
A n. i 140.
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Fin d‘Abailard.
Tetr. Clun. iv .
Wm
55<r H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ziéme de Juillet. A cette lettre le pape en joignit
une autre datée du jour precedent, adreflée aux
mêmes archevêques en ces termes : Nous vous ordonnons
par ces Prefentes, de faire enfermer fépa-
rément en des monafteres où vous jugerez le plus à
propos, Pierre Abailard 8c Arnauld de Brefle, auteurs
d’un dogme pervers 8c ennemis de la foi Catholique j
8c de faire brûler les livres de leur erreur , quelque
part qu’ils foient trouvez. Et au-deifous etoit écrit:
Ne montrez ces copies à perfonne, jufqu’àce que les
lettres ayent été prefentées aux archevêques dansla
prochaine conférence de Paris.
Apres le concile de Sens, Abailard prit le chemin
de Rome , voulant pourfuivre fon appel. Il pafla à
C lu g n i , où l’abbé Pierre le venerable lui demanda
où il alloit. Abailard répondit : Je fuis perfecuté par
des gens qui me traitent d’heretique, nom qui me fait
horreur: c’eft pourquoi je veux avoir recours au faint
fiege. L’abbé loua ion deifein, Sil’affura que le pape
ne manqueroit pas de lui rendre juftice, 8c même de
lui faire grâce s’il étoit befoin. Cependant l’abbé de
Cîteaux vint à C lu gn i , 8c traita avec l’abbé de Clugni
8c avec Abailard de fa réconciliation avec faint
Bernard. L’abbé de Clugni y travailla de fon côté,
ôc confeilla à Abailard d’aller avec l’abbé de Cîteaux.
il l’exhorta de plus, à retradfer & effacer ce qu’il pouvoir
avoir dit ouéerit, qui oifenfât les oreilles catholiques.
Abailard fuivit ce confeil; 8c étant revenu à
C lu gn i , il dit à l’abbé , qu’il avoir fait fa paix avec
l’abbé de Clairvaux par la médiation de celui de Cîteaux.
Cependant fachant que le pape avoit confirmé fa
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condamnation ; il fe débita de fon appel ; 8c touché An.i 140.
de avis falutaires de l’abbé de C lu g n i , il refolut de
quitter le tumulte des écoles 8c depalfer dans ce mo-
naftere lereftede fes jours, 8c l’abbé y confentit avec
joye fous le bon plaifir du pape , croyant que cette
refolution convenoit à la vieilleife d’Abailard 8c à
fon peu de fanté -, 6c que fa fcience pourroit être utile
à une communauté fi nombreufe. 11 en écrivit donc
au pape, à la priere d’Abailard lui-même : demandant
qu’il lui fut permis d’achever en repos dans cette
fainte maifon , une vie qu’on jugeoit ne devoir pas
être longue. Le pape y confentit ; 8c Abailard vécut
encore deux ans , édifiant toute la communauté de
Clugni par fon humilité 8c fa penitence,
Pendant fa retraite il écrivit une apologie, où il
défavoüe en général tout ce qu’il peut avoir écrit de
mauvais : mais venant enfuite au particulier des articles
condamnez, ilfoutient qu’ils lui ont été imputez
par ignorance 8c par malice , quoique la plupart
fe trouvent encore dans fes ouvrages : ileft vrai qu’on
y trouve auifi les propofitions contraires, car il n’eft
pas toujours d’accord avec lui-même. Quoiqu’il en
io i t , il donne dans fon apologie une confeifion de
foi catholique fur tous les articles condamnez.
Nous apprenons les particularitez de lapenitence
8c de la mort d’Abailard > par une lettre de Pierre
abbé de Clugni à Heloïfe : où après avoir beaucoup
loiié cette abbelfe de fa pieté 8c de fon érudition , il
Vient à Abailard 8c dit: Je ne me fouvienspoint d’avoir
vù fon femblable en humilité, tant pour l’habit,
que pour la contenance. Je l’obligeois à tenir le premier
rang dans notre nombreufe communauté, mais
A a a a iij.