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suent du xvj. Tiède , lorfque François I. porta la
guerre en Italie ; & ce fut pendant les fiéges de Par
ie & de Crémone , en 1524 & 15 26. Trois ans
après on en fit prefque de femblables à Vienne en
Autriche , lorfque cette ville fût' allégée par Soliman
II. Lufoius-en rapporte une fort fipgulière, frappée
par les Vénitiens à N-ccfie, capitale de l’île de
Chypre , pendant le fiége que Selim II. mit devant
cette île en 1 <70.
Les premières guerres de la république d’Hollande
avec les Efpagnols , fournirent enfuit^ un grand
nombre de ces fortqs de monnaies ; nous en avons
de frappées en 1573 , dans Middelfiourg en Zélande ,
dans Harlem , & dans Alcmaer, La feule ville de
Leyde en fit de trois diffeoens revers pendant le
glorieux fiége qu’elle foutint en 1474. Qn en a de
Schoonhovçn 4e l’année fiai vante ; mais une des pins
dignes d’attention , fur celle que frappèrent les ha-
bi'tans de Kämpen-.durant le fiége de. 4 578 ; elle eft
marquée 4e deux cptés. On voit dans l’un & dans
l’autre Tes armes de la v ille , le nom au-défions ., lé
mjlléfime , & la note de la valeur. On lit au- deflùs
ces deux mots extrçmüm fubfidium , dernière reiipur-
ce , infeription qui revient affez au nom que l’on
donne en AH-magne à cçs fortes de monnaies ; on Igs
appelle ord nairemem pièces de néc'-ffité ; celles, qui
furent frappées à Maffricht ? en 1579 , ne font pas
moins cijrieufos ; mais celles qu’on a frappées depuis
en pareilles ponjonéfures, ne contiennent rien de
plus particulier, ou dé plus intpreffant,
On demande fi ces fortes de monnoies, pour avoir
un cours légitime, doivent être marquées de la tête
04 des. arniès du prince de qui dépend la ville ; fi
l’une ou l’autre de e s marques peut être remplacée
par Ies foules 'armes de la v ille | ou par celle du gouverneur
qui la défend ; enfin- -s’:lc-ft permis à ce gou-r
Verneur ou commandant de fe faire repr.éfenter lui-
jnême fur ces fortes de monnoies. Je réfous toutes
ces queftions. en, remarquant que ce n’eftqufimpro-
prement qu’on appelle les pièces obfidionales monnoies
y elles en tiennent-lieu , à la vérité , pendant
quelque teins ; mais .au fond , en ne doit les regarder
que comme 4~s efpèces de méreaux’, dé gagés
publics 4e la foi des obi gâtions contra£ïéesj p à r le
gouverneur^- ou par J es nugiftrats dans-. des tems
suffi .cruels que ceux d’un fiége. Il paroît donc fort
indifferent de quelle manière elles foient marquées,
pourvoi qu’ elles procurent les avantages que l’on en
cfpère. Il ne s’agit que de prendre le parti le plus
propre à produire çgt. e ffe t, falus u;bis, juprema lex
pßos
A u reffe , il nç fout pas • confondre ce qu’.on appelle
monnoies obfidionales , avec les; médailles frappées
à l’oçcafion d’un (fiège , 8c de fes divers
événemens ? ou de la prife d’une ville ; ce font des
chofes toutes différentes, ( D.J . )
. M Q N Q C R O T O N , f m. (Hifi. anc. ) Vaiffeau
j» un banc de rames de chaque coté. On l’appelloit
jÄuffi moperis ; ce n’écoit donc pas, comme on le
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pourreit croire, une barque qu’un feul homme put
gouverner. ( A. RI )
M O N OM A CH IE , f. f. ( Hifi. mod. ) en grec
fj.o-n.uay.iai , duel , combat fingulier d’homme à
homme. C e mot vient de. otovol, feul, & de ,
combat.
La monomachie étoit autrefois permife .& foufferte
en juftice -pour fe laver d’une accufation, &c même
elle aveit lieu pour des affaires purement pécuniaires,
elle .eff maintenant défendue. A id â t a écrit un l.vre
De monom-.ichiâ. ( Â. R. )|
M ON O PH ILE, ( Hifi. .inc. ) eunuque de M ’thri-
date. Sommé de rendre un chateau où il étoit renfermé
avec la fille de- ce prince , 8c défefpérant de pouvoir
le défendre contre les Romains, qui venoient de vaincre
Mithridare fous la conduite de Pompée-, il poignarda
la princeffe , & fo poignarda lui-même pour ne point
furvivre à la défaite de Ion maître , 8c pour que la fille
' de Mithridate ne tombât pas au pouvoir des Romains,
M O N Q P T E R E , f. m, ( Hifi. anc. ) forte de temple
chez les anciens \ qni étoit de figure ronde & fans
murailles pleines , enforte qtic le ddnjéoiu le couvroit
n’étoij foutenu que par des colonnes.pcfoes de diffance
en diffance; ce- mot eft pomeefé ' de rtoios , B
oc de içTzgp. ails, -comme qu^-dirç-it bâtiment com-
pofé d’une feule aile, ( A. R. )
MONPENSJER. Voye^ Montpensïer,
M O N R O , ( Alexandre ) ( Hifi. Litt. mod. ) célèbre
médecin anglois, né en .1.697 , mort en 1767 , un des
plus grands anatomiftes de Ton fiècle, Ses 'oeuvres ont
■ été publiées en 1781. On diftingue fur-tout Ton traité de
t anatomie des os , qui â été imprimé.huit fois du .vivant
de l’auteur , & traduit dans prefque toutes les langues
de l’Europe.
