baluze a donné une bonne
édition , comme il a donné la meilleure que rïous
ayons, du traité de concordia Sacerdotïi & Imperii. Il
a donné suffi divers ©pufcules pofthumes de M. de
Marca, L’abbé de Faget, coufin-germain de ce prélat,
a aufii donné quelques traités théologiques de M. de
Marca, & , en les publiant , il a donne la vie de fon
parent. Cette vie a été le fùjet d’une difpute fort vive
«ntre I’àbbé de Faget & Baluze , qui s’écarta un peu
dans cette occafion , de fe modération ordinaire.
T F S p l’article Bæluze ). On a encore de M. de
Marca un ouvrage important, fevant & curieux,
ihijhire du B èàrn , ôc une bonne differtation latine
iur la primatie de Lyon , qu’il auroit bien voulu avoir.
MARCEL, ( Hifî. eccléf. ) c’eft le nom de deux
papes, dont le premier eft au nombre des feints. Il
fuccéda en 308 au pape Marcellin, & fubit le mar-
fîre en 310 ? félon l’opinion la plus commune. D’anciens
martyrologes lui donnent feulement le titre de
confeffeur.
MARCEL II fuccéda au pape Jules I I I , le 9
avril 155 5,& mourut vingt St un joursaprèsfonàleélion.
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Saint-Marcel ou Saint Marceau1,, éVêquà-jdè
mourut au. commencement du- dnquièn.e-^ sae.. ,
Il y a encore d’autres feints y ôc même plufieurs
martyrs de ce nom; mais? ils font moins connus.
C’eft une grande queftiom entre les feints- pères &
les théologiens-, fi les écrits dé Marcel r évêque d’An-
eÿre, au quatrième fièele, font orthodoxes ou non ;
mais ceci ne concerne que la théologie,. ôc ne nous
regarde pas.
M ARC EL, ( Hiß. de France ) £ Etienne ) prévôt
des marchands pendant la captivité du roi Jean , ôt
la régence du dauphin- Charles, étoit à la tête du
tiers-état , dans l’afTenablée de 1356 ; & fi le pouple
s’écarta dans cette aflemblée , cfe l’obéiffance qu’il
devoit à l’autorité du dauphin , 6c du refpeél qu’il
devoit au malheur du roi, c’étoit l’ouvrage de Marcel„
Le roi de Navarre Oiarles-le-mauvais , qui- avoit
démêlé fon. caractère , également audacieux 6c perfide,
l’avoit attaché à fes intérêts ôc rempli de fon esprit
, il l’avoit formé à l’infolence, à la révolte., à
ïaffailinat. Marcel avoit trempé dans la eonfpiration
! de Charles-le-mauvais, contre le roi Ôc contre le dau-
■ phin ; il avoit fait alors plufieurs voyages fecrets à
. Evr-:ux, apanage de CHarles-ie-mauvais ; il y étoit
; refté qu elques temps caché 6c dégui‘Iq.Marcel fe chargea
: du rôle de détenteur du peuple , pour le feduire 6c
le foulever. Les états ayant reruf'é tout fecours au
dauphin pour la délivrance de fon père, le dauphin
crut que la néceftité le mettoit au-deflus des loix ; il
crut pouvoir , malgré les fèrmens de fon père 6c les
fiens, recourir à une refonte des monnoies; il chargea,
le comte d’Anjou ( 1 ) , fon frère, d’en publier l’ordonnance
, tandis qu’il allpit à Metz conférer avec
l’empereur Charles IV , fon oncle, fer les moyens-
de tirer de l’AUemaene ,. les fecours que la Fi ance
lui refiifoit. Marcel oc fes partiras ternirent que le
dauphin cherchoit à fe paffer des états ;. ils fe hâtèrent
de détourner ce coup, Marcel vient au louvre, 6t
demande , au nom du peuple, la révocation de l’ordonnance
; il n’eft point écouté ; il y retourne le lendemain
, il eft encore renvoyé fans réponfe ; il y retourne
de nouveau ÔC fi bien accompagné , que
le comte d’Anjou crut devoir fefpendre l’execution de
l’ordonnance jufqu’au retour de ion frère. Le dauphin
arrive , il veut négocier ; Marcel rejette tout accommodement,
fait fermer les. boutiques , cefferles travaux
, armer la bourgeoifie. Le dauphin eft obligé-
non-feulement de fupprimer l’ordonnance des monnoies
, mais encore de confentir à la defiitution de
fes officiers ÔC de fesminiftres , demandée précédemment
par les états, de convoquer de nouveau ces mêmes états,
qui, devenus plus in foie ns par. le fqccès,.ne mirent
plus de bornes à leurs prétentions, dépouillèrent le
dauphin de toute autorité , créèrent un. confeil auquel
ils confièrent le gouvernement des affaires & l’admi-
niftration des finances.
