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filles de l'Enfance furent difperfées , & les Jéfuites
acquirent leur maifon, cîi ils mirent leur féminaire.
A entendre les Jéfuites , 1a fondatrice & fes filles étoient
coupables d’avoir donné un afyle à des hommes d’une
mauvaife doélrine, c’eft-à-dire , à des janféniftes : eh I
malheureux ! vous les perfécutiez , vous les empri-
fonniez , il falloit bien que des perfonnes plus charitables,
peut-être par efprit départi, ma;s enfin plus
charitables , leur donnaient un afyle. « Elles avoient
» publié des libelles contre la conduite du roi ôc de
» ion confei! ! » c’eft-à-dire , qu’elles avoient déploré
l’abus des lettres-de-cachet', foliicitées par les Jéfuites
contre des gens , dont le grand crime'étoit d’accorder
peut- être un peu plus à la grâce qu'au lïbre-arbitre.
Le parlement de Tculoufe ne fut point favorable aux
Jéfuites dans cette affaire. L ’ex-jéfuite Reboulet ayant
publié en 173a , une hiftoire des filles de la congrégation
de l’Enfance, où cet inftitut étoit très-maltraité ,
un parent de Mme. de Mondonviïle attaqua cette hiftoire
comme calcmnieufe , ÔC la réfuta par un mémoire ,
dont la première partie efl intitulée : VInnocence
juflifiée ou l’hißoire véritable des filles de VEnfance ;
la fécondé, le Menfonge confondu ou la preuve de la
faujfeté de fHifioire calornnieufe de filles de ïEnfance.
.Le parlement de Touloufe condamna au feu lniftoire
de Reboulet ; il répondit, le même parlement condamna
au feu fa réponfe;
On fait que Mondonviïle eft le nom d’un muficien
cé.èbre ( Jean-Jofeph Caffanea de Mondonviïle. ) ( Il
appartient à IJ Hiftoire des Arts. )
M O N G Â U L T , ( Nicolas-Hubert de ) ( Hi fi. Litt,
mod.') de l’Académie Françoife 5c d 2 l’Académie des
BeUes-Lettres , étoit fils, naturel de M. Colbert de Saint-
Pouanges, & refia quelque temps auprès de M. Colbert,
archevêque de Touloufe. Il fut aufîi quelque temps
Oratorien. On le reçut à 1 Académie des Belles-Lettres
en 1708. Enfin il devint précepteur de M. le duc de
Chartres, fils de M. le Régent. C e fut là fon malheur :
l’ambition s’empara de lui ; il eut toujours devant les
yeu x l’étonnante fortune du cardinal Dubo s ;. & fe
iëntant fort fùpérieur en mérite à ce burlèfque mi-
niftre, il fît ce fophiflique raifônnement, que l’amour-
propre fait toujours faire 1 Je vaux mieux, f i dois
donc mieux réujfir.,
. Cethommedites- vous, étoit planteur de choux,
Et le. voilà devenu pape ::
Ne le valons-nous pas ?— Vous valez cent fois mieux .
Mais que vous fert votre mérite 1'
La fortune a-t-elle des yeux è
Il ne manqua rien à l’A b bé Mongault_ du côté de
la fortune; Il eut plufieurs bonnes abbayes le prince
fon élè v e , lui donna de plus les places de feevéta re
général de l’infanterie françoife, de feerétâire de la
province de Dauphiné ± de feerétâire des commande-
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mens du cabinet ; mais toutes ces grâces le laiffoient
dans un état fubalterne, 5c le cardinal Dubois s’éroit
élevé à la fuprême puiffance. Cette idée rendit l’Abbé
Mongault malheureux , elle le jet ta dans la mélancolie,
ôc lui donna des vapeurs i oîre s, maladie d’ autant
plus ajfreufi , difoit-il , quelle fait voir les c/iofes
comme elles font. Mais les vapeurs d’ambition ne font
pas voir les objets d’ambition tels qu’ils font ; on feroit
trop te t guéri. L ’Abbé Mongault étoit en effet un
homme d’un mérite diftingué. Sa traduélion des Lettres
de Cicéron à Atticus, eil dun littérateur excellent,
6c fes remarques font d’un homme d’état. M. lé pré-
fident Hénaut oppofè cette traduélion à la décifion
groffièrement orgueilleufe de Luther : » Perfônne ne
» peut entendre les épitres de Cicéron, c’eft moi
» qui le dis ôc qui le décide, à moins qu’il n’ait eu
» part au gouvernement de quelque république durant
» vingfi ans. «
La traduélion d’Hérodien, par le même A b b é
Mongault, efl encore une fidelle copie d’un très-bon
original. Il y a aufîi quelques differtations, mais en
petit nombre , de l’Abbé Mongault, dans, le recueil
de l’Académie des Infcriptions ôc Belles-Lettres. Il
avoit été reçu à l’Académie Françoife en 17 18 . Il
mourut en 1746. fl étoit né en 1674.
