en eurent Tes bénéfices, ta roi eu eut l’argent. Philippe
le Bel fe fit donner d’abord deux cents mille
liv re s , fbmme alors immenfe. Louis le Hutin , fonfils,
en demanda encore foixante mille. On convint au il
auroit les deux tl.rs de l’argent des Templiers ,. les
meubles-de leurs maifons, les ornemens de leurs églifes,
& tous leurs revenus échus depuis le 13 oâobre 1307 »
époque de leur détention, jufqu’à l’année 1 5 14 , époque
du fupplice des derniers. L’ordre dès Templiers avoit
duré depuis 1 1 1 8 jufqu’en 13 12 ,, qu’il fut aboli par
le concile de Vienne.-
M O L É , ( Hiß. de Fr. ) famille originaire de Troies
en Champagne, & diftinguée dans la robe , defcend
de Guillaume Mole, q ui, tous le règne de Charles V I I ,
de concert avec l’évêque de Tro y es ,, fon beau-frère,
jehaffa de cette ville les Anglols.
N icolas Moll, confeüler au parlement, fon petit-
- fils ,. eut, entre „autres enfans, Edouard Mole, qui
iorma la branche des feigneurs de Çhamplâtrëux.
Edouard, reçu confeiller au parlement en 1 5 6 7 , fut
procureur-général dans le temps de l'a ligue. Il contribua
fin 15 9 4 , à réduire ParisTous l’obéiüance dh ro i, il
fut fait préfident à- mortier en 1612 , mourut en
« 6 14 .
Son fils, Matthieu Moite, eft le fameux premier président
& garde des fceaux-Mo/ê, ce magiftrat vertueux
& intrépide, qui avoit été vingt-fept ans procureur-
général dans des temps difficiles , q ui,- devenu chef du
parlement dans les temps les pFiis orageux, fut toujours
te défenfeur du parlement ä la cour , & de la cour au
parlement. C ’eft de lui que'le cardinal de Retz dit,
dans fes mémoires t » Si ce n'étoït pas une forte de
» blafphême de dire qu’ il y avoit alors un homme
99 plus intrépide que le grand Condé & que G uâ a ve, je
•» nommerbisle premfer préfident Mo lé. « En effet, la
vertu oourageufe ne v a pas plus loin. Jamais le danger
le plus prenant ne put le déterminer a des précautions
qu’il regardoit comme une foibleffe. On propofoit un
jour de fortir par une porte inconnue au vu lg ä re ,
pour éviter la fureur du peuple, qui rempliffoit la
grande falle , prêt à fe jetter fur le parlement, dont
il étoit mécontent alors : N o n dit M o le , nous augmenterions
Fbifolense des mutins par cet air de crainte ; &
ffaifant ouvrir les portes de la grand?chambre-,-iLfend
îes flots de la multitude, & fe fait un paffage à- la
fête de fa compagnie. Un des mutins le- fàifit & lui
préfente la pointe d’un poignard qui pouvoit être
fuivi à i ’inftant de mille autres poignards. Mole le fait
trembler en le menaçant de la' juftice, & eet homme
reffe accablé fous lé poids de la dignité & de l’autorité.
T e l étoit Mole en toute occafion r il- donna en France
î’idée dé ce qu’étoit unmagiftrat Romain dans les beaux
jours de Ja République. Oh lut donna les- fceaux le
3 avril 165.1 ; il îes remit le 13 du même mois ,,
on les lui redonna le 6 feprembre fuivanf f & il les-
garda. jufqu’à ià mort arrivée le 3 janvier £676; Il
■ étoit né en 1584.
Sa poftérite offre une fuite de prêfidens k m ortier,
dont le der. ier ( vivant en 1788 ) a été premier
fcréfid*x$ e» 1 7 5 7 , & seff démis en N17 63.
MOLIERE , ( Jean Baptiffe Poquefin de ) fils &
petit - fils de valets de - chambre - tapiflrers du ro i,
né’en 1620-, mort le 17 février 1673. Boileau a beaucoup
loué Molière , & vivant Si. mort , mais , dans
l’Art Poétique, où il paroît plus particulièrement le
juger , il dit que Molière ::.
Peut-être de fon art eût remporté le prix 'f
S i, & c .
Un contemporain pouvoit en parler avec cetfë
réferve , mais la poftérité a prononcé. Il n’y a plus
là de peut-être ni de fi. Molière eft l’efprit le plus
original & le plus utile qui ait jamais honoré & corrigé
l’efpèce humaine, & Boileau même en jugeoit à-peu-
près ainfi ; car Louis X IV lui ayant demandé quel
étoit le génie qu’il devoit regarder comme ayant Je
plus illuftré fon régne, il nomma fans balancer Molière.