Le dauphin manda au louvre Marcel ÔC les chefs
des faéfieux ;. il leur dit qu’il prétendoit gouverner
( 1 ) Anjou n’étoit point encore érigé- en Duché.
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fens tuteurs , & qu’il leur défendo t de fe mêler davantage
des affaires du royaume :: ils feignirent dé fe
foumettre ; mais ils mirent en liberté, le roi de Navarre
, qui étoit prifonnier depuis quelques années.
.Alors* les-malheurs du royaume furent au comble,
le mal fut au-deffus de tous les remèdes. Le dauphin
n’eut plus ni autorité, ni liberté , ni voix dans les
• états. C ’étoient Marcel 6c fes complices qui fe char-
geoient de. répondre pour lui ; s’il ouvroit/la bouche
pour propofer une difficulté , on la lui fermoit, en
cifent : il convient que cela foi t ainfi.
Un complice de Marcel affaffine un tréforier du
dauphin, 6c fe réfugie dans l’églife de S, Mécène.
Le dauphin l’en fait arracher, 6c le fa.t juger ; le
prévôt i’envoye au gibet. L’affaffin étoit clerc, c’tft-à
dire tonfuré, tout le monde l’étoit alors. L’évêque
de Paris s’écrie qu’on a violé à la fois le droit cl’a-
f\ io ôc les immunités eccléfiaftiques ; il fallut détacher
du gibet le corps du criminel, 6c le rapporter a
Saint Médéric où l’on affeéla de lui faire des funérailles
folemnelles. Marcel affemble une troupe d’af-
fefiins cjue Charles-le-mauvais ivoit mis en liberté;
i l marche à leur tête droit au palais ; il rencontre fur
fa route Regnaut d’A c y , avocat du roi , magiftrat
fidèle ; il le montre à fe troupe ; Regnaut d’Acy eft
égorgé. Marcel entre avec fes fetellites dans la chambre
du dauphin. Sire, lui dit-il, ne vous efbahijj'eç de
chofe que vous voyeç , car il ejl ordonné & convient
. qu'il fait ainfi. Allons, dit-il à fes gens, faites en
bref ce pourquoi vous êtes venus ici. Aufti-tôt, Jean
de ContL ns , maréchal de Champagne & Robert
de Clermont, maréchal de Normandie, amis 6L con-
feillers du dauphin, font maffacrés, le premier en
fa préfencè , l’autre dans un cabinet voifin où il
s’étoit far-, é : on traîna feus fes yeux leurs cadavres
qu’on accabloit d’outrages; on les Jaffa expofës fur
la table de inarbre. Tous les officiers du dauphin
prennent la fuite, il refte feul expofé à la furie des
affaffins. On dit que , faifi d’effroi, il s’abaiffa jufqu’à
demander la vie. « Monfeigneur, lui dit l’infolentAfarce/,
» ne craignez rien, voici le gage de votre felüt ».
En même-temps il lui met fur la tête le chaperon
•mi-parti de rouge 6c dun bleu verdâtre, qu’on ap-
pelloit pers , marque du parti navarrois, 6c le fou-
verain eft protégé par ce fignal de la révolte. De là
Marcel fe rend à l’hôtel-de-ville, paroît à une fenêtre ,
harangue le peuple : Je vous ai vengé, dit - il , il
faut me féconder. On l’applaudit, on le fuît,. il retourne
au palais , ou plutôt on l’y porte en triomphe ;
il trouve le dauphin, les yeux fixés fur les cadavres
fanglans de fes amis : « Prince , lui dit il, tout s’eft
m fait par de bonnes raifons , il faut tout approuver ,
» votre peuple vous en prie ». J’approuve tout, j’accorde
tout, dit le dauphin, fuis-je en état de rien réfuter
? Marcel lui envoya le foir des chaperons pour
lui 6c pour tes officiers.
