
fils de François Fr. & qui fut nommé Fiançois cofîiîne
fon père. Fendant le fëjour de Laurent dans ce royaume,
le roi lui fit époufer Marguerite de Boulogne, une de
les parentes. Le maréchal de Fleuranges décrit vivement
dans fes Mémoires, les fêtes qui furent données
a Ainbcife à loccafioh de ce baptême & de ce .mariage,
Il nous apprend en pafiant..,'. qusLLaürent avoit
bien fort la greffe F...... & de fraîche manoir:. Magdeleine
de Boulogne étoit jeune & belle | & quand
elle époufî UdiEl Laurent s elle ne l'efpoufz pas Jeu! ,
car elle cfpoufz la greffe F...,, quant & quant. Le banquet,
Te bal durèrent jufqua deux heures après minuit,
heure-alors, plus qu’indue, puis on nu na coucher, la
mariée qui était trop pins bdk que le marié. Il y eut
• enfoitë I1uit.j9urs.de cctp.bà$s^’tournois, la oit étoit
le nouveau marié , qui fa ipit le mieux qu’il pouvoit
devant fa mie. Les deux époux moururent en moins
de deux ans, la’.ffant pour lèul -fruit de leur mariage,
cette célèbre Catherine' de Médicis , ornement & fléau '
<le là Fi anceT Sut le mariage de cette -princefle avec le
due d’Orléans, qui fut depuis notre roi Henri II, voyeç
l’article C lément VII. Voye[ auffi l’article Mont-
«GÔMMERY. L’hifioire a flétri fa mémoire. Brantôme,
'qui dit fôüjours ‘tant de bidn..-de ceux même dont,
il veut dire du mal, & qui loue Frédégoade & Ilabelle
de Bavière , eflde-feul auteur ‘auqait beaucoup vanté
Catherine de Médicis. Qu’il célébré en elle la figure,
la taille, la plus 'belle jambe , la plus belle main qui
fût jamais vue , la grâce 6c l’adrefTe dans toute forte
.d’exercices, le dëfir &. le talent de plaire , l’efprit,
l’enjouement, l’éloquence » enfin tous les avantages
que la. nature n avoit pas rçfufés aux Frédégondes 6c.
aux Brunehauîs*,-qu’il nous dife que, par fa dextérité, fa
compl aifance 6c l’agrément de. fon humeur. elle gagna
ü bien les bonnes grâces de François Ier. &/de Henri II ’,
'qu’is r effilèrent à toutes les propofiîions de divorce
que fa fier lité pendant les dix premières années de
fon mariage , donna lieu de hazarder ; qu’il nous
?pprenne que, dans l’empreffement de fuivre François
I ‘r à la chaffe, elle fut la première femme qui mit
la jambe fur l’arçon , & qu’elle excella dans l’exèrcicè
.du cheval jufoual’âge de foixante ans & plus, malgré
plufieurs chûtes , qui allèrent jufqu’à rupture de jambe
& bleffure à la tête, dont il Ven fallut trépaner ; qu’il fe
compiaife dans la defeription fuivante ;
« Vouseuffiez vu quarante ou cinquante dames ou
w damoifclies la fuivre, montées fur de belles ha-
j> quenées, & elle fe tenant à cheval de fi bonne
» grâce qué les hommes n’y paroiffoiént pas mieux,
w tant bien en point-par habillement à cheval que rien
yj plus ; leurs chapeaux tant bien garnis de plumes , ce
» qui enrichiffoit encore la grâce , fi que les plumes
jj voletantes en l’air, repréfentoient à demander .amour
» ou guerre. Virgile qui se fi -voulu mêler de décrire le .
5> haut appareil de la reyne Didon, quand elle alloit
j j 6c eftoit à la chaffe , n’a rien approché au prix de
j j celui de| noffre royne avec fos dames.
