
2.1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ ' s’étoient voilées de même, pour mettre leur honneur
N‘ 1I00, à couvert contre l’infolence des Normans. Avant la
cérémonie desépoufailles, Anfelme dénonça encore
publiquement que fi quelqu’un fçavoit quelque empêchement
légitime, il eût à le déclarer ; &c ainfi
après avoir pris toutes les précautions poifibles , il
permit le mariage entre Henri & Mathilde, & toutefois
il fut calomnié fur ce fujet, comme aïant eu
Vv tlle Malmeß • trop de complaifance pour le roi. Ce mariage fut ce-
u } i ij6. ]ekr£ jour faint Martin onzième de Novembre
i io o .
%dmer. 5. Novor» La même année vint en Angleterre Gui archevêque
de Vienne , difant avoir commiifion du pape
pour exercer les fondrions de légat dans toute la
Grande Bretagne. Cette prétention furprit tout le
monde ; car on n’avoit jamais oüi parler dans le pais
d’autre légat du pape que de l’archevêque de Cantor-
beri. Auffi perfonne ne voulut recevoir celui de Vienne
en cette qualité, & il s’en retourna comme il étoit
venu. Vers le même tems le pape Pafcal écrivit à
l ’archevêque Anfelme, fe réjoiiiffant avec lui de fon
«p. A»/, m. efift. retour en Angleterre-, & l’exhortant à travailler effi-
cacement auprès du roi pour l’affeérionner au faint
fiege , & faire païer le denier faint Pierre, dont l’égli-
fe Romaine avoit alors un très-grand befoin. Il ajoute
: Le duc de Normandie s’eft plaint à nous du roi
d'Angleterre , qui s’eft emparé de ce roïaume au préjudice
du ferment qu’il lui avoit fait ; & vous fçavez
que nous lui devons protedrion ,pour avoir travaillé
à ladélivrance de l’églife d’Afie. C ’eftpourquoi nous
vouions que s’ilsn’ont pas encore fait la paix, vous la
procuriez entr’eux avec l’intervention de nos nonces.
L I V R E S OIX ANT E - C I N QUI E’m E. 2.3
Ces nonces étoient Jean évêque de Tufculum, &
Tibere domeftique du pape. Jean, quoique Romain,
fut premièrement chanoine régulier à S. Quentin de
Beauvais : puis étant revenu dans le monde, il fe fit
moine au Bec fous la conduite de S. Anfelme. Quand
le pape Urbain vint en France , Jean gagna fes bonnes
grâces & le fuivit à Rome ; il devint abbé , en-
fuite évêque, &c enfin le pape Pafcal l’envoïa en
Angleterre l’an 1101. pour recueillir le denier faint
Pierre. Il rencontra en chemin Hugues archevêque
de Lyon qui alloit à Jerufalem , & qui étoit accompagné
de l’évêque de Challon & de celui d’Autun,
dépofé l’année précédente au concile de Poitiers parles
cardinaux légats Jean &c Benoît. Comme l’archevêque
n’étoit pas content de ce jugement, & s’en
plaignoit publiquement, il perfuada a Jean de T u fculum
de rétablir l’évêque d’Autun : en recevant fa
purgation & le ferment que firent l’archevêque de
Lyon & l’évêque de Challon pour en certifier la vérité.
Ainfi Jean de Tufculum ramena avec lui Nor-
gaud d’Autun , & le fit rentrer dans fon diocefe, où
il exerça les fondrions épifcopales comme pleinement
juftifié.
L ’archevêque de Lyon étant arrivé à Rome , y
trouva des chanoines d’Autun qui y avoient porté
leurs plaintes contre lui. Car après le départ des cardinaux
il avoit excommunié ces chanoines , pour s’être
pourvûs devant des juges Romains à fon préjudice
, & pour avoir aliéné quelques biens de leur églife,
afin de fournir aux frais du procès. Ils fe juftifierent
à Rome , le pape les renvoïa abfous, & l’archevêque
de Lyon partit pour Jerufalem avec l’évêque de Die.
A n . i i o i .
i l !
Norgaud évêque
d’Aucun rétabli.
Chr. Vir dun.
x6i.