
a écrit la vie fatyrique de Montmaur, fous îe titre de
Gargïllus Marnurn$> Sallengre a recueilli, fous le titre
OtHiftoirc de Montmaur, tous les libelles faits contre
cet homme. Pour lu i , îl n’écrivoit point , mais il
partait , & la langue étoit encore -plus venimeufe que
la plume de fes adverfaîres : il àvoit une mémoire
cha rgéë d’anecdotes fcandaleufes, vraies ou faillies ,
contre les auteurs, morts Ou vivants ; & on appelloit
de Ion nom Montmaurïjmes, des allufions malignes,
tirées du grec ou du latin, qu’ il faifoit aux noms des
auteurs qui l’attaquoiem. La grande réputation qui lui eft reliée , eft celle de paraître. Grâce aux ehangemens
arrivés dans nos moeurs, on ne feit plus aujourd’hui
ce que c’eft qu’un parafite. Boileau a dit ;
Savant en ce métier, fi cher aux béaux-efpri ts ,
Dont Montmaur autrefois fit leçon dans Paris.
Les beaux-éfprks, les gens de lettres dînent beaucoup
en ville , plus peut-être que l’ intérêt du travail ne le demanderait
; mais aucun ne peut être défigné par le titre
• de parafîte, même en fe reportant au temps où ce
titre avoit une lignification. Tout ce qu’on voit dans
cette conjuration des auteurs contre Montmaur,, c’ell
la jaloufie que leur infpiroit la facilité de parler qui lé
diftingoit parmi eu x, 6c qu’il exérçoit eontr’e u x , tand-s
qii’il leur lailToit les écrits. On peut y voir auffi combien
les injures dites en grec ou en latin, fàifoient
d ’imprelfion alors & quelle étoit l'a grolfiéreté du ton ■
& des difeours des gens de lettres. Montmaur abufoit
quelquefois de la parole & de l’érudition fugitive que
permet la converfation ; il hazardoit de fauffes citations
, dans l’elpérance qu’on ne les vérifieroit pas ; il
en fut plufieurs fois convaincu avec honte ; mais cette
honte ne ferisfit point fes ennemis ; ils eurent recours
a la vengeance des lâches, à la calomnie. Un portier
du Collège de Boncour , où demeurait Montmaur,
^yant été tu e , iis publièrent que c’étoit Montmaur
qui l’a voit affommé dun coup de bûche ; ils donnèrent
aflez de vraifemblance à leur accufation, pour que
Montmaur fût mis en prifbn ; leur fuccès n’alla pas plus
loin , fon innocence fut prouvée r ils fe bornèrent alors
a ces calomnies qu’on croit fens en exiger la preuve ;
iis l’accusèrent de corrompre la jeuneffe. Ce qu’il y a
de plùs confiant fur fon compte , c’eft que c’étoit un
pédant redoutable & odieux aux pédans fes confrères.
Il avoit été jéfuite, avoca t, poète. IT mourut en 1648 ,
âgé de foixante & quatorze ans.
M ON TM ÉN IL . Voyc^ Sag e ( le ) .
M O N TM IR A ÎL . (O n prononce MONTMTRF.I
Voyè^ T e lo e r ( le ).
?M O N TM O R E N C I , ( Maifon de ) (B iß . de Fr.)
C e f i ici fur-tout que l’on, peut dire :
Fortia fada patrum , fériés tongijfma rerum %
P ir lot duELi viros antiques ab origine gentis.
L origine de la maifon de Montmorenci fe perd dans
îanuit des temps. O.a a toujours cru que les Montmo- J
rend defeendoient du premier des Francs qui embrafla J
le chriftianitme. Les auteurs fe partagent fut céttê
origine ; les u n s , tels que Robert Cenal , évêque
d’Avranches , liv. 1 de fes Remarques Gauloifes, & le
préfident Fauchet, liv. a des Antiquités Françoifes,
l’attribuent à L ifo ie, général de Clovis ; d’autres,
tels que Mcrula, du Verdier , A n ffe l, àLisbius, le
plus noble 6i le plus puiffarit dés Gaulois qui habi-
toient la province nommée aujourd’hui l’Ifle-de-France'.
Lisbins lut , dit-on, converti1 par St. Denis, & fouffrit
le martyre avec lui au troifième fiècle. Le nom
Lisb’.us & celui de Lifoie paroiffent être le même.
Quant àu nom de Montmorenci, il vient , dit-on ^
de ce que Guy-le-Blond, l’un des chefs de cette maifon ,
& compagnon d’armes de Charles-Martel, tua dans
une bataille , un roi More & le voyant tomber ,
s’écria: voilà mon More occis ; on ajoute qu’en mémoire
de ce fuccès, il battit un château qu’il appella Mon-
More-occis , d’où eft venu par corruption , le nom de
Montmorenci.
