
armes contre ces infortunés Albigeois , dent la cour
de Rome avoit juré la dtf.ru&ion, Le fiège d’Avignon
fut formé , le roi y fut atteint d’ur.e ma'adie
mortelle, on le tranfporta au château de Montpenfier,
il y mourut l’an 12.26 ; la caufe de Ion mal fut ignorée ;
on foupçonna Thibaut, comte de Champagne , de
l’avoir empoifonné ; les médecins crurent que trop de
continence avoit altéré fa fanté ; on lui confèillà d’admettre
dans fon lit une jeune perfonne d’une rare
beauté. Louis répondit qu’il aimoit mieux mourir que
de manquer à la fidélité conjugale ; ce fut en vain que
pendant fon fcmmeil on mit près de lui une fille
qui facrifioit fon honneur au falut de l’état & du
roi r il la chaffa, mais fans dureté , & lui fit donner
une dot & un époux. Ce prince diéla enfùite fon tefta-
ment d’une voix ferme & d’un air ferein ; la couronne
appartenoît à Louis, l’aîné de fes fils ; le fécond eut
l’Artois ; le troifième le Poitou ; le quatrième l’Anjou
& le Maine. ( M. G.)
Louis IX , &\t-Saint-Louis, roi de France, n’avoit
que 12 ans lorfquil monta fur le trône , e v 1226 ;
la régence fut confiée à la reine Blanche, fà mère :
cette princeffe , aufïi courageufe que fàge-, fut diffi-
per la. ligue de grands vaffaux révoltés ; il fallut négocier
, prendre les armes, les quitter , les reprendre
encore. Henri III , roi d’Angleterre , appelle en
France par le duc de Bretagne , ne fe montra que
pour s’enfuir r le duc fut forcé d’implorer la clémence
du roi , qui lui déclara qu’après la mort de fon fils,
la Bretagne retourneroit à la couronne. Louis parvenu
à l’âge fixé par les loix , gouverna par lui-
même ; mais il n’en fut pas moins docile aux confèils
de la reine Blanche ; ce fut elle qui l’unit à Marguerite
de Provence, fille de Raimond Béranger : on prétend
que peu de temps après eette heur.eufe alliance,
le vieux de la Montagne, craignant au fond, de L’Afie
un jeune prince qui fàifoit l’admiration de l’Europe,.
fit partir deux émiffaires pour Paflàfîiner ;. que ces
miferables furent découverts; que Louis leur pardonna*.
& les renvoya, chargés de prefents.
Le comte de la Marche leva l’étendard de la- révolte
en 1240 ; Henri I I I , ro*i d’Angleterre , époufà.
fa querelle ; bientôt les bords de la Charente forent
couverts de combattants on en vint aux mains près
de Taillebôurg ce fot là que Louis IX foutrnt
prefque feul, fur un pont, le choc de l’armée ennemie ;
vaincue elle s’enfuît vers Xaintes, Louis la pourfuit,
la taille en pièces Henri va chercher un afyle en.
Angleterre * le comte de la Marche fe lonmet , &
le roi lui pardonne. Ce prince traita les prifonniers
comme il aüroit traité fes fujets; il tomba peu de
temps après dans une maladie dont les fuites furent
fatales aux François * aux Sarrafins, à lui-même ::il
fit voeu d’aller porter la guerre en Paleftine, fi le ciel
lui rendoit la fanté ; on ne conçoit guère comment
un roi fi fage , fi doux, fîjufte , put promettre à Dieu
qu’il cteroit la vie à des milliers d’hommes , s’il la lui
rendoit : on conçoit moins encore comment il accomplit
de fàng-froid un ferment ihdiferet qui lui étoit
échappé dans un des plus violents accès de fa maladie-
Il partit & laifîa les rênes de l’état entre les ma’ns
de la re:ne Elanche ; fes frères le fiiivirent. Louis
en defeendant fur les côtes d’Egypte , fignale fon
arrivée-par une vi&oire ; celle de la Maffoure donne
encore aux Sarrafins une plus haute idée de fon courage
; ce fot-’là qu’on le vit pleurer & venger la mort
du comte d’Artois fon frère ; mais bientôt la foraine
change , une famine cruelle défoie l’armée ; pour
comble de malheur , Louis eft pris avec fes deux
frères : il avoit été mp défis dans fes profpérités , il
fut grand dans les fers. Sa liberté'coûta cher à l’état;.,
au refie, on rie pouvoit racheter à trop haut prix un
fi grand prince : il fut délivré , mais il alla perdre
encore en Paleftine , quatre années qu’il aurcit pu_
cqnfacrer au bonheur de fes fujets. Enfin la mort de
la reine-mère le força de revenir en France : il laifïà-
l’Afie étonnée de fa valeur, & plus encore de les,»
vertus. Les Sarrafins fe racontoient avec furprife.
tous fes exploits, clbnt ils avoient été, les témoins,
comme il s’étoit défendu long-temps feul contre une
multitude d’aflaillants ,. comme il avoit pénétré fouvent:
jufqu’aux derniers, rangs de fês ennemis; avec quelle,
fermeté il avoit vu dans fa prifon de vils affaffins v
lever le bras for fa tête ; avec quelle grandeur d’ame-
il leur avoit pardonné !