Qu’il afsûre qu’elle aimoit pafiionnément la -leélore,
qu’elle pro égeoit-les arts, qu’elle fut généreufo envers
ks gens de lettres , qui furent ingrats envers elle
puilqu’fs l’ont plut'.t décriée7 qu'e louée, qu’elle Iifdit
jufqu’aùx fatyres qu’on faifoit cdntr’èUe , & 'qu’elle en
pla fantoit la première , ( il eût mieux valu qu’elle en
profilât ) enfin qu’il lui aqcordc avec la capacité dans
les affaires „ la dignité dans les occafions d’éclat, la
fermeté dans les revers;cette magnificence & ce
goût héréditaires dans' la: mâuL'.Vufc Médicis : oh petit
lui paffer ces;' éloges .plus' bu moins- mériiés.
■ Mais que Tout ce qu’il dit dé cette pn.ïcëffe foit un
panègyt:ique pu une apolo'gn ; qù’il. ‘énl:reprenn'e'de la
for tous les points; qu’il ve:oiî!.e que la'gloire
de Ca&erine foit fans tache 6: fon î ûniffrstion fans'
reproch;d ; qu’il prétende l’abfcffire de toutes les
.^orrêuj'ï;. cui ont fouillé les rèjri..s de fis trois fi’s ;
qu’îi la' reprélente comme un ange de paix,-fans c.ffe
'occupé à' ddfiper lés troubks que d’autres avoient fait
naître, à prévenir'les guerres 'étrangères, Tes guerres
civil .s'& les combats fifiguliers, à ménagerie fang de la
Rôblefiè 6c les tréfors des peuples ; qu’il s’écrie : jamais
nous n aurons. une telle reine en France , f i bonne pour
la paix • qu’il reeufe Henri IV d’avoir haï fans fojet ,
cette princeffe ; qu’il dife que la cour de Catherine
étoit ufie ècôls de toute honnêteté & vertu, c’eft vouloir
perdre entièrement la confiance du leéleur.
Brant me ne parlé ‘pas;même de la foperflition fi
connue de Catherine de Médicis , fope; fi tion qué par
une contradiéiion moins rare qu’on ne penfe, elle
altioit avec l'indifférence for la religion , 6c même
a vtc l’incrédulité -; mais il en rapporte , fans s’en
appercevôir, lift trat d’autant plus fort, qu’il eft dans,
un genre qui én parôît moins Tufceptible. Catherine
.aimoit les r préfemations théâtrales. D^ns une fête
qu’elle donnoit à Blois, elle avo.it fait jouer par les
princeffes. les -filles,, & par des feigneurs de fa cour ,.
la Sophpnisbè de Saint-Gelais ; mais les événements
publics qui foivirent cette fête, n’ayant pas été heureux,
Catherine s’èri prit à la tragédie de Sophonitbe , & ne
voulut plus dans la fuite faire jouer -que des comédies
, ou tout-au-plus 6c par accommodement, des
tragi-comédies.
Dans la vérité, Catherine n’avoit d’autre politique
que la rufe, & n’avoit d’énergie que pour le crime ; elle
avilit le pays qu’elle' gouvernait ; elle fembla fixer la
guerre en France ; elle ne fit que brouiller 6c su-
dehors & au-dedans ; elle excitoit , elle fofpendoit
tour - à - tour la guerre civile, la guerre étrangère ,
fans tirer de fes négociations perpétuelles, cFau'ce
avantage que le plaifir de négocier; toujours prête à
changer d’amis &_ d’ennemis, elle ne te.’doit & ne
parvenoit à rien. Mais pour dire en un mot ce qui
la condamne à jamais, la Saint Barthélemy, avec la
profonde diffimulation qui prépara ce complot &
tqutes les atrbeités qui accompagnèrent l’exéeution,
.la Saint-Bar.helemy. fut fon ouvrage.
