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au collège de Beauvais auteur d’une mauvaîfe traduction
de Tacite, & d’une médiocre traduction de
Tite-Live. Mort le 29 mai 175-1.' î
GUER1NIERE , (François Robichon de la ( HifL
Litt. mod.) écuyer au roi, auteur de deux ouvrages
eftimés for fon art : Eléments de Cavalerie ; Ecole de
Cavalerie. Mört en 17511
GUERRY, ( Hiß. de Fr. ) capitaine françois , du
parti catholique, rédaifitaprès la bataille de St.Denis
en 15 6 7 , toute l’armée proteftante à-échouer devant
un {impie moulin qu’il défendoit , &. qui de fon nom-
s’eft appelle lè Moulin Guerry.
GUESCLIN , (Bertrand du) (Hiß. de Fr.') Enfant,
il n’eut aucune des grâces de l’enfance. Défagréable à
.fes parents même ,• par fa difformité , par- une humeur
dure & fâüvage , fon éducation fut abandonnée aux
foins ou plutôt aux mépris & aux infultes des domef-
tiques. Indigné d’un tel aviltffement, il en devint plus
indocile & plus farouche. 11 ne fçavoitni lire ni écrire ;.
on ne pOuvoit lui rien apprendre ; il vouloit battre fes
maîtres ;- il ne refpiroit dès-lors que les combats ; il
s’enflammoit au récit que lui faifoitfompère dés exploits
" des héros ; il raffembloit les. enfants dü voifinage^ il
en fbrmoit des efpèces de compagnies” militaires
qu’il dreffoit à toutes fortes d’exercices ; fouvent-il les
menoit à des combats réels & a.des périls certains ; fon
père -, Brave gentilhomme breton, fut obligé de lui
défendre ces amufements dangereux ; & les défenfes
étant inutiles ,1 1 prit le parti de l’enfermer dans fa
chambre. Du Guefclin trouve le moyen de fe fàuver,
& va chercher un afyle à Rennes , chez un de fes
oncles. Il y apprend' qu’il doit y avoir dans la grande
place de Rennes un combat à la lutte ; il y court
malgré tout le monde, revient vainqueur, mais eftropié
pour un temps. Sa mère difoit de lui : itn ’y a pas de
plus mauvais garçon- au monde y ib efl toujùurs blèffé,
l* v if âge. rompu , toujours - battant ou battu; fon père &
moi nous le voudrions voir fous terre. 11» changèrent bien
de fentiment après ce fameux tournoi, où un chevalier
inconnu, ayant défarçonné ou défarmé-jufqu’a quinze
des plus braves-champions $ |Sfayant eu enfin la vifière
de fon cafque enlevée , fut reconnu peur| Bertrand
du Guefclin. Son père ne lui avoit point permis d’en-:
^trer dans la lice', à caufè de fa jeuneffe & de fon
inexpérience. Bertrand du Guefclin refté parmi le»
fpeâateurs, ayant vu un cHevahèr qui fe retiroit après
avoir fourni fes courfès , l’avoit f ù i v i s ’étoit jette à
1 as- pieds pour obtenir fes armes &. fon cheval, & en
avoit fait ce digne ufage.
Devenu ilîuflre par cette aventure., il s’emprefîa de
.chercher au fèrvice militaire, des occafions de gloire
phis utiles. Il fit fes premières armes fous lé comte de
Blois-, au fiège de Rennes.en 1342. Avec vingt foldats,
il repouffa devant Vannes,., un. corps confidérable
d’anglois. On trouve enfuite un vuide de huit, années
dans fon hiftoir-e; il ne reparoît-. qu’en 1351; mais
déjà redoutable aux anglois., pour qui fon cri de guerre
Notre - Dame Güefcïîn fembloif être un coup de -
foudre , ce qui prouve qu’il n’étoit pas'refié dans
Bnaétion. pendant, ces huit années , c.ù la Bretagne fa.