MONSEIGNEUR , MESSEIGNEURS, au pluriel,
( Hifi. mod. ) titre d’honneur &. de refpe& dont on-ufo
lorfqu’on écrit ou qu’on parle à des perfonnès d’un
rang ou d’une qualité auxquelles Tufirge veut qu’on
l’attribue.’ C e mot eû ccmpofé de mon & de feigneur.
On traite les ducs & pairs , lés archevêques 8c évêques,
les préfidens au mortier de monfeigneur. Dans les
requêtes qu’on préfente a'üx cours fouveraines, on Te
fort du terme monfeigneur,
Monfeigneur, dit abfolument, eft la qualité qu’en
donne pi eièntement au dauphin de France ; ufagequi
ne s?eft introduit que fous le règne de Louis X IV •
auparavant on appellojt le premier fils de France
monfieur le dauphin,
M ONSIEUR , au pluriel MESSIEURS , ( Hifi.
mod. ) terme ou titre 4e ciyilité cju’on .donne à celui
à qui , on parle , ou de qui on parle , quand il eft.de
condition égale ou peu inférieure. Ce mot eft ccmpofé
de mofi ôc de fieur. Borel dérivéjee mot du g re c ,
Xopfoç , qui ffgnifie feigneur ou fire comme fi on écri-
voit moneyeur, '
Pafquier tire l’étymologie des mots fieur ou mon.-
fieur y du latin fenior, qui figmfie plus âgé ; les Italiens
difènt fignor y ôc les Efpagnols fenor-t avçç 1’^
tilde, qui équivaut à ng dans le même feus, 6c
d’après la même étymologie; les adreffes_ des lettres
portent à mon fieur y monfieur, &c. L ’ufage du mot
inonfieur s?étendoit autrefois plus loin qu’à préfent.
On le donnoit à des perfonnes qui àvoient vécu plu-
fieurs fièclés auparavant ; ainfi oh difoit, monfieur S.
Augufiin & monfieur S. Ambroife, & ainfi des autres
faints , comme on le voit dans plufieurs aét:s imprimés
& manuferits, & dans les inferiptions'du
xve 6c du xvj J fièck-s. Les Romains , du wmps de la ,
république , ne reconnoiffoient point ce titre, qu’ils
èuffent regardé comme une flatterie, mais dont iis
fe foryirent depuis, employant le nom de dominus
d’abord pour l’empereur, enfuite pour les perfon* .
nés COnftituées en digtiîvés : dans la converfation ou
dans un' commerce de lettres, ils ne fs donnoient • ■
que leur propre nom ; ufage qui fubfifta même ■
encore après que Céfar eut réduit la république fous :
ion'autorité. Mais la puiffance des empereurs s’étant
enfuite affermie dans Rome | la flatterie des courtifans
qui recherchoient 8c la faveur 6c les bienfaits des
èmpereurs , inventa ces nouvelles maraues d’honneurs,.
Suétone rapporte qu’au. théâtre un comédien ayant
appelle Augufte , feigneur ou dominus, tous les fpefta-
teurs, jettèrent fur cet aélcur des regards d’indignation.,
énforte,,què l’empereur défendit qu’on lui donnât
davantage cette qualité. Caligula eff le premier qui
ait expreflement commandé qu’on l’appellât dominus,
Martial, lâche adulateur d’un tyran, qualifia D o natien
dominum deutnque noflrum ; mais enfin, des
empereurs ce nom paffa aux particuliers. D e dominus
on fit dom, que les Efpagnols ont conferv é , &
qu on n’accorde en France qu’aux religieux de car-,
tains ordres. , -
Monfieur y dit abfolument, eft la qualité qu’on donné
au focond fils de France, au frère du roi. Dans une
lettre de Philippe de Valois, ce prince parlant dé ion
prédéceffeur, l’appelle monfieur le roi. Aujourd’hui
perionne n’appelle le-^roi monfieur, excepté les enfons
de France. ( A. R.)
