
3iS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
*■guliere. Les ordinations faites par l’antipape Bour-
A N. 1113. j i n depuis qu’il a été condamné parleglife Romaine,
ça», t. ou par les évêques qu’il a ordonnez depuis ce tems,
e. s. font déclarées nulles. On défend l’ufurpation des
biens de l’églife Romaine , & particulièrement de
la ville de Bencvent, fous peine d’anathême. Nous
e u accordons, dit le concile , à ceux qui vont à Jeru-
falem pour la défenfe des chrétiens, la rémiffion de
leurs pechez , nous prenons leurs maifons, leurs familles
& tous leurs biens fous la prote&ion de faint
Pierre & de l’églife Romaine ; & quiconque ofera
prendre leurs biens pendant qu’ils feront en ce voïage,
fera excommunié. Quant à ceux qui ont pris des
croix fur leurs habits pour le voïage de Jerufalem ,
ou d’Efpagne , & les ont quittées ; nous leur ordonnons
par l'autorité apoftolique, de les reprendre depuis
Pâques prochain jufqu’au fuivant ; autrement
nous les excommunions & interdifons tout fervice divin
dans leurs terres, hors le baptême des enfans & la
I4- penitence des mourans. Nous défendons aux laïques
fous peine .d’anathême , d’enlever les offrandes des
autels de faint Pierre , du Sauveur , de fainte Marie
de la Rotonde & des autres égljfes , ou des croix.
Nous défendons auffi de fortifier les égiifes comme
des châteaux, pour les réduire en fervitude : fi quel-
f. 16. qu’unofe prendre, dépouiller, ou vexer de nouveaux
péages ou autres exactions, les pelerins qui vont à
Rome ou à d’autres lieux de dévotion , qu’il foit exT
communié jufqu’à ce qu’il fatisfaife. Nous condamT
nons les aliénations faites par Otton, G u i, Jeremie ,
ou Philippe , des biens de l’exarcat de Ravenne , &
generalement toutes les aliénations de tous les évêques
f
ques, ou les abbez intrus ou légitimés, faites fans l e --
confentement du clergé , ou par fimonie. Nous dé- A n -
fendons auffi à aucun clerc d’aliener fa prébende ou
autre benefice ecclefiaftique. Les quatre qui font
nommez en ce canon, fontles évêques fchifmatiques t . fM-,t’8
de Ravenne , qui fuccederent à l’antipape Guibert,
jufqu a Gautier élu canoniquement, & confirmé par
lepapeGe la fe enmp. qui tint cefiege jufqu’en 1144.
Le concile dit encore : Nous défendons aux abbez &
aux moines de donner des penitences publiques, de
vifiter les malades, faire les fondions, & chanter des
méfiés publiques. Ils recevront des évêques diocefains can. n.
ksfaintes huiles, la confecration des autels & l’ordination
des clercs.
Pendant la tenue de ce concile , le pape Callifte chr.c*gn.».
donna la benedi&ion abbatiale à Oderife II. qui ve- V aJ*.' cum
noit d’être élu abbé du Mont-Caffin , à la place de t,-x-conc- M»*-
Girard mort le dix-feptiéme de Janvier de fa même
annee 112.3. A cette occafion il eit remarqué qu’en
ce concile les évêques fe plaignirent fortement des
moines, en difant : Il ne nous refte plus que de nous
ôter la crofle & l’anneau, & nous ioumettre à leur
ordination. Ils pofiedent les égiifes , les terres , les
chateaux, les dixmes, les oblations des vivans &
des morts. Et s’adreflant au pape ils difoient : La
gloire des chanoines &c des clercs eft obfcurcie , depuis
que les moines oubliant les defirs celeftes, recherchent
le droit des évêques avec une ambition
infatiable, au lieu de fe contenter de vivre en repos
fuivant 1 intention de faint Benoît. Ces plaintes fem-
blent avoir donné lieu au canon que je viens de rapporter.