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patrie” avoit toujours été le théâtre de la^'gueff^
Eii 13 5 1 , du Guefclin fut du nombre des ambafe
fadeurs bretons chargés de mener à Londres les deux
fils, du comte de Blois,-. qui venoient fèrvir d’otages
à leur père , pris au combat de la Roche-de-Rien ,
le 20 juin 1347. Du Guefclin fe diftingua dans cette
ambaffade par kfermeté avec laquelle il ofa parler à
Edouard I I I , qui demandoit d’un ton menaçant aux
ambaffadeurs, fi les françois n’obferveroient pas la
trêve r Sire y dit du Guefclin,, nous ï obferverons comme
vous iobfervere{ : f i vous la rompez, y nous la romprons.
De retour en Bretagne ,, il battit & fit prilonmer
un capitaine du parti anglois, nommé La-Toigne,
qui, peu de temps après,..le fit prifonnier a fon tour,
La même choie lui arriva encore avec un anglois^
nommé Adas ç &. peut-être lefilenee deshiftoriens for
les huit années précédentes, .-vient-il de la même caiife»
Pendant que le due de Lancaflre affiégeoit Rennes ,-en
1356 & 13 57, du Guefclin, ■ quin’avoit pu s’enfermer
dans la place, fàtiguoitl’armée angloife par des courfès
&. des efcarmouches continuelles:;'il fit prifonnier* le
baron de laPoole, &. lui offrit'fa liberté fans rançon,
à condition d’obtenir pour lui du duede Lancaflre,
-la permifïion d’èntrer dans Rennes. Lancaflre la refofà,
en difânt i . f aimerais. mieux qu’ il y entrât cinq cens
gendarmes que le feul du Guefclin. Celui-ci juftifia le
mot du duc de Lancaflre, en trouvant le moyen de
pénétrer dans la-place & d’en faire lever, le fiège ; après
avoir battu pluneurs fois lés anglois.
On ell étonné- de ne pas; trouver le nom de du
Guefclin parmi les' champions du fameux combat des
trente en 1350. G&guerrier, non moins redoutable dans
les combats ünguliers que dans les fiègés & les batailles,
remporta conftamment la* victoire contre Trouffd
contre Kantorbie, contre Brembro, parent de celui
qui r au combat des trente , étoit le chef du parti
anglois...
Du Guefclin ne combattit d’abord les anglois-qu’en
fèrvânt contre la-maifon de Monfort, le comte de Blois, •
qu’il regardoit comme le vrai duc de Bretagne ; il?
s’engagea dans la-foite au fèrvice du roi Jean, qui lui
donna uné compagnie de centrhomme d’armes : il redoubla
de valeur ’ & de zèle contre les' anglois. A la
prifè. du château d’Éffé. en Poitou, une;poutré manque
fous lui, il tombe de dix-huit à vingt pieds de haut,
dans la cour du château ,-■ & fe-caffe une jambe r;;il;
combat en s’appuyant fur l’autre , contre cinq anglois
qui viennent-pour l’achever ;lien tue un ,ilen met deux
autres hors de' combat : il "fe défend allez long-temps
contre les deux derniers, & tombe enfin fans.eonnoif-
fance entre les bras d’ûn chevalier breton qui vient à
fon fecours. !
Au fiège de Melun-que faifoit en' 13 59, Charles V ,
alors - dauphin , tandis- qu’on fappoit la muraille
pour faire une brèche, omvoiî un chevalier y appliquer
une échelle & monter .avec* line audace qui étonna
tout le monde. A à l s’écria le dauphins . ce ne peut être
que du Guefclin ; c’étoit lui-même. On • roule for lui
une groffe pierre qui fracaffe l’échelle ; & le faittomber.
prefque éorafé , dans le foffé ; il perdconnoiffànce; ou.
