
A n . 1114.
X X V I I .
Concile de Ceperan.
Chu Benevent.
op. Baron, an.
1214.
Pc.. *»conc.p.q6^:
1 5 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
en confirmant l’éleétion de R a o u l, & lui accordant
le pallium, de peur que leglife d’Angleterre ne retombe
dans ion ancienne Confufion.
Cependant le pape tint un concile à Ceperan petite
ville fur le Garillan, à l’occafion du déiordre arrivé
à Benevent. Landulfe archevêque de cette ville,
au lieu de procurer la paix avec les Normans, comme
le pape lui avoit ordonné , y excita une fiédition
contre le connétable que le pape y avoir mis,nommé
aulfi Landulfe, en forte qu’il fut bleifé 8c contraint
de renoncer à fa charge & fe retirer. Le pape en fut»
indigné jufqu a répandre des larmes ; il dépofa l ’archevêque
de Benevent 8c excommunia tous ceux de
fon parti jufqua ce qu’ils fatisfiflent. Enfuite il en-
voïa à Benevent le cardinal Anaftafe évêque d’A l-
bane, qui calma le peuple & le ramena à l’obéiiTance
alu pape.
A u retour de ce cardinal, le pape tint le concile de
Ceperan au mois d’Oétobre 1114. A ce concile vinrent
Guillaume duc de Calabre , Robert comte de
Capouë & le connétable Landulfe qui avoit été chailé.
L ’archevêque de Benevent y vint avec le comte R o bert
8c y apporta une grande quantité d’or 8c d’argent.
Le pape confirma à Guillaume le duché d’Italie
, de Calabre 8c de Sicile. A l’ouverture du concile
le pape fe plaignit de l’archevêque de Benevent, qui
n’ofant fe préfenter fe tenoit dans une ifle près de
Ceperan ; 8c il fit prier le pape par le prefet de Rome
8c quelques autres Romains, de le rétablir en levant
la fentence de dépofition prononcée contre lui : c*
que le pape lui accorda. Il vint donc prendre fa
|>lace au concile, & le pape le fit appeller par un
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’ m e . i<>i
diacre pour faire juftice. L ’archevêque le leva 8c —
commença par demander grâce , de ce qu’aïant été A
appelle par des lettres du pape, il n’étoit pas venu à
fa cour.
Il propofa des excufes que le pape fit examiner
par des cardinaux 8c des archevêques établis juges
par le faint fiege. Ils fe retirèrent à part ; 8c après
avoir long-tems conféré enfemble , ils dirent à l’archevêque
deBeneventen préfcnce detoutle concile:
Puifque vous dites que ce n’eft pas par mépris, mais
par crainte que vous n’êtes pas venu à la cour y étant
appelle , nous jugeons que cette excufe n’eft pas canonique.
On lut enfuite les canons fur ce fujet. Ce
préliminaire étant jugé, le diacre appella une fécondé
rois l’archevêque de Benevent pour faire juftice. Il
fe leva & demanda : Sur quoi ? Sur ce , dit le pape ,
que vous avez pris les regales de faint Pierre contre
notre volonté: vous vous êtes faifi des clefs des portes,
vous avez envahi le palais 8c chaiTé Landulfe, vous
avez porté uncafque 8c un bouclier : vous avez obligé
Foulques à prêter ferment, introduit les Noripans
& le refte. L ’archevêque répondit : Je n’ai pris les regales
de faint Pierre que pour votre fervice : car quand
vous étiez à Benevent vous m’avez recommandé la
ville. Je n’avois pas pris les clefs ; & nous fçavons
tous que celui qui les garde vous eft fidele. Je n’ai
point pris de bouclier : il eft vrai que j’ai porté un
cafque pour me garantir des coups de pierre. Je n’ai
point fait entrer de Normans dans la v ille , mais feulement
feize Lombards pour fecourir le peuple. Lé
ferment de Foulques 8c celui du peuple n’ont point
été faits par mon ordre.