
— • coi H i s t o i r e E c c x e s i a s t i q .d e .
1 37- du parti d’innocent, ôc de ceux qui avoient affilié à
fon éle&ion ,&i trois autres du parti d’Anaclet, afin
de l’inftruirede ce qui s’étoitpaffé àl’éleétion de l'un
ôc de l’autre : après quoi le roi prendroit le parti qu’il
trouveroitle p lu sju fle .C a rilfa voit que tout le reile
delà Chrétienté reconnoiffoit Innocent,àl’exception
de lui ôc de fon royaume. ^
Ce projet fut exécuté, le pape Innocent envoya a
Salerne, quiétoit la refidence du ro i, deux cardinaux
: le chancelier Aimeri ôc Gérard ôc S. Bernard
avec eu x ; 1 antipape Anaclet y envoya trois cardinaux
, le chancelier Matthieu , Pierre de Pife ôc un
autre nommé Grégoire. Le roi examina premièrement
l’éleètion d’innocent pendant quatre jours depuis
le matin jufques au foir, avec une patience mer-
veilleufe; ôc les quatre jours fuivans il examina de
même l'éleétion d’ Anaclet. Enfuite il affembla le
peuple ôc le clergé de Salerne , avec les évêques & les
abbez qui s’y trouvèrent; & leur déclara, qu il ne
pouvoitfeul décider cette queftion. C ’eil pourquoi,
ajouta-t’i l , s il plaid a ces cardinaux, ils écriront la
forme de l’une ôc de l’autre éleétion ; ôc de :chaque
côté il en viendra un avec moi en Sicile, où j’efpere
celebrerlafête de Noël. Là j ’affiemblerai les évêques
Ôc les autres hommes fages ; par le confeil defquels
j ’ai fuivi jufquës ici le parti d’Anaclet; Stjetermine-
rai cette affaire par leur avis. Le cardinal Gérard répondit
: Sachez que de nôtre part nous n’écrirons
point l’éleôtion du pape Innocent, nous vous l’avons
adez expliqué de v iv e voix; mais nous voulons bien
envoyer avec vous en Sicile le cardinal Gui de Caflel.
On envoya auffi un cardinal du côté d’Anaclet.
L i v r e S o i x a n t e H u i t i e ’me. jo9 -______
Pendant cette négociation de Salerne, S. Bernard A n , i 137.
eut une conférence en prefence du roi avec le cardinal
Pierre de Pife,1, qui paflbit pour très-éloquent ôc
très-fçavant dans les loix ôc dans les canons. Après
que Pierre eut parlé en faveur d’Anaclet, Bernard répondit
: Je fai quelle eil vôtre capacité Ôc vôtre érudition;
ôc plût à Dieu que vous euffiez à défendre
une meilleure caufe ? il n’y auroit point d'éloquence
qui vous pût refifter. Quant à nous autres gens ruftiÎ
ques, plus accoutumez à manier la bêche,qu’à plaider
des caufes, nous garderions le filence , iî l’intérêt delà
foi ne nous preffoit. Enfuite il parla fortement fur
l’unité de l’é g life , ôc montra qu'il étoit impoffible ,
que lç roi Roger marchât dans le bon chemin , puif-
qu’il étoit feul de tous les princes pour Anaclet. Enfin
I il preffia Pierre de Pife par de fi puiifantesraiiôns, qu’il
lui perfuada de retourner à Rome & fe reconcilier
au pape Innocent. Pour le roi Roger il étoit retenu
| dans le fchifme par fon intereft: car il avoit ufurpé
I des patrimoines de l’églife Romaine près du monc-
Caflîn ôc de Benevent ; ôc il efperoit en différant de
fe réunir, obtenir de Rome des titres pour les con-
ferver.
Il ne fut pas même touché d’un miracle que faint
Bernard fit pendant ceféjour. Il y avoit à Salerne un
Î homme noble Ôc très-connu , dont la maladie avoit
éguifé tout l’art des médecins, quoique cette étude
fut alors cultivée principalement à Salerne. Le. ma-*
lade apprit en fonge, qu’il étoit venu en cette ville
un faint homme qui avoit le don des guerifons II eut
ordre de le rechercher ôc de boire de l'eau dont il auroit
lavé fes mains. Il le fit. ôc fut guéri. Ce miracle fut
S i f iij