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Vit et fer Edrner.
c. 7. n . j u
Martyr, R. t u
j i f r .
L X I I I .
Ecries de S. An-
ielme.
p. io$< Prolog»
t. i.
p . n 7.
u t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qjcj e .
La maladie d’Anfelme étoit un dégoût de toute
nourriture, qui le tint pendant environ iix mois, &c
quoiqu’il fe fît violence pour manger, fes forces di-
minuoient infenfiblement. Ne pouvant plus marcher
il fe faifoit porter tous les jours au faint facri-
fice , pour lequel il avoit une dévotion finguliere.
Ceux qui le fervoient voïant que ce mouvement le
fatiguoit extrêmement, vouloient l’en détourner ;
mais à peine purent-ils l ’obtenir cinq jours avant fa
mort. Le mardi de la femaine-fiinte vers le foir il
perdit la parole : la nuit pendant que l’on chantoit
matines à 1 e g lifc , on lui lut la paffion que l’on de-
voit lire à la meiTe,c’eft-à-dire félon S. Luc, pendant
laquelle comme on vit qu’il alloit palier , on le tira
de fon lit & on le mit fur le cilice & la cendre. Il
rendit ainfi l’efprit au point du jour du mercredi-faine
vingt-uniéme d’Avril 1109. la feiziéme année de fon
pontificat & la foixante & feiziéme de fa vie. Il mourut
à Cantorberi & fut enterré dans fa cathédrale près,
de Lanfranc fon prédecelTeur. L’églife honore la
mémoire de S. Anfelme le jour de fa mort, après laquelle
le fiege de Cantorberi vaqua cinq ans.
Outre les écrits de S. Anfelme dont j’ai parlé , il
nous en relie grand nombre d’autres , tant dogmatiques
que moraux. Il y en a trois qu’il fit pour l’intelligence
de l’écriture fainte en forme de dialogues.
\ 1 • /
Le premier de la vérité : ce que c’eft , en quels fujets
elle fe trouve, & ce que c’eft que la juftice. Il y montre
entre autres chofes, que les fens nous rapportent
toujours la vérité, & que l’erreur que nous attribuons
aux fens n’eft que dans le jugement précipité. Le fécond
traité eft du libre arbitre , qu’il définit ainfi :
L i v r e so ix a n t e -c i n q u i e ’m e . 113
C ’eft le pouvoir de garder la droiture de la v o lo n t é ,---------------
à caufe de cette droiture même. Il montre que le A n . 110?.
pouvoir de pecher ne lui eft point eifentiel : que la ?.
créature après avoir péché n’a pas laifle d’avoir en- c• *•
core le libre arbitre : qu’elle ne peche jamais que li- c f
brement, & que la violence de la tentation rend feulement
la réfiftance plus difficile, mais non pas im-
poffible ; en forte que celui qui ment pour éviter la
mort, choifit le menfonge , &r c’eft improprement
que l'on d it, qu’il ment malgré lui. Que Dieu faic un
plus grand miracle en rendant la droiture de la v o lonté
à celui qui l’a perdue par le péché , qu’en reC-
fufeitant un mort.
Le rroifiéme traité eft de la chute du diable. Saint p.
Anfelme y examine principalement cette queftion.
En quoi le diable a péché de n’être pas demeure dans
la vérité , puifque Dieu ne lui a pas donné la perfe-
verance qu’il ne pouvoir avoir autrement, & quil
auroit eue fi D ieu la lui eût donnée comme aux bons
anges. Dans ce dialogue il traite auffi par occafion
de la confirmation des bons anges dans 1 état de
grâce. Il y traite à fonds de la nature du mal Sc de ^ $
fon origine , & montre comment on peut dire que
Dieu fait la mauvaife volonté de la créature, en tant
qu’elle eft volonté, non en tant qu’elle eft mauvaife.
Quoique ces trois traitez foient féparez , l’auteur- re- TroU)g^evl,rit,
çommandoit qu’on les écrivît de fuite à caufe de la
conformité des matières. Il les compofa tous trois «•
étant prieur du Bec , & fit dans le même tems un
autre dialogue intitulé du Grammairien , a caufe du
mot qu’il prend pour exemple ; & c’eft un traite de
Diale£tique.
Q À i
c. 10.