Quant aux armes de Montmorenci, elles n'a voient,
d’abord que la croix ; mais dans Pexcurfion que l’em*-
pereur Oihon II fit jufqu’aux portes de Pa r is , l’an
978 » Bouchard de Montmorenci, dont Othon avoit
brûlé le château*, fut Un de ceux qui fediftinguèrent
le plus contre ce formidable ennemi, lorfque Lothaire
6c Hugues-Capet battirent fon arrière-garde au palpage
de l’Aine. On affure qu’il enleva aux Allemands,
quaire étendards ou aigles impériales, & que ce fut en.
mémoire de cet exploit, qu’il orna la cro’fec de fes
armes de quatre aiglettes ou alérions. Ses defeendants
n’euresat point d’autres armes jnfqua Matthieu II de
Montmorencic d it le Grand, connétable de F rance, qui
a la bataille de Bovines, ayant enlevé douze aigles
impériales, augmenta fon éeuffon de douze alérions ,
par ordre de Philippe- Augufte..
Les Montmorenci s’intituloient 1 Sires de Monîmcrenct\
par la grâce de Dieu. Sous les rois Robert 6c Henri I ,
Bouchard III & Alberic de Montmorenci fon frère,,
connétable de France, lignent prelquetoutes les Chartres
avec les grands vaffaux de la couronne , tels que
les comtes de Flandres , de Champagne, les ducs de
Normandie. Sous Henri I & Philippe I , Ke connétable
Thibaud & Hervé de Montmorenci fon frère , bous
ille r de France, lignent., prefoue tous les aéles fo—
lemnels avant les grands officiers de la couronne ; les
rois les appellent princes du royaume , nobles princes,.
Sous Louis - le - Jeune, Matthieu I de Montmorenci ,
connétable de Fiance , époufe , du confentement du
ro i, la reine douairière , fa mè re , veuve de Louis*
le-Gros, & gouverne fagement le royaume avec elle
& avec l’abbé Suger, pendant la funefte expédition
de Louis-le-Jeune dans la Paleft nc. Hervé de Mont-
moreneï, fon frère , s’attache à Henri I I , roi d’Angleterre
, 6c par les exploits les plus figna.’é s , obtient les
dignités de connétable & de fénéchal d’Irlande, avec
un établiffement immenfe dans ce royaume , à la conquête
duquel il avoit beaucoup contribué.
Matthieu de Montmorenci- M a r ly , fils du connétable-
Matthieu I , héros plein d’audace , cherehoit dans;
les combats * les guerriers les plus redoutés, tels, que Ig
Çohife de Leieeftre * furnommé. l’Achille de I’Angle-
gleterre, &c Richard coeur de lion lui-même. Il fuivit
Philippe-Augufte en Syrie , & fe diftingua au fiége
d’A c re , où il perdit Joeelin de Montmorenci fon neveu ;
mais ce fut for-tout dans l’expédition de Conftantinople
en 12.03 6c 1104 ,- qu’ il acquit une gloire immortelle.
Il mourut dans le lefri de la viéfoire , au moment
où il alloit partager avec les autres chefs, les débris
de l’empire conquis par leur valeur.
L e plus illufire des Montmorenci du 13me. fiècle , eft
le connétable Matthieu I I , dit le Grand. Ge fut lui qui
éleva la dignité de connétable au-deffus de tous les
offices militaires, & qui en fit la prem ère dignité de
l’état. Sa vie n’offre quùne fuite continuelle de viétaires
& de conquêtes. Son hiftoire , néceflairement liée
avçc celle de Philippe-Augufte , qui lui dut en grande
partie l’éclat defon règne; de Louis VIII & de St. Louis,
a qui fes ferviceS furent encore fi utiles, eft fuffifàmment
connue par l’Hiftoire de France; mais un trait plus
intéreflant, aux yeux de l’humanité, que des vi&oires ,
c’eft que Montmorenci, moyennant une légère redevance
, affranchit tous fes vaffaux des corvées, des tailles
& des impofitions que les barons étoient alors en poffefi
fion d’àfxiger ; bienfait immenfe , car plus de fix cents
fiefs dépendoient de fa feule baronnie de Montmorenci.
C e Connétable étoit grand - o n d e , oncle, beau-
frère , neveu, petit-fi-s de deux empereurs, de fix
rois, & allié de tous les fouverains de l’Europe ; il
prenoit , comme fes ancêtres, la qualité de Sire de
Montmorenci , par la grâce de Dieu. La plûpart des ;
têtes couronnées de l’Europe defcendent de ce grand
homme, par le mariage de Jeanne de L a v a l, une de
fes petites-filles , avec Louis de Bourbon , comte de
Vendôme , trifayeul d’Henri IV.
Un autre Matthieu de Montmorenci', furnommé auffi
le Grand, amiral & grand chambellan de F rance,
ne fe fignala pas moins par les fervices qu’il rendit aux
-rois Philippe le-Hardi & Philippe-Ie-Bel. Ce Seigneur,
qui aimoit beaucoup la chaffe, ayant reçu des plaintes
de fes vaflàux fur le dégât que faifoit le gibier dans
leurs héritages, leur permit, leur ordonna même de
tuer & d’emporter tout ce qu’ils trouveraient de gibier
de toute cfpèce dans l’étendue de fes domaines , ne fe
réfervant qu’une feule garenne, pour y prendre le plai-
fir de la chaffe , fans aucun préjudice pour fes vaffaux ;
trait qui trouvera plus d’admirateurs parmi le peuple,
que d’imitateurs parmi les grands.