La comédie de PEtourdi eft la première des pièces imprimées
& connues de Molière mais auparavant il avoit
■ fait quelques farces, telles que le DoEleuramoureux, les
•• trois DÿEleurs rivaux, le Maître d’ Ecole ,-dont il ne refte-
• que le- titre ; le Médecin volant Si lajaloufie de Barbouillév
que quelques curieux ont confervé ,. & dont Molière
' a employé quelques traits dans d’autres pièces. Le
comique de caraéfère, cette carrière ouverte par
■ Corneille dans le -Menteur , appelloit. Molière ; mais
le comique d’intrigue s’étok emparé de la fcène, il ne
1 falloit point Ken ehaffer; confervons, multiplions les
genres , «’excluons rien. Loin de vouloir établir le
nouveau, genre fur les-ruines de l’ancien, Molière-com°
mencepar les unir. L’Etourdi eft une machiné compofce-
de ces deux refforts ; Mafcarille renoue fans ceffe
une intrigue toujours rompue ou. par l’étourderie de
Lelie ou par des contre-temps que le hazard amène.
Il vaudroit mieux- peut-être que ces contre-temps vinf-
fent toujours de l’étourderie de Lelie, l’aélion en feroit
plus nette êcplus morale. Mais d’ailleurs, quel effai ! que
d’invention 1 quelle foupleffe L 8c quelle vivacité dans
l’intrigue h quelle variété d’ incidents !.. quelle vérité
dans Pèxprefiion, toujours différente , de la. colère de
Majcarllle !
Dans le Dépit Amoureux , c’eft: encore l’intrigue
qui domine,.intrigue bizarre,:compliquée ; peu décente;
mais déjà la main d’un maître (fait répandre for ce fonds
in g r a td e s èaraélèses d’un comique fort r des filia tions
piquantes, des fcènes-exquifês & dans des genres
tout differens. Rapprochez la fcène. de Métaphrafle avec
Albert, de celle qui donne le'nom à la pièce, &qui ég^te
prefque deux fcènes pareilles du Dépit amoureux, l’une
dans le Bourgeois Gentilhomme, l’autre dans le- Tartufe,
vous eonnokrez dejà-l’immenfité du génie de. Molière.
La bonne comédie naît enfin avec les Ptéci mfis-
Ridicules ; ce n’étoit pas encore laperfeétion du genre,
mais c’étoit l’ébauche du genre le plus parfait ; c’étoit
à quelques égards, une farce, mais une farce.morale &
philofophique ; fi! le comique étoit un peu .chargé, il
étoit for t, il étoit vrai. Corneille avoir oublié de punir
fon Menteur, & par là il avoit privé fa. fable de
moralité;, Molière punifiés. Précieuses par un affrg$
,/ànglant-qu’elles s’attirent, & par là il a mérité d’être
.regardé comme l’inventeur du comique de caraélère
moral. Molière n’inyente rien qu’il ne perfectionne,
i c’eft ce qui le diftingue des inventeurs ordinaires ,
déjà fi rares. C ’eft en perfectionnant toujours qu’il
; s’élève par dégrés jufqu’au Mifianthrope , jufqu’aux
Fenmes Savantes , julqu’au Tartufe , jufqu’à cette
pièce après la quelle il ne faut plus rien nommer & qui
eft non-feulement le chef-d’oeuvre du théâtre comique,
mais un grand bienfait envers l’humainté.
Il eft aifez remarquable que Pradon éclairé par le defir
de contredite Boileau, ait mieux vu que cet arbitre du
g o û t, combien les farces même de Molière font efti-
jnables.
Si l’on confidère Molière comme aéleur, fi l’on veut
favoir quels farent fès talens pour la déclamation ,
l’auteur répond allez du comédien ; on fent qu’il n’a
pu lui manquer que les avantages extérieurs ; 011 dit
qu’en effet us lui manquèrent ; qu’une vo ix fourdë ,
des infléxions dures , une volubilité défagréable le
forcèrent d’abandonner la déclamation tragique , dont
fa feule préfence, en rappeîlant fi vivement la comédie, ;
devoit trop affoiblir l’imprefïion. A force de travaux
& d’efforts dignes de Démofthéhes , 1 excella dans
les grands rôles comiques , il forma Baron dans le
genre même qu’il abandonnoit, & il ne le forma pas
moins à la vertu qu’au talent ; il lui donna de grands
exemple s de l’une & de l’autre.
Sa vie privée fut celle, d’un fage obfcur comme fà
Vie publique eft celle d’un fàge illuftré. Il fat le confeil,
l’arbitie , quelquefois même le réformateur defes'amis
comme il 1 étoit du public au théâtre. Jamais la conft-
dératioin ne s’efti unie plus intimement à la gloire.