M ON G IN , ( Edme ) .{ Hifl.Lht.mod. ) évêque
de Bazas en 1724 , avoit été précepteur de M. Le duc
de Bourho'n, père de M. le prince de Condé ôc de
M. le comte de Charolois, fon oncle ôc fon tuteur.
Il avoit été reçu à l’Académie Françoife en 1708. Ses
oeuvres forent imprimées en 1745 : elles contiennent
des fermons ÔC d’autres difconrs chrétiens, ôc l’Abbé
Mongin avoit eu , avant d’être évêque ôc académicien ,
quelque réputation comme préd eateur. On cite de
lui un mot en preuve de. fori-amour pour la paix dans
les querelles de l’églife : un- de fes confrères ( évêques )
voulo.t publier un mandement fur des matières délicates
: Monfeigneur, lui dit-il, parlons beaucoup, mais
écrivons peu. Mais parler beaucoup n’efl pas déjà i.ne
chofe trop- favorable à la paix : c’efl déjà violer la
los du filençe, loi à la vérité plus facile à impofer qu’à
iaire exécuter. Ah ! la véritab’e loi du fiîençe, c’eft
une indifférence parfaite , non pas fur la religion, el’e
ne peut jamais être un. objet d’indifférence; mais fur
les difputes tlréologiques . toujours pour le moins très-
inutiles. M. Mongin mourut en 1746. Il étoit né
en 1668.
MONGOMMERI. ( Voyez M o n g o m m e r y . )
M ON iN , ( Jean-Edouard du ) ( Hifi. Litt. mod. )
un des beaux elprits du feizième fiècle. On a de lui
des poefies ôc lat nos ôc françoifes, ôc quelques tragédies.
Peut-être eût-il été un homme, mais il fut affaffiné à
vingt-fix ans, en 15 86. Voëtius a prétendu , mais
fans- preuve, que c’était le cardinal du Perron qui
l’avoit fait affaffiner pour fe venger de quelques fatires
que Monm avoit faîtes contre fui.
M O N IQ U E , ( Sainte ) ( Hiß. Eccléf ) mère de
S. Auguftin. C ’eft à les ferventes prières qu’on attribue
la. converfton de fon fils. Elle avoit aufîi converti (b©
mari Patrice, bourgeois de TagafteenNum’die, qui
étoit payen. Elle étoit née en 3 3 2 , ôc mourut en 387
à Oflie.
MONIME. ( Voye^ M i t h r i d a t e . )
M ON ITEU R , f. m. ( Hifi. anc. ) gens conftitués
pour avertir les jeunes ge .s des fautes qu’ ils commet-
toient dans les forïéb<5hs de l’art militaire. On donnoit
le même nom aux inftituteurs des enfans, garçons ou
filles , <Sc aux oififs qui connciffoient toute la bourgÇoifie
romaine , qui accompagnoient dans les rues les preten-
dai.s aux dignités , ôc qui leur nommoient les hommes
importons dont il falloit captiver la bienveillance par
d;s careffes. Le talent néceffaire -à .ces derniers étoit de
connoître les perfonnes par leurs noms : un bourgeois
étoit trop flatté de s’entendre défxgner d’une manière par •
ticulière par un grand. Aux théâtres, le moniteur étoit
ce que nous appelions foufikur. Dans le domeftique ,
ce;oit fe valet chargé d’éveiller, de dire l’heure de
boire, de manger , de fortir , de fe baigner. (A. Ri)
IOREInCI. f yoya par Mokt. L
IOUTH. {. J
m o n m
M ONMOUTH.
MONN1ER. f le ) ( Hifi. Lia. mod.. ) T rois hommes
de ce nom, le père nommé Pierre, ôc les deux fils
Pierre-Charles Ôc Louis-Guillaume , ont été de l’académie
des Sciences, Le père avoit é.é long-temps
profcfT'ur de philofophie au collège d’Harcourt. On a
de lui le Car fus philofophicusi9 long-temps célèbre,
dans les écoles. 11 mourut en 1757.'
M O N N O Y E , ( Bernard de la ) ( Hifi. Lia. mod. )
le fuperflu même abfolument néceflaire, dans un âge
où tous les moyens de travail & de fubliftance man-
quent à la fois.
de l’académie Françoife , excellent littérateur plutôt
qu’horrvne a un vrai talent. Son érudition en littérature,
l’avoir rendu l’oracle des Bibliographes. On a de lui
des poëfies françoifes, ÔC il avoit remporté cinq fois
le prix de poëfie à l’Académie Françoife. Ses vers
n’en font pas moins très-médiocres, ôc il n’efl perfonne
qui ofe mettre la Monnoye au rang des vrais poëtes.