M O N S T R E L E T , ( Enguerrand de )' ( Hifi. Litt,
mod.) gentilhomme flamand , mort ën 1453 , gouverneur
de Cambrai fa patrie ; plus, connu par fa!
Chronique ou Hißoire curieufe & inîéréffiinte des chofes
mémorables arrivées de (on temps , depuis l’ an 1480.,
jüfqu’ën 1467.. J - ■
M ON T AGN K e j/ M O N T A IG N E ,. ( Michel de )
( Hifi. Litt. mod. ) Ses E f f iis font un chef-d’oeuvre;
qui ne périra jamais ; cVft l’ouvrage le plus penié
quM y ait dans une langue qui , malheureureufement,
n’eft plus la nôtre c’eft l’ouvrage qui fait le plus
regretter l’ancien langage françcis ; mais qu’on y prenne
gardé’, ce n’eft pas tant l’ancien langage qu’on regrette
en hfant Montagne , que le langage particulier qu’ il
avoit lu le faire,. ce langage énergique ôc pittoreique , .
prefque tout fcrmé-d’expreÜ10ns de génie qui donnent 4e la force , du mouvem ent, de la couleur aux penfées;
jamais l’ imagination n'a fi bien forvi la philofophie, 6c
le ftyle de Montagne n’étonnoit pas moins fes cqmem^ {
porains qu’il nous étonne nous-mêmes. Un charme particulier
de ce liv re ,. c’eft que ce n’eft point un liv r e ,
c’eft une converfation continuelle de Montagne avec
Ion lefteur ; converfation avec tous les écarts, toutes les
d.fparates ,tous les épifodes, toutes les excurflons hors
du fujet , tous les retours au fujet, tout le naturel,
toute la franchile ÿ tous les avantages, Si fi l’on veut ,
tous les défauts- 4e la converfation. Prenez- une idée
devenue commune, ou qui pouvoir l’être'du temps
même dé Montagne, vous pourrez la rencontrer dans
Montagne, vous ne la reconnaîtrez plus, tant l’ex-
prefïion l’aura délia’ U' é e , embl-Hie , fortifiée, rendue
propre à l’auteur î Le germe de, prefque toutes les
idées utiles qui viennent d’êire adoptées ou qui vont
l’être fur l'éducation, fur la Jégilîation, fur les objets
les plus intéreffaits pour la fociécé , fe trouve dans
Montagne ; & ceux qui en tout genre, ont eu la gloire
ou J e bonheur de renverfor la barrière ébranlée par
leurs prédéceffeùrs , fe font fur - tout aidés de- Montagne
en le citant ou en ne le citant pas. Jamais 011
n'a fait un ufage plus jufte ni plus riche de l’hiftoire-
Tout .précepte , toute idée , toute propofition eft
appuyée fur des exemples.; c’eft: vraiment la philo—
fophie de l’hiftoire ; c eft la morale- prouvée pat les
faits : auffi lé cardinal du Perron appellojt - il ce
livré , le bréviaire des honnêtes-gens.
Oh a imprimé en 1 7 7 2 , des Voyages de Montagne $
ce n’eft qu’un Journal informe & minutieux , diclé à-
un (iomefliqne , 6c que le domeftique aûroit pu foire
prefqu’aufli bien que le maître. On y trouve cependant
quelques traits , quelques deferiptions , où o a peut
reconnoîfre Montagne i
Inventas etiam disjeâli membràpoetoe.
Mai? il eft trifte d’avoir à lui tenir compte de certains
petits détails de fa dépenfo dans fos Voyages ÿ
parce que , diqon , its peuvent forvir d’objets de
ccmpâra:fon pour le prix dés denrées & pour la-
proportion du: numéraire aéluel avec celui du temps
de Montagne. .
M chel <d-e .Montagne naquit en 1533 , au château
de Montagne .en Périgord, de Pierre Eyquem, foi«-
gneur de 1 Montagne. Son éducation offre quelques particularités.
Montagne fut le latin à fix ans parce que
ce ne fut pas pour lui.une langue apprifo mais une
langue naturelle. Son père a voit placé. auprès de lu i ,
un allemand qui ne lui parloit jamais qu’en latin. On
; avoir, le fingulier ufage de ne le réveiller le matin,
qu’au fora des inflruments ; .il eût mieux valu peut*'
. être - n e , le point .réveiller du tout , & peut - être
i devroit - on ne lever les enfams que lorfquu’^s s’éveik
lent d’eux-mêmes :•pourquoi les früftrer d’une partie-
; du repos crue la nature leur ayoit deftiné î Montagne j eut pour maîtres Buchanan Sl Muret ; forvi des études v
il voyagea , & obforva beaucoup ; car c étoit l’homme;
■ fiu-tout qu’il vouloir. eonnckre , 6c il y réuflit ;
. Montagne , fans art,. fans fvftême ,
Cherchant l’homme dans l’homme-même«
Le. connoît 6c. le peint bien mieux*