
s i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■........... .. felme en écrivit au r o i , lui reprefcntant qu’il étoit
A n . i i o î . inoüi qu’un prince voulût faire executer les loix de
l’églife contre les ecclefiaftiques par des peines temporelles.
C ’eft sfhx évêques , d it-il, à punir ces crimes,
& à leur défaut c’eft à l’archevêque & au primat.
Le roi lui manda qu’il paiTeroit bien-tôt en
Normandie, & le fatisferoit fur cet article.
Cependant les députez revinrent.de Rome,& rapportèrent
entr’autres chofes une commiffion du
pape à Anfelme , pour juger la caufe de Guillaume
archevêque de Rouen. Ce prélat avoit été moine au
Gnii.chr. Bec, puisa S. Etienne de Caën , dont il fut le fécond
abbé, & fucceda en 1079. à Jean d’Avranches dans
le iîege de Roiien , qu’il tint pendant trente-deux
ans. Guillaume nonobftant fon mérité fîngulier,
avoit été depuis long-tems fufpendu de fes fonctions
par le pape, & Anfelme avoit intercédé pour lui par
ces derniers députez. Le pape lui manda donc de faire
en fon nom tout ce qu’il jugeroit à propos en cette
affaire. Il alla à Roiien , & expofa la caufe de fa venue
dans un fynode où Guillaume de Varelvaft député
du roi prefenta les lettres du pape qu’il avoit
10 1 . apportées de Rome ; l’une adreffée à l’archevêque de
Roiien, où le pape l’exhortoit à éloigner de lui ceux,
dont les mauvais confeilsluiavoient fait commettre
if. zdmer. plufieurs fautes ; l’autre à Anfelme , où il marquoit
qu’aïant égard à la fourmilion du roi d’Angleterre ,
il ufoit de condefcendance , & donnoit à Anfelme
le pouvoir d’abfoudre ceux qui avoient reçu les in-
veftitures, ordonné ceux qui les avoient reçûës , ou
fait hommage au roi. Puis il ajoutoit : Si quelques-
uns déformais reçoivent les prélatures fans inveftiture,
quoiqu’ils aient fait hommage au roi, vous ne ---------- —
laifferezpas de les ordonner , jufques à ce que vous A n . i i o 6.
perfuadiéz au roi de s’abftenir de cet hommage. I l .
permet enfuite à Anfelme de recevoir à fa communion
les trois évêques qui avoient fait un faux rapport
au roi en 11 o i . & d’abfoudre le roi & les feif
neurs qui avoient travaillé auprès de lui par ordre s»t■ «: 1.
u pape pour l’affaire des inveftitures. Enfin il lui
commet celle de l’archevêque de Roiien. La lettre eft
du vingt-troifiéme de Mars.
Quand Guillaume de Varelvaft fut arrivé auprès
du roi en Angleterre, &c lui eut rendu compte de ce
qu’il avoit -négocié à Rome , le roi tres-content le
renvoïa prier Anfelme de revenir au plûtôt à fon
églife. Mais Guillaume trouva le prélat malade , &
en fut fenfiblemcnt affligé;car il defiroit alors fince-
rement fon retour & la liberté de l’églife. Il laffura
que le roi étoit abfolument difpofé à fuivre tous fes
confeils, & à être toujours d’accord avec l’églife R o maine.
Enfin il le preifa tant qu’il le fit partir du Bec
tout malade qu’il étoit ; mais quand il fut à Jumieges,
fon mal augmenta de telle foite qu’il ne put paiTer
outre. Il manda au roi la caufe de fon retardement ;
& le roi jura qu’aucune perte ne lui feroit fi fenfible
que la mort d’Anfelme , à qui il manda de fe tenir
en repos & fonger à fa fanté, l’affurant qu’il paife-
roit inceifamment en Normandie.
Anfelme retourna donc au Bec attendre le roi, qui
y vint à l’Alfomption de Notre-Dame , quinzième
d’Août 1106. Alors le prélat entièrement guéri célébra
folemnellement. la melfe, puis le roi &c lui s’af-
fem-blerent, & convinrent de tous les articles qui les
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