
62.4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. i i 46. aulfi éprouvé en plufieurs maniérés. Geoffroi : Auffi-
tôt que nousffûmes entrez dansl’églife, un jeune
homme boiteux fut guéri par le figne de la croix:.
L’évêque : Nous le vîmes tous devant l'autel, tandis
que le peuple loüoit Dieu avec de grands cris. Et cn-
fuite : Pourquoi n’avez-vous pas dit qu’à Fribourg
le premier jour l’abbé ordonna de prier pour les riches,
afin que Dieuôtat le voile de leurs coeurs : parce
qu’au lieu que les pauvres fe prefentoient pour
être croifez, les riches fe rççuloient, ôc la priere ne
fut pas vaine ; mais les plus riches du lieu , comme
vous fçavez , & même les plus méchans, fe croife-
jent.
f.5. Après plufieurs autres miracles, l’évêqueraconte
ainfîçequi s’étoit paifé à Balle le vendredi fixiéme
de Décembre : Après le fermon ôc les croix données,
on prefenta à l’homme de Dieu une femme muette ;
&f i - tô t qu’il eût touché fa langue , elle fut déliée &
la femme parla bien : je la vis ôc lui parlai. Mais ce
boiteux qui avoit été guéri auparavant, ôc pour lequel
le peuple jetta de il grands cris, qui de vous le
y it ? Otton : Nous le vîmes tous. Everard : les chevaliers
de mon maître moi le même jour vendredi
, nous vîmes un enfant que fa rhere avoit amené
aveugle au logis du faint homme , &c qu’elle reme-
noit voyant clair, Gérard: il fe fit plufieurs miracles-,
principalement ce jour-là , que nous ne pûmes fça*
y o i r , à caufe du tumulte. Enfuite Everard parlant
dulundineuviémeDecembre, dit : J’ai conferéavec
les chevaliers de mon maître, ôc de ce que nous
avons vû tant eux que mo i , nous avons compte
ïrente-fi^miiades fait ce jour-là, Philippe ; Le mardi
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di à Schafoufe nous en perdîme’s plufieurs ; pareeque An. 1146.
le tumulte étoit infuportable ; ôc l’abbé fut obligé à
s’abftenir de donner la benedidion aux malades, ôc
à s’enfuir, tant le peuple fe preifoit l’un l’autre. Everard
: Moi-meme je le priois inftamment devant
l’autel, de n’impoferles mainsàperfonne, ne fachant
comment on pourroit le tirer de là. Philippe .-Toutefois
à l’entrée de l’églife une boiteufe fut guerie en
ma prefence, & vous oüites tous le chant du peuple.
Ils arrivèrent à Confiance kmercredi onzième de
Décembre, ôc y demeurèrent le jeudi & le vendredi.
Peu de gens , dit 1 abbe Frouin , virent ce qui s’y palfa
, à caufe du tumulte : toutefois je vis cet aveugle
qui recouvra la vue le jeudi devant l’autel. L’abbé
de Richenau qui lui donnoit l’aumône l’avoit fait
amener. Geoffroi : Il n’y a point de miracles que nous
fâchions le moins que ceux de Confiance : parce
qu’aucun de nous n’ofoit fe mêler dans la foule ; ôc
nous nous fommes propofez d’écrire ceux que nous
avons vus. L’auteur continue à rapporter les miracles
qui fe firent à Zur ic , à Rinfeld, à Straibourg ôc aux
autres lieux fur la route, jufques à Spire, où ils arrivèrent
le mardi veille de Noël vingt-quatrième de
Décembre. Le roi Conrad y avoit convoqué une c.4.
affembléedes évêques; ôc S. Bernard y vint , pour
mettre la paix entre quelques princes , dont les ini-
mitiez empêchoient plufieurs perfonnes de 1e croifer.
Il ne s’y fit pas beaucoup de miracles, parce, dit l’auteur
, que Dieu ne daigne pas faire paroître fa gloire
dans le concours d’une multitude curieufe : toutefois
le faint abbé y fit ce qu’il appelloit le miracle des mi-,
racles, en perfuadant au roi de fe croifer.
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