Mais déjà il eft en France ,. le peuplé le reçoit avec:
les tranlpoits de la joie la plus vive. Par un traité-
conclu avec le roi d’Aragon , Louis réunit à fà couronne
la partie méridionale de la France , que les.»
Efpagnols avoient ufurpée ; mais par un autre traité-
avec le roi d’Angleterre,.. il lui cède une partie de las
Guienne,. le Linioufm , le Quercy, le Périgord &
l’Agenois, à condition que Henri en rendra hommage
au roi de France , Ôt qu’il renoncera à toutes fès.
prétentions for la Normandie &. quelques autres provinces.
Henri III devenu plus puifiànt en France
n’en étoit pas moins foible en Angleterre ;. lès barons-,
animés déjà par cet efprit d’indépendance qui s’efb
perpétué dans la Grande-Bretagne,; levèrent, contre:
lui. l’étendard de la.révolte ; mais d’une voix unanime
le roi & les rebelles fournirent leurs différends au jugement
d € Louis IX. Si la fentence qu’il porta, ne:
calma point cette grande querelle * elle fervit du,
moins à faire connoître quelle confiance infpiroit à.
l’Europe la bonne-foi dé ce monarque , puifque des.
étrangers,, fi long-temps nos ennemis,. venoient chercher
aux pieds du trône, la juftice qu’ils ne trou—
voient point dans leur patrie. Get amour de l’équité
lui diéla une fàge ordonnance, contre les duels ufités:»
alors dans toutes les. conteftations ; mais s’il eut affez.
d’autorité, pour proferire de fes domaines cet abus.-,
exécrable, il. n’éut pas affez. de crédit for l’èfprit de
fes barons pour l’interdire dans , leurs terres-; & après-
fà mort cette licence confervée dans les domaines,-
des grands- vaffaux, reflua bientôt dans ceux du roi..
Ennemi de tout ce qui fentoit l’impiété , il avoit.
condamné les blafphémateurs à avoir la langue percée
avec un fer chaud ; mais il fentit que le délire de la.
fureur pouvoit quelquefois affoiblir la noirceur de-
ce crime,. & il.réduifijria peine à une amende^écur
-tiiâire. La France étoit heurenfe * on avoit réparé les
■ pertes qu’on avoit faites dans les croifades ; le peuple
■ payoit peu d’impôts, ôc. les payot gaiement, parce
qu’il en voyoit l’ufage. Louis IX vivoit, comme un
père au fein de fa famille, heureux du bonheur de fes
enfants ; une paix profonde régnoit dans les provinces ; 1,
la fageïfe du roi etouffoit ces différends des feigneurs
qui allumoisnt entr’eux de petites guerres , auffi fu-
neftes en dérail que celles des rois l’étoient en grand.
La foreur des croifades troubla encore une fois le repos
de l’état ; Louis s’embarqua en 1269, il confia la régence
du royaume à Mathieu, abbé de Saint-Denis,
& à Simon de Clermont de Nefle ; il avoit fait fon
teftament, afin que fi la mort l’attendoit fur les c tes
-d’Afrique , les fuites n’en fuffent point fàtales a la
France; il aborda près de Tunis, & fit le^fiege de
cetté ville : les Sarrafins opposèrent plus dune fois
la perfidie au courage ; on amena au roi trois de ces
barbares , qu’on accufoit d’avoir trempé dans yne
trahifon; le fait étoit probable , mais il n’étoit pas
prouvé: « qu’on les délivre, dit S^int-Louis ;• j’aime
» mieux m’expofer à fauver des coupables, qu’à faire
i> périr des innocents ». Cependant la pefte faifbit dans
le camp les plus affreux ravages , Louis en fot atteint, 1
& parut plus touché des maux qui affligeoient fes
foldats, que de ceux qu’il fouffroit lui-même ; lorf-
qu’il fentit les approches de la mort, il fit venir Philippe
I I I , fon fils', & lui donna les confèils les plus
fublimes ; la bafe’ de cette morale étoit qu’un roi eft
,1e premier citoyen du corps politique , & qu’il doit
toujours préférer le bonheur de fon peuple à fon propre
intérêt : ces difeours n’auroient eujien d’étonnant,
fi Louis IX ne .les eût appuyés par de grands exemples.
La leçon la plus belle qu’il Iaiffoit à Philippe III,
•étoit l’hiftoire de fa vie: il mourut ie 25 août 1270,
•& fot canonifé l’an 12.97 , par le pape Boniface VIII.
