
A n . i i iz .
c. 17.
Martyr. R. 19 . 4pr.
X X I f .
Commencemcis
de S. Bernard.
G a i l l . h v i l . B e r n .
178 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ' .
verance, Alberic laiffa les chofes en cet état quand
il mourut le vingt-fixiéme de Janvier 1 1 0 9 . après
avoir gouverné le monaftere neuf ans & demi. L’année
fui vante 1 1 1 0 . le vingt-neuvième d’Avril mou-
rut Robert abbé de Molefme & fondateur de C î-
teaux , & l’églife l’honore comme faint le même
jour. Le fucceffeur d’Alberic & le troifiéme abbé de
Cîteaux fut Etienne Harding noble A n g lo is , auparavant
prieur , & un de ceux qui étoient fortis, de
Molefme.
De fon tems on défendit à Cifteaux qu’aucun fei-
gneur du païs vînt y tenir fa cour , comme ils fai—
foient auparavant aux fêtes folemnelles ; enfuite on
bannit de cette églife tout ce qui n’étoit pas conforme
à l'humilité & à la pauvreté. Ils réfolurent donc
de n’avoir point de croix d’or ou d’argent , mais feulement
de bois peint, ni de chandeliers, finon un de
fe r , ni d’enccnfoirs que de fer ou de cuivre , ni de
chafubles quede futaineou de toile , fans foïe , or ni
argent 5 les aubes & les amiéts de fimple toile fans
broderie. Ils gardèrent feulement les étoles & les manipules
de foïe -, mais ils quittèrent les chapes , les
dâlmatiques & les tuniques. Les calices avec le chalumeau
pour la communion,étoient feulement d’argent
doré , lés burettes fans or ni argent.
a \ >*Apres qu ili s eurent e/ te/ pl1 ulrie urs ann1 é/ es an gé/ mi•r
devant Dieu de leur petit nombre , & lui demander
avec larmes qu’il leur donnât des fucceffeurs : il exauça
enfin leurs prières, &■ leur en voïa tout à la fois
trente nov ices, dont le chef étoit un jeune gentil-
homme nommé Bernard. Il naquit l’an 1 0 5 1 . près de
Dijon au bourg de Fontaines, dont Tcfcelin fon pe—
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re étoit feigneur : fa mere Alethe étoit fille de Ber- —— —— “
nard feigneur de Monbar. L’un & l’autre étoient A n . i i i z .
vertueux : Tefcelin brave, fidele â fes feigneurs,jufte
& de bon eonfeil : Alethe foumife à fon mari, appliquée
au gouvernement de fa maifon & aux oeuvres
de charité. Ils eurent fept enfans, fix fils & une fille.
La mere les offrit tous à Dieu de fes propres mains
auffi-tôt après leur naiffance, les nourrit de fon la it ,
& tant qu’ils étoient fous fa main, elle ne fouffroit
point qu’ils s'accoutumaient aux viandes trop délicates.
Elle fembloit les préparer de loin à la vie mo-
naftique, qu’ils embrafferent en effet tous fept dans
la fuite,
Bernard vint au monde le troifiéme , & fa mere
étant groffe de lu i, fongea qu’elle portoit un petit
chien blanc qui aboïoit dans fon fein. Effraïée de
ce fonge elle confulta un homme pieux qui lui dit :
Ne craignez point , ce fera un fidele gardien de la
maifon du Seigneur, un prédicateur vehement contre
les ennemis de la f o i , & la douceur de fa langue
guérira les ames malades. La vertueufe dame con-
fiolée par cette prédiélion , ne fe contenta pas d’o f frir
â Dieu cet enfant comme les autres ; elle le dei-
tina entièrement à fon fervice: & dans cette vûë le
fit étudier le plutôt qu’il fut polfible. Ce fut à Cha-
tillon fur Seine qu’il fit fes premières études fous des
ecclefiaftiques feculiers, â la place defquels il procura
depuis l’établiffement d’une communauté de chanoines
réguliers. Comme il avoit l’efprit excellent,
il avança bien-tôtau-delà de fon âge, &paffadeloin
fes compagnons :il aimoit dès lors la retraite, médi-
toit beaucoup, parloit p eu , étoit fimple , doux &
Z ij