
4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ,
il lui pafferoit les inveftitüres des églifes , pourvu
qu’il les donnât à des perfonnes vertueufes. O r , ajou-
toient-ils, le pape n’a pas voulu faire cette concef-
iion par é c r it, de peur que fi elle venoit à la con-
noiifance des autres princes, ils ne s’attribuaffent le
même d ro it , au mépris de l’autorité du pape. Les députez
de l’archevêque foutenoient que le pape n’avoit
rien dit à perfonne de contraire à fes lettres : mais
les évêques difoient : Outre ce que nous avons traité
avec le pape devant vous , nous en avons eu des
audiances fecretes. Les feigneurs fe trouvèrent partagez
fur ce fujet : les uns difoient que fans s’arrêter
aux paroles, il falloir s en tenir a 1 écriture &c aux
féaux du pape : les autres foutenoient qu’il falloir
plutôt croire le rapport de trois évêques , que du parchemin
& du plomb,& que les moines n’avoientplus
droit de porter témoignage depuis qu’ils avoient renoncé
au monde.
Le roi encouragé parle difcours des eveques, commença
à preifer Anfelme de lui faire hommage , &
de facrer ceux à qui il alloit donner des évêchez. Anfelme
ne voulant pas démentir ouvertement les évêques
, répondit , que pour éviter toute furprife , il
étoit d’avis de renvoicr a Rome confulter le pape .
que cependant fi le roi donnoit 1 inveftiture de quelque
églife , il ne le rcgardoit point comme excommunié,
ni celui qui 1 auroit reçue , mais qu il ne le
facreroit, ni ne permettroit de le facrer. Cette propor
t io n fut approuvée , & le roi pour ufer de fon prétendu
droit,donna auili-tot par la croffed inveftiture
de deux évêchez : à Roger fon chancelier celui de
Sarisberi, & celui d’Herford à un autre Roger fon
L i v r e s o i x a n . t e - c i n q u i e ’ me . 4 ;
lardier : ainfi nommoit-on celui qui gardoit les pro-
■ r 1 1 t . T . r A n. i i o i . Valons de bouche.
En ce tems-là, & à l’oceafion de cette aifemblée, x x i i .
Anfelme tint un concile national à Londres dans l’é- ^onciie deLon-
glife de S. Pierre d’Oüeftminfter, par lapermiifion to.x.p.7iz.eX
du ro i, du confentement des évêques , des abbez &
des feigneurs de tout le roïaume. Anfelme y préfi-
da , & avec lui s’y trouvèrent Gérard archevêque
d’Yorq,Maurice évêque de Londres, & onze autres
évêques, compris les deux qui venoient de recevoir
rinvcftiture.il y eut auffi plufieurs abbez, &: les feigneurs
y aiîifterent fuivant la priere qu’Anfelme en
fit au roi , afin d’autorifer par le concours des deux
puiifances les décrets du concile. Ce qui étoit necef-
faire, parce que depuis plufieurs années il ne s’étoit
point tenu de concile en Angleterre. En celui-ci on
commença par condamner la fimonie , & on dépofa
fix abbez qui en furent convaincus, trois qui avoient
reçû la bénédiction abbatiale, trois qui ne l’a voient
pas encore. On dépofa trois autres abbez pour d’autres
caufes.
On fit en ce concile plufieurs reglemens dont il
ne nous refte que les fommaires en vingt-neuf articles.
Voici, les plus remarquables. Défenfe aux évê- an. 1.
ques de prendre la charge de tenir les plais pour
les affaires temporelles , & de s’habiller comme les
laïques. Tous les clercs en général doivent porter des 10.
habits d’une couleur. C ’eft que les laïques les por-
toient mi-partis ou bigarrez. On ne donnera point à s.
ferme les archidiaconez. Aucun clerc ne fera prévôt
ou procureur, c’eft-à-dire, intendant d’un laïque,ni
juge de fang. On renouvelle l ’ordonnance de la con- 4- s- «•
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