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te riiet- dans' du fumier chaud; il revient de fon éva*
riouiffement au bout d’une heure , &. demande aufii-
tôt fi la place étoit prife. On lui dit que non ; il s habille
malgré tout le monde court à- l’atfaut ; mais comme
on vit que l’efoalade ne pourroit réuflir oe jour là -, du
Guefclin avec vingt bretons, va pour forcer une des
portes il renverfe quelques-uns des gardes, • & il alîoit
entrer dans la place, fi l’on n’eût levé le pont avec la
plus grande précipitation.
De foldat le voilà général il ouvre le règne pacifique
de Charles V , par la victoire de Cocherel, le
23 mai 1364. ( Voye^.l’article Grailly). Il foumet
la Normandie. L’impétueufe indocilité du comte^ de
Blois lui fait perdre, le 29. fèptembre de la meme
année, la bataille d’Auray, qui décida du fort de la
Bretagne & de la querelle des maifons de Monfort &
de Penthièvre. Le comte de Blois y. efl tué, du Guefclin
y efl fait prifonnier par Chandos , & n’en efl pas
moins regardé d'après cette bataille même, comme le
maître de fes vainqueurs dans l’art de la guerre &
comme le plus grand général dé l’Europe. |
Grâce aux exploits dé du Guefclin & à la fegeffe
de Charles V , 4a France efl en paix avec fes voiüns ;
sîiaiS les Grandes Compagnies, fléau né de la guerre,
la ravagent au fein dé- la paix. Du Guefclin , forti
des fers de Chandos, entreprend d’en purger-la France;
il va les trouver, il leur propofe une entreprife digne
des héros de la fable. Un monftre règne en Caflille
il faut le détrôner. Ce monftre, c’èft Pierre-le-Cruel.
fVoyeçion article. ) Henri de Tranftamare , fon frère,
vient en France implorer contre lui, l’appui de Charles V
& celui du pape qui fiégeoit alors dans Avignon ; il
offre de prendre à-fon fervice le& Grandes Compagnies.
Du Guefclin leur repréfente cette expédition comme
une digne expiation dé tous leurs crimes, for-tout de
cèlui d’avoir plus d’une fois rançonné Avignon : mes
amis , leur dit-il rnous a/vonsafie^ fait, vous&moi,pour
damner nos âmes , & vous pouveç meme vous vanter
d’-aVoir fait pis que moi ; faifons honneur à Dieu , &
le diable laifjbns. On leur donne quelque argent , on
leur en promet davantage ; ils partent. Plufieurs chevaliers
de toutes- nations fé joignent à eux. Du Guefçlin
ne put empêcher fes indociles foldats d’aller encore une
fois rançonner Avignon ; il paroît que du Guefclin fe
prêta trop à-leur avidité il envoya demander l’abfo-
ludon & deux cents mille francs. U11 cardinal vint
négocier. Soye% le bien, venu, lui dit brufquement un-
foldat des Grandes Compagnies :• apporteur vous
de ï argent ? Le cardinal apportoit l’abiolution. Vous
ne connoiffeç pas ces gens-ci , lui dit du Guefclin,
ce font tous'des garnements , nous les faifons prud’hommes
malgré eux : ce n efl. que par refpeli qu’ ils vous demandent
l’abfolution c efl par befpïn qu’ ils vous demandent
de P argent. Le pape tardant un peu à les fatisfaire ,•
vit bientôt les environs d’Avignon tout en feu ; il fe
hâta de lever cent mille francs for fes fojets, &. de'
? les offrir à du Guefclin : « ce n’eft paslà ce que nous-
» voulons,-dit du Guefclin, rendez au peuple & aux
»• pauvres ce que vous venez de leur extorquer ; je'
»-viendrois de l’autre côté des- Pyrénées pour yous
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»forcer à cette reftitution; c’tft du coffre,del’égiife ,
» c’eft de la bourfe du pape & des cardinaux que nous
» voulons être payés. » D:ftinétion frivole & impç-ffiMe l
Comment ne fentoit-H pas que ces extorfions tiniroient
par retomber tôt ou tard for le peuple ?