Le même Matthieu afiïgna des fonds pour habiller
tous les pauvres de fes terres : plufieurs de fes ancêtres
lui en avoient donné l’exemple.
Sous les rois de la branche des V alois & pendant les
longues divifîons de la France & de l’Angleterre, les
Montmorenci continuent à fe diftingu er par leur zèle
pour l’état, par leurs talens 6c par leurs vertus. Nulle
maifon du royaume ne donna de plus grandes marques
d’attachement à Charles V II y pendant la tyrannie des
Anglois en France. Jean I I , leigneur de Montmorenci,
à peine forti de l’enfance , abandonna , pour le foivre ,
des biens immenfes dans l’I lïe- de - France ,.,en Normandie,
en Brie » en Champagne , en Picardie x eu
Artois, en Flandres ; les Anglois le déclarèrent cri-'
minel de lèzc-majefté, ils conrifquèrent fes biens ; cet
arrêt ne contient pas un mot qui ne foit l’élcge le plus-
complet de fà fidélité pour fon roi. Une branche de
cette maifon, connue fous le nom de Montmorenci
Bcaufati, fut enfevelie dans les plaines de Verneuil
en 1424. G u y , 14e. comte de Laval, fes frères André
de L a v a l, fire de L ohe ac, maréchal de France &
amiral, & Louis de Laval 7 Etre de Châiillon , gouverneur
du Dauphiné , Gilles de Laval , fire de-
Rais , maréchal de France ; fon frère , René da.
L a v a l, fire de la Suze ; G u y de L a v a l, feigneur de
Loué , firent par-tout des prod ges-de valeur contre
les Anglois. A peine trouve - t - on dans ces temps-
malheureux , un feul combat où il n’y ait point eu de
Montmorenci, tué ou bleffé, ou pris.
Le maréchal de Rais-, qui vient d?être nommé,
eut une célébrité funefte & une deftinée déplorable
dès l’âge de dix ans , il avoit fignalé fe valeur contre
les Anglois, à l’expulfion defquels il eut beaucoup
de part. Sa naiffance, une fortune immenfe , de grands
talens pour la guerre fembloient fui ouvrir une carrière
brillante. Ses diffipations , fes débauches, fes
folies le conduifirent ap bûcher. Il donna dans toutes
les fuperfiitions de la magie ; il avoit fait avec le
diable, un traité , par-lequel il lui abandonnoit tout,
excepté fa vie & fon ame. Il y eut dans fa-condamnation
, un mélange fingulier de rigueur & d’indulgence,
Jean V , duc de Bretagne T qui, profitant du détordre
d.‘ fes affaires , avoit acheté fes terres à vil prix , fus
fon plus ardent perfécuteur. Le maréchal de Rais fut-
coridamé à être brûlé vif .en 1470. On fit à Nantes
une procefiion générale , dont l’objet étoit de demander
pour Je maréchal, le courage de foutenir eet horrible
fopplice/Le duc de Bretagne fut préfent à l’exécu-
troit; Des hiftoriens-difent qu’il permit quon l’étranglât
avant de le- livrer aux flammes. On retira du feu-
fon corps avant qu’il fût endommagé , & on l’enterra
dans l’églife dès Carmes de Nantes, avec la plus grande
pompe. Il étoit d’une branche de Montmorenci-Laval 5-
éteinte dans le quinzième fiècle.
Jean II , baron de Montmorenci , déshérita1
fes deux fils aînés , Jean de Nivelle & Louis de
Foffeux , parce qu'ls avoient embraffé la querelle du
duc Bourgogne; Charles-le-Téméraire , dont ils étoient
les vaffaux; il tranfporta leurs droits à Guillaume,-
fon troifième fils, qui vint avec lui fervir Louis XI. Ge
Guillaume yqui fe difHngua fous Louis X I , Charles VIII*
Louis XII & François I y fut la tige d une branche de
la maifon de Montmorenci, qui l’emporta encore en*
éc’a t , fur toutes les autres ; elle adonné à la France *
dans l’efpace d’environ un fièc le, depuis François I
jufqu’à- Louis XIII , deux conné table sdeux grands-
amiraux , deux grands-maîtres, quatre maréchaux de
France , cinq ducs & pairs , huit chevaliers de Saint-
Michel avant l’inftitution de l’ordre du Saint-Efprit *
trois chevaliers de ce dernier o rdre, deux de la Jarretière
, dès colonels-généraux dès Suiffes & de la Cavalerie
Légère. L ’hiftoire du fameux connétable Anne *
du connétable Henri I fon fils , non moins fameux *