Elle mourut le 5 janvier 1589 3 elle mourut comme
Ifabelle dé Bavière, moitié oubliée', moitié haïe des
François, mais n’étant détrompée ni détachée de rien,
6c regrettant toujours le pouvoir dont- .elle avoit tant
abufé. * ' '• ' , ■
On lui a fait dans le temps, une épitaphe qui
îi de l’impartialité , & qui la ménage encore :
La reine qni cy g ît, fut tin diable & un ange,
Toute pleine de blâme &. pleine de louange ;
Elle foutint l’état', & l’état suit à bas ,
Elle fit maints accords & -pas moins de débats.
Elle enfanta trois rois & cinq guerres civiles,
Fit bâtir des châteaux & ruina des villes ,
Fit de fort bonnes loix & de mauvais édits :
SouhaiteTui, paffant, enfer & paradis.
'-L’héritièré légitime ' des droits de la maifon de
Médicis fur Florence, étoit Catherine ’ de Médicis ;
mais Tinter et du, nom faitôit préférer les mâles bâtards
aux fililéS légitimes ; la bâtardife dans cette’ maifon ,
n’étoit un obftacle ni à là grandeur ni à la fortune ;
le pape! Clément VU lui-même étoit ,bâtard , 6c le
nom dés- Médicis ri’étôit porté alors avec éclat que ]
■ par trois bâtards Clément V i l , fils naturel de Julien,
tué dans M conjuration des Fazzi ; Alexandre , fils 1
naturel de Laurent I I , par confequent fi ère de Catherine
de Médicis ; ( Scip ion Antmirato dit qu’il étoit.
fils naturel du pape Clément VII lui - même , 6c
non de Laurent II ) ; ôf. Hyppolyte, fils naturel d'un
Julien I I , furnemmé le jeune & le magnifique^'oncle
de Laurent H. C’étoit à Alexandre que Clément VII
deffinoit le gouvernement de4 Florence ; il avoit fait
Hyppolite cardinal, partage' dent cêkï-ci fut toujours
mécôntent. Lempereür Charles-Quint profita pour
fa bâtarde , des vues qu’avoit le pape pour les bâtards
de fa maifon ; il donna en mariage à Alexandre de
Médicis, Marguerite d’Autriche , qu’il avoit eue d’une
flamande, nommée Marguerite Van-Geff ; il promit
dans un traité conclu en 1529, avec ce même-pape
qu’il avoit long-temps tenu prifonnier, ( Foye^ Tarticlë
Clément V I I .) il promit de mettre Alexandre en
i'poffeifion de l’autorité que les Médicis avoient eue à
' Florence , promeffe dont le mariage de . fa fille ga- i
ïantiffoit l’exécution, 6c qu’il accomplit en effet ; mais
Al lui en coûta une guerre fanglante , cù périt le der- .
nier ptince d’Ora gé de la maifon de Châlon, qui ,
’ commandoit l’armée impériale , 6c. le fiége de Flo- ;
rence dura onze mois. L’aptorité fouveraine fut en- .
tlérement rétablie en Tcfeane, 6c déclarée hcrédi-;
. taire dans la maifon de Médicis, par la décifion de
.Tetîipéreur. Après la mort de Clément V I I , arrivée
Je. 4 fèptembre 15 34 , Hyppolite confpira contre
Alexandre, .& mourut empoifonné , à ce qu’on croit,
par çèt Alexandre. Alexandre lui-même fut égorgé par ,
, dës afiàffins.que Laurent de Médicis, un de les parents,
inô-oduifit là nuit dans-fa'chambre, au lieu dune femme
qu’il s’é'toit chargé d’y introduire, & que l’inçonti-
nehee d’Alexandre attendoit ; Laurent fut maffacré à
fon tour par les vengeurs d’Alexandre.