Du Güefclin entre en Efpagne : la nature eft vengée,
le tyran eft détruit ; fon frère règne. Ma*.s le prince
Noir, le plus vertueux des anglois , le plus humain des
princes, s’arme pour Pierre-le-Cruel, foit par jaîoufie
de la gloire de Guefclin i foit qu’il croie défendre la
caufè des rois/La bataille s’engage contre l’avis de du
Guefclin , entre Najare Si Navarette, le femedi 3
avril 1367. Le comte de Tello, frère de Henri de
Tranftamare, qui avoit montré le plus d’ardeur pour
combatre, qui avoit même infolté' du Guefclin, parce
que ce.général n’étoit pas d’avis de livrer bataille *
s’enfuit dès le commencement'de l’affaire, avec le corps
qu’il' coîtimandoit,. foit par lâcheté , ' foit par trahifon.
Du Guefclin fut fait prifonnier. Pierre-le-Cruel remonte
for ie trône, & paye de la plus noire ingratitude les
fervïces du prince Noir ; cèlui-ci l’abandonne, & met du
Guefclin en liberté, fçaehant qU*ün l’accufoit de le craim
dre :1c on dit que je n’ofe vous délivrer , dit-il lui-
» même à du Guefclin. On me l’a dit, réponddù Guefclin,
» & cette idée iftè cönfofe de refter prifonnier.-.— Eh T
» bien, du Güefclin, vous‘êteslibre, réglez vous-même
»' votre rahçon. » -—Je la taxe à cent mille florins.— Eh !
où-prendrez-vous Cet argent? depuis,quaiiddu Guefclin
théfaurife-t-il ^depuis qùand'les ifialheureilx lui laiflênt-
ils quelque chofè ?-— Ce feront ces malheureux même
qui m'aideront à leur tour ; il n’y a point dans mon
pays de bonne femme qui ne fe/-Cotisât pour ma
•rançon. D ’ailleurs, dé grands rois ne m’abandonneront
pas , ou telquine s’y attend point, payera pour
moi.— Oh 1 moi, dit la princeffe de Galles , femme du
prince Noir je veux être de ces bonnes femmes qui
fe cotiferit poür Ja râilçcn de du Guefclin & je me
taxe à-vingt mille francs.-^ Je me croyois, s’écHa
gaiement du Guefclin , le plus laid de tous' h s chevaliers
, mais après une telle faveur d’une telle princeffe,
je ne me donnerois pas pour le plus beau & ie, plus
. vaillant. Chandos & d’autres capitaines anglois offrirent
leur bôUrfe à du Guefclin , qui accepta leurs offres
pour ea faire fon ufage ordinaire. Il part pour aller
chercher fa rançôn ; ôc for fà' route , il diftribue tout
ce qu’il avoit d’argent aux- malheureux que la guerre
avoit ruinés ; il comptoir for eént mille francs qu’il
avoit laiffés à fà femme en partant pour l’F/pagn^;
mais cette femme, digne dé lui,. n’eut à lui remettre
que là lifté des prifonriiets qu’elle avoit délivrés Sc des
gens de gpërr.è démontés eu ruinés qu’elle avoit remis
'en état de fervir. Du Guefclin approuve cet emploi,
dût-il refter prifonnier. Le pape lui donne vingt mille
francs',,, le duc d’Anjou autant: Du Guefclin croit
porter cette femme à Bordeaux; avant d’y arriver,
il avoit tout donné ; les béfeins d’autrui lui parciffoîenc
toüjôürs plus' preffâhts que les fiêns..« Eh î bien, lui
» dit le prince de Galles, apportez-vous votre rançon ?
Du Guefclin avoua qu’il ne lui reftoit rien. Ah i vous
voilà, dit le prince de-Galles, vous faites le magnifique5