On fait que Molière fut frappé à mort for le théâtre,
'en contrefaifànt le mort dans le Malade imaginaire ,
circonftance qui a fourni des épigrammès, tandis que
l’événement devoit arracher des larmes ; cm fait qu’il'
mourut dans les bras de la piété, & qu’il s’en étoit rendu
digne par fa charité ; il donnoit l’hofpitalité à deux de
ces pauvres religieufes qui viennent quêter à Paris pendant
le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir & par
reconnnoiffance , les confondons & les foins dans fes
derniers momens ; on fait jufqu’à quel point la rigueur
de nos ufàges ( qu’il ne s’agit pas ici de juger ) fut
adoucie en fa faveur à la prière de Louis X IV . Toutes
nos réflexions for cette rigueur & for cette indulgence,
ne vaudroient pas ce cri énergique de la femme de Molière
: quoi ! F on refuferoit un peu de terre à un homme
auquel on devroit élever des autels ! jufte, mais tardif
témoignage que la vanité plus- que la douleur de cette
femme rendoit à un grand homme dont elle avoit trahi
la tendreffe & empoifonné la vie, .
Sur quelques particularités concernant l’éducation,
le caractère, les talens, &c. de Molière, voyelles articles
B o u r s a u l t , C h a p e l l e , C otin , G a s s e n d i ,
M é n a g é , R e g n a r d , & c ,
M OLIERES, ( Jofeph Privât de) de l’Académie des
Sciences ; profeffeur de philbfophie au Collège royal ;
grand partifan de Defcartes & difeiple dii*P. Male-
branch\ Gn a de. lui des Elémens ^ Géométrie 3 des
Lecàtts dè Mathématiques, des Leçons dé Phyfique.
Son Syftême des Petits Tourbillons eft connu ; on
voit quelquefois qu’il cherche à reétifier les idées de
Defcartes par les expériences de Newton.
Il étoit fi diftrait que tout le monde s’en appercevoit,'
& qu’on pouvoit tout ofer avec lui ; on dit qu’un
décroteur , en nettoyant fes fouliers , lui vola des
boùcles d’argent &. en fobftitua de fer , fans qu’il s’en
apperçût ; on dit qu’un autre voleur étant entré dans
fon appartement , il crut faire avec lui un excellent
marché , en lui indiquant le lieu où étoit fon argent
& en fe laiflant vole r, à condition feulement qu’on nt
dérangeroit rien à fes papiers.
Il tenoit fi fortement à fes fyftêmes qu’il ne fouffroit
for ce point ni doute ni plaifknterie ; un jour qu’on
l’avoit un peu tourmenté à l’Académie for fes opinions,
il s’étôit fâché ferieufement & étoit forti de l’Académie
tout échauffé; te froid le fàifit, la fièvre le p r it , il
mourut au bout de cinq jours le 12 mai 1742. II
étoit né à Tarafcon en 16 7 7 .
M O L IN A , ( Louis ) ( Hiß. Ecclèf. ) jéfoife, dont
le traité for la Grâce Si. le Libre-Arbitre a donné lieu
aux querelles des Janféniftes & des Moliniftes , des
Jacobins & des Jéfoites, querelles que le pape Clément
V III voulut vainement terminer en formant la célèbre
congrégation de Auxiûis. Il éprouva ainfi que fes
focceffeurs , que le moyen de terminer fes difputes
théologiques n’eft pas de former des congrégations ,
ni d’autorifer des colloques & des conférences, mais
de fermer l’oreille à'tout ce vain bruit, & de détourner
fes regards de tous ces vains fpe&acîes.
Molina étoit né à Cuença dans la Caftille neuve ,
d’une famille noble ; il étoit entré chez les Jéfoites en
1553. Il mourut à Madrid en 1600.
Un autre Louis Molina, jurifconfolte efpagnol, eft
auteur d’un favant traité for les fobftitutions des terres
anciennes de la Nobleffe d’Efpagne intitulé : De
Hifpanorum primogenitorum origine &■ naturâ. Il v ivok
fous Philippe II & Philippe III.
On a de Jean Molina , hiftorien efpagnol du feizième
fiécle : Cronica antigua d’Aragon, publiée en 15 24 Sl
de las Cofia s mémorables de Efipagna , publié en 15^9.
On a auffi d’un chartreux efpagnol, nommé Antoine
Molina, un traité de l’infirußion des Prêtres, qui a été
traduit en François.
MOLINIER ( Jean - Baptiffe ) ( Hifi. Litt. mod. )
oratorien connu par fes fermons imprimés en 14 volumes
& par quelques autres ouvrages de piété. Mafo
filloh l'avant entendu, lui dit il ne tient qu’à vous dé être
à voire choix le prédicateur du peuple ou des Grands ;
mais il étoit fouvent l’un & l’autre dans un même
fèrmon., tant fon ftyle étoit Inegal ; né à Arles en 167 5, il
entra dans la congrégation de l'Oratoire en 1700 ,
il en fôrtit en 1720. Il mourut en 1.745.
M O LIN O S , ( Hiß. Eccléfi. ) prêtre efpagnoF '9
apôtre du quiétilme. Il expofa fes idées ou fes chimère?,
dans fon livre intitulé : Conduite Spirituelle. D e peur
que ce livre ne fût promptement oublié,.on mit lenteur
dans fes priions de ILiquhnion. On condamna, eo.