
S§ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
—■ avoit fortifiée après en avoirchaffé l’archevêque. Pen-
A N. no<î. dantcefiege qui dura environ un mois, fon pere qui
étoit à Liege lui envoïa des députez avec des lettres ,
tant pour lui que pour les feigneurs. Dans la lettre à
fbn fils , il lui reprochoit fa détention à Bingue , &
Les autres mauvais traitemens qu’il avoit fouffercs,
puis il ajoutoit: Il ne vous refte aucun prétexte de la
part du pape & de l’églife Romaine : puifque nous
avons déclaré au légat en votre préfence que nous
étions prêts à lui obéir entout,fuivant le confeil des
feigneurs, de notre pere Hugues abbé de Clugni &
d’autres perfonnes pieufes. Il prie fon fils de lui faire
juftice & le laiiTer vivre en paix ;& finit en déclarant
t-W| qu’il appelle au pape & à l’églife Romaine. La lettre
aux feigneurs contenoit les mêmes plaintes & les
mêmes proteftations. Après que ces deux lettres eurent
été lûes publiquement, le jeune roi , par le confcil
des feigneurs , envoïa auifi des députez à. fon pere
avecunmanifefte qu’il fit auparavant lire auifi en public
par Henri archevêque de Magdebourg , & qui
Vr/pcz. portoit en fubftance. Après un fchifme d’environ
quarante an s , qui a defolé l’empire & l’a réduit à
l’apoftafie & prefque au paganifme : Dieu nous a regardé
en pitié, nous fommes revenus à l’unité de
l’églife , nous avons rejetté le chef incorrigible du
fchifme, H en r i, qui portoit le nom d’empereur , &
nous avons élu un roi qui eft catholique quoique fon
fils. Le pere a témoigné lui-même approuver cette
éleétion , il a rendu les ornemens impériaux, nous a
recommandé fon fils avec larmes, & a promis de ne
plus fonger qu’au fal'ut de fon ame.
Maintenant il revient àfes premiers artifices, il fc
plaint
plaint par toute la terre qu’on lui a fait injure : il s’ef- ~
r r i j t- i a n . iï06»
Force d’attirer contre nous les armes des François^des
A n g lo is , des Danois & des autres nations voifines :
il demande juftice, & promet de fuivre déformais
nos confeilsi mais en effet il ne cherche qu a diifiper
cette armée catholique, ravager l’églife, & nous replonger
dans l’ajiathême. C ’eft pourquoi la volonté
du roi , de tous les feigneurs & de toute l’armée catholique
, eft qu’il fe prefente en tel lieu & avec telle
fureté qu’il defircra ; afin que l’on examine de part
& d’autre ce qui s’eft paffé depuis le commencement
du fchifme, que l’on faife juftice au fils & au pere, Sc
que l’on termine fans plus différer j les conteftations
qui agitent l’églife & l’état. Les députez porteurs de
ce raanifefte aïant eu audiance de l’empereur, furent
maltraitez par ceux de fa fuite , avec lefquels ils ne
vouloient pas communiquer, les regardant comme
.excommuniez, & rapportèrent pour réponfe, que
l’on quittât les armes, & que l’on indiquât une conférence.
Henri le fils aïant été obligé à lever le fiege de xliv.
C o lo gn e , envoïa encore propofer à fon pere une jy^° Hent*
ponferenee â Aix-la-Chapelle dans huit jours. Le
pere s’en plaignit par une derniere lettre adrçfiee aux
évêques & aux feigneurs du roïaume, difant qu’on
n’avoit jamais donné un terme fi court pour lamoin-
dre affaire ; & déclarant qu’il appelle pour la troifié-
me fois au pape Pafcal & à l’églife Romaine. Mais
peu de rems après la guerre civile fut terminée par
fa m ort, qui arriva le mardi fepciémè d’Aour n o 5.
Il n’avoit pas encore cinquante-cinq ans, étant né le
pnziéme de Novembre ioyi, & toutefois il eft fou-
Tm, XIV\ M