Louis IX étoit brave , & même un peu,téméraire ;
fils docile, époux fidèle, père tendre ; né avec des
pallions vives , il fut les va’ncre, & cette viâoire
l’honore plus que celles qu’il remporta fur les Sarrafins
, il étoit fimple dans fes moeurs comme dans fes
vêtements: ; fa vertu étoit fà plus riche parure ; l’amour
de fes fujets lui.tenoit lieu de gardes : clément & doux
lorfqu’on l’avoit offenfé, il étoit inéxorable lorfqu’on
offenfoit Dieu ou l’état : ennemi de la flatterie , il
.'Cherchoit moins à recevoir des éloges qua les mériter;
on auroit.défiré moins d’âpreté dans fa dévotion ,
6c. c’eft avec regret que l’on voit un fi grand roi préférer
pendant quelques années, le plaifir de faire le
malheur des Sarrafins, à celui de faire le bonheur de
la France. Joinville qui le foi vit dans fes expéditions ,
a écrit fa vie avec ce ton ingénu qui porte le carâ&ère
de la vérité, ( M. de Sa c y .)
Louis X , furnommé le Hutin, étoit jeune encore,
lorfqu’il fuccéda à Philippe-le-Bel fon père l’an 1314 :
il avoit époufé Marguerite de Bourgogne ; mais cette
princeffe mérita, parla plus noire infidélité, l’arrêt
rigoureux qui la condamna à être étranglée dans
fa prifon, l’an 1315. Louis époufa depuis Clémence
de Hongrie : lorfqu’il fe fit facrer, on ne trouva point
dans le tréfor royal, d’argent pour cette cérémonie.
Charles de Valois , oncle du ro i, avoit juré ia perte
d’Enguerrand de Marigny , il fa:fit cette occafiori
pour fatisfaire fon reffentiment. Le miniftre fot accufé
de malverfaiion. II étoit aifé de rejetter fur lui toutes
les fautes du feu roi : il fut pendu au gibet de Mont-
faucon qu’il avoit fait dreffer. Louis rappel la en France
les Juifs qui en avoient été bannis ; il fit des loix pour
favorlfer l’agriculture ; mais bientôt il démentit les
heureux commencements de fon règne , en accablant
fon peuple d’impôts , pour continuer la guerre de
Flandre qu’il fit fans fùccès. Ce prince mourut au
château de Vincennes- le 5 juin 1316. Le fomom de
Hutin qu’on lui donna , fignifioit querelleur ; c’étoit
fans doute chez ce prince un défaut domeftique ; car
il ne parut querelleur ni dans la manière dont il gou»
vernoit fes fujets, ni dans celle dont il traitoit ave«
les étrangers. ( M. d e Sa cy. )
Louis X I , roi de France , commença dès fa jeu-
neffe à jouer un rôle important dans l’état; il fignalà
fà valeur contre les Anglois', aida Charles VII à
chaffer- du royaume ces avides conquérants, & força
le célèbre Taîbot à lever le fiège de Dieppe ; mais
à peine Charles VII fut-il tranquille for le trône , que
l’indocile Louis raffembla près de lui les mécontents ,
donna- le lignai de la révolte ; il lui en coûta plus
pour demander grâce , qu’à fon père pour lui pardonner
; Charles l’envoya contre les Suiffes , dont il fit un
mafiacre effroyable ; pénétré d’eftime pour ces braves
républicains, il dit qu’il aimoit mieux déformais
•les avoir pour alliés que pour ennemis. Revenu de
cette expédition , il caufa de nouveaux chagrins à
Charles VII , fe retira en Dauph:né, & paflà dans
le Brabant , où il apprit la mort de fon père l’an
1461. Il accourut pour prendre poffefïion du trône ;
ce ne fut qu’avec une répugnance marquée, 6l fous
des conditions ares -dures, qu’il pardonna aux officiers
que Charles avoit envoyés pour réprimer fa
révolte ; il dépouilla tous ceux que fon père avoit
revêtus des'premières dignités de l’état , il. en décora
des hommes qu’il ne croyoit fidèles que parce
u’ils avoient intérêt de l’être. Cependant il s’occupa
e foins politiques : il prêta une fomme confidéra-
ble à Jean , roi d’Aragon , qui fe voyoit attaque
par les Navarrois unis aux Caft llans, & reçut pour
gage de cette fomme les comtés de Cerdaigne & de
Rouffillon, Pour fureté d’une autre fomme que Marguerite
.d’Anjou emprunta de lu i, cette princeffe promit
de lui livrer la ville de Calais fitot que les fers
de'Henri VI fon époux , feroient brifés; il racheta
de même pour de l’argent, les villes de Picardie qui
avoient été cédées à Phi^ppe-le- Bon, duc de Bourgogne.
Le peuple , quoiqu’accablé d’impôts, aimoit
mieux que ces conquêtes foffent payées de fes richeffes
que de fon fang. Louis X I , en 1462 , créa le parlement
de Bordeaux.
Cependant il fe formoit une ligue puiffante contre
le roi :• les ducs de Berry , de Bretagne & de Bourbon ,
les comtes de Charolois & de Dunois étoient à ia tête
dés fa&eux : cette guerre , qui fit tant de m&l au
B b b a