Le dauphin fit portei les corps des deux maréchaux
à Sainte-Catherine du Val. Les religieux voulurent
avoir un ordre par écrit de Marcel, pour leur donner
fe fepulture. Àlûrcel «ftlétary: quelque dérérençç pour
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le dauphin , dit qu’il falloit prendre tes ordres. Qjand
on en parla au dauphin, qu’on les enterre fans folem~
vite, dit ce prince en foupirant.
Le dauphin échappe à les tyrans , 6c fe retire 3
Compiègne , où ce qui reftoit de nobleffe fidèle , vient
fe ranger auprès de lui ; il convoque les états-généraux
à Compièene. Marcel commence à fentir qu’il
a mal connu ce prince; il s’alarme , il négocie , 6c
jufques dans tes menaces, on voit fe crainte. 11 appelle
à fon fecours le roi de Navarre, 6c le roi de
Navarre appelle les Anglois. O11 voyoit avec liorreur
ces Anglois auxiliaires qu’il traînoit à fa fuite , s’ériger
en défendeurs de Paris, contre le dauphin qui
b’oquoit cette ville. Les François s’offenfent ôc s’humilient
d’être ainfi protégés par une nation ennemie ;
les vues du Navarrois leur deviennent enfin fufpeétcs ;
tes crimes fatiguent 6c révoltent, il eft chaffé ; les
Anglois, qüoiqu’appuyés par Marcel, font infuités par
le peuple; . . '
Paris alors fut bloqué par deux armées ennemies l’ugè
de l’autre ; celle du dauphin ,- du côté du levant 6c du
midi ; celle du roi dè Navarre ÔC des Anglois , du côté
du couchant Ôc du nord. Les Parifiens entreprennent de
réfifter feuis ôc au dauphin , ôc au roi de Navarre,
& aux Anglois, Ôc à Marcel lui - même, qui traite
à-la-fois avec tous ces ennemis. Ce rebelle font le
pouvo;r s’échapper de fa main ; il perd fon infbJence
avec fon afeendant, fon génie l’abandonne, il ne fe
fie plus au peuple qui ne te fie plus à lui, 6c il fe
fie âu roi de Navarre, qu’il conjure baftement de le
dérober au fupplice ! Le roi de Navarre profita de
cette crainte pour tromper fon complice : « Si le
» dauphin prend Paris, lui d it-il, tous vos tréfors
» feront pillés, metcez-les à l’abri de Forage , je vous
» les garderai à Saint-Denys, Ôc ce fera pour vous
» .une reffouree affinée dans le malheur ». Le prège
n’étoit pas adroit, Marcel cependant y tomba. Marcel
. n’étoit plus> lui-même , la vertu du dauphin Fépou-
vanteit; il défefoéroit d’une clémence dont il fe fentort
indigne ; c’éft à force de forfaits qu’il prétend affiner
fe grâce. Il va faire plus qu’on ne lui demande, il
va livrer Paris au roi de Navarre & aux Anglois ;
ce fut dans ce moment, que Maillard frappa ce rebelle,
la nuit du 31: juillet au premier août 1338.
( Voye^. l’article Maillard ) ( Jean
Quelques perfonnages du nom .de Marcel, fe font
fait un nem dans les lettres*
i°. Chrifljphe, Vénitien , archevêque de Corfou,'
Il fut pris au fac de Rome , en 1517 , par les Allemands
du duc de Bourbon 6c du Prince d’Orange ,
6c n’ayant pas de quoi payer fa rançon,les foldats
le. lièrent à un arbre en pleine campagne , expofé à
toutes les injures de l’-air , & là ils prenaient plaifir
à lui arracher un ong)e chaque jour. Il mourut dans
ces. tournions.. On a de .lui un traité de anima, 6c
une-édition des Rit us Ecclefiafilcii.
2°. Guillaume , ami de Segrais & de Brébeuf,
auteur do harangues & de. d.vers écrits ôc opufeules
en profe ôc en vers. Mort en. 1702, âgé de 90 ans.
Ce fot lui aqquel il fût défendu par le reéleur, de
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