Ses noëls bourguignons font peut-être fon ouvrage
le plus original ; mais il faut être Bourguignon pour
en fentir tout le mérite. Au refte, s’il n’eft qu’au rang
des poètes médiocres, il eft à la tête des littérateurs
ôc des bibliographes. Ses notes, fes differtations fur .
le Men.igiana, fur les Jugemens des Savans de Bailler,
Ôc L’AntlBailLt de Ménage; fur la Bibliothèque choifie
de Cblorniès , fur la Bibliothèque de Duverdier Ôc
de la Croix du Maine, fur Rabelais, fur le livre
De tribus impofionbvs- ; en un mot fes .ouvrages d’eru-
dition Philologique font les vrais fonde mens de fa 1
îépu cation. Il étoit né à Dijon en 1641. Il avoit
remporté, en 1 6 7 1 , le premier prix de poëfie que
lacadérnie ait diftribué : le fujet étoit ; Le Duel aboli,
ôc le Duel n’eft point aboli. Il fut reçu à l’académie
Françoife en 1713. Il mourut en .1728, Le funefle 1
fyftême de Law le ruina entièrement , ôc il ne fubfifta
depuis ce temps que des bienfaits du duc de Villeroy,
Songeons qu’il avoit quatre-vingt ans lorfqu’il perdit
ajnfi tout fon bien, ôc repréfentons-nous le fort d’un
vieillard qui fe voit privé du néceflaire abfolu dans
lin âge où les be,foins qui fe multiplient, rendroient
M. de la Monnaye, Avocat célèbre au parlement
de Faris, & homme très-aimable, étoit fon petit-
fils. 1! c royoit devoir au nom qu’ il p ortoù, de paroître
occupé de littérature, dans un temps où les avocats
s’en occupoient peu ; il n’avoit guères que des préjugés
littéraires ; il oft'roit, par exemple,de prouver
que M. de Voltaire n’avoit jamais fait quatre vers
raifonnables de fuite, & telle étoit à peu près la litte-
rature des avocats Ôc de beaucoup- de magiftrats de
fon temps. Ils ayoient vu naître Voltaire, comment
pouvoit-il être un grand homme ?
Monnoies des R o m a i n s , {Hifi- rom.) La pauvreté
des premiers Romains ne leur permit pas de faire battre
de la monoie ; ils furent deux ftècles fans en fabriquer ;
fe fervant de cuivre en maffe qu’on donnoit au poids .
Numa,pour une plus grande commodité, fit tailler groffièrement
des morci aux du cuivre du poids de douze
onces, fans aucune marque. On les nommoit, a caufe
de cette forme brute, as rudis : c’etoit la toute la monnote
romaine. Long-te ms après, Servius Tullius en changea
la forme groffière en pièces rondes du meme poids ÖC
de la même valeur, avec 1’. mpremte de la fume d un
boeuf; on nommoit ces pièces as hlraas,6» UbclLa, a
caufe qu’ elles pefoient lemblablement une livre ; enluite
on fes fubdivifa en plufieurs petites pièces, auxque.les
on joignit des lettres , pour marquer leur poids ôc leur
valeur ; proportionnellement à ce que chaque piece
pefoit. La plus forte étoit le deeußs , qui valoir ôc peioit
dix as ; ce qui la fit nommer denier ; & pour marque de
fa valeur , il y avoit deffus u nX . Le quaarujfis \aloit
quatre de ces petites pièces ; le triçujfis trois , - .e ce
deux ôc demi : il valut toujours chez les Romains le
quart d’un denier, malgré les change mens.qui arrivèrent
dans leurs monnoies, Ôc pour deiigner la valeur,
il étoit marqué de deux grands I , avec une -barre au
milieu, fuivi d’un S , en cette manière H-S. Leduponams
valoit deux as, ce que les deux points qui etoient deffus
fienifioient. L’as fe fubdivifoit en petites parties, aont
voici les noms; le dans pefoit onze onces , le dextens
dix , le dodrans neuf, le beshuit, le feptwfc k p t , le
femlfis, qui étoit le demi-as, en pefoit fix , le qumtunx
cinq, le triens qui étoit la troiiième partie de 1 s s , pefoit
quatre onces, le quatrans ou quatrième partie, trois, le
Jextansou fixièmepartie, deux ; enfin unaa ,e tu t ioncc,
Ôc pefoit une once. a
Joutes ces effèces n’etoient que de cuivre , & même
fi peu communes dans les ccmmencemens de la république,
que l’amende décernée pour le manque-de les-
neét envers les magiftatsfepayoïtd abord en befiraux
Cette rareté d’efpèces fit que lufage de donner du cm. te
en maffe au poids dans les paiements, fubfito lo»o-iem'>
on en avoit même cbnfervé la formule dans lesaites,po..r
exprimer.que l’on ùchetoitcomptant, comme on voit,
dans H orace, ïibrâ mcrcaturb arc. T u e -U ve rapçoi.e
que Van 347 de R ome, les fenàteurs s étant «npo.euqe
taxe pour fournir aux befoins de la république , e» hi.üt,
" r . F 111 »