La fouveraineté de Florence paffa dans une autre
branche de la maifon de Médicis. Corne II. monta fur
. ce trône en 1569. Il étoit' fils de ce braye 6c infîdèje
Jean de Médicis , un des plus" vaillants capitaines de
l’Italie , qui , dans la grande guerre de iç.21 , entre
Charles-Quint & FrânçoisTr , avoit paffé & r^ f fé
fi fouVcnt du camp des François dans celui des Impériaux,
ôc du camp des Impériaux dans celui des
François; il forvoit ces derniers en 1525 , au fiége
de Pavie ; Antoine de Lève qui commar.doit dans la
place , fit-• une.fort;e que Jean de Médicis fut chargé
de repouffer. Tandis qu’il s’acquittoit de-cette ccm-
miflion avec fa valeur ordinaire, il fut bleffé au talon,
comme Achille , dont la valeur lui avoit fait donner
le fornom. Un coup de feu lui brifa lies 6c le mit hors
de combat. Il fut obligé de fe faire tranfporter à Plai-
fartee. Sa troupe , qui n’a:moiî 6c ne craignoit que
lui, fe débanda lqrfqu’elie fe vit fans ' ehefi
Il iêrvoit encore les François , & étoit un des chefs
de la ligue contre Charles-Quint en 15 26, au combat
de Borgô-Forté, vers le confluent de l’OgUo Sc du P ô ,
Iorfque chargeant les Allemands de Bourbon, à la tête
de fa troupe ; un coup de fauconneau lui fi acaffa la
eu;fie ; il fut -tranfporté à Mantoué, & il y -mourut de
cette bleffure ; Brantôme 6c Varillas "difent qu’on lui
coupa la cuiflè , 6c que Médicis, fans vouloir fouffrir
cu’oh le foutînt ni qu’on lui bandât les yeux , pouffa
la fermeté jufqü’à tenir lui-même la lumière pendant
l’opération .; fans qu’il paiût la moindre altération for
fon vifage. -
C ’étoft le feul de tous les chefs de la ligue que les
ennemis craigniffent ; tous les partis tour-à-tour avoient
éprouvé fon couraoe. Un tempérament plein de feu
le prçcipitoit dans toutes les occafions. perilleufes; fes
talents, que P expérience muriffoit tous les jours, ’égale
ient déjà aux plus grands capitaines. 11 mourut à
vingt-neuf ans. Les exploits dont il remplit cet efface-
fi court, auraient foffi pour illufher une longue carrière.
La troupe particulière dont il étoit le chef, pour
témoigner la douleur qu’elle avoit de fa perte, arbora
le drapeau noir qu’elle conferva depuis , monument
refpeéîâble de la gloire du. général & de l'amour de
fes foldats. Elle pr .t le nom de Bandes noires qu’avoit.
porté une autre, troupe , détruite à la bataille de Pavie.:
Brantôme dit que c’étoit Jean ^ Médicis lui-même qui'
avoit fait prendre à fà troupe le drapeau noir , à la
mort de Léon X , mais elle le garda en mémoire de
Jean de Médicis.
Corne fon fils , fut le premier revêtu du titre de
grand-duc par le pape Pie V . ; c’eft de lui que Brantôme
rapporte que les partifans de la république lui
tendoient icute forte de pièges, & que, comme il étoit
grand nageur 6i grand plongeur , 6c qu’il prenoiç
plaifir à fe jetter dans l’Arno du haut du pont, ils
poufsèrent la haine jufqu’à ficher en terre au fond
de la rivière, des épées & des dagues, les pointes en
haut , afin qu’il fe perçât en fe jettant d’en haut dans
• le'fleuve ; mais il vit le piège , & l’évita. Son règne
.d’ailleurs fut long 6c illuflre ; il eût pu paffer pour
heureux , fans la terrible & funefte aventure de deux
de fes fils. La ..voici, telle qu’elle eff rapportée par
un écrivain moderne, d’après ceux du temps. •
« Jean , Taîr.é des deux princes, étoit d’un carac-
» tère doux & bienfâifant ; Garcffs le cadet, avoit
» Taine d’-un barbare ; les vertus de fon frère e>;çl»
Y ? y *