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160 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j ë .
tare qui excite un fi grand mouvement,n’eft que dans
x. les mains de celui qui la donne & de celui qui la reçoit.
De plus, fi cette inveftiture étoit une hérefie,
celui qui a renoncé ne pourroitplus y revenir fans péché.
Or nous voïons en Germanie & en Gaule plu-
fieurs perfonnçs refpeéiables, qui aïant effacé cette
tache par quelque,fatisfa&ion>& rendu le bâton paf-
toral, ont reçu, de la main du papel’inveftiture à laquelle
ils avoient renoncé. Les papes ne l’auroient
pas donnée s’ils avoient cru qu’elle enfermât une hé-
refie. Quand donc on fe relâche pour un tems de ce
qui n’eft point ordonné par la loi éternelle, mais établi
ou défendu pour l’honneur & l’utilité de l’églife :
ce n’eft pas une prévarication , mais une loüable ÔS
falutaire oeconomie.
Que fi quelque laïque eftaifçz infenfé pour s’imaginer
qu’avec le bâton paftoral il peut donner un fa-
crement ou l’effet d’un facrement, nous le jugeons
abfolument hérétique, non à caufe de l’invcftiture
manuelle , mais â caufe de cette erreur diabolique. Et
fi nous voulons donner aux chofes des noms convenables
, nous pouvons dire que cette inveftiture des
laïques eft une entreprife & une ufurpation facrilege ,
que l’on doit abfolument retrancher pour la liberté
d e l’églife , fi on le peut faire ians préjudice de la paix;
mais quand on ne le peut fans faire fchifme-, il faut
difterer & fe contenter deprotefter contre avec difcre-
(37. tion. L’archevêque de Lion répondit à cette lettre ,
infiftant principalement fur le droit de fa primatie,
en vertu duquel il prétend pouvoir convoquer les
évêques de touçes les provinces Lionoifes, fans qu’ils
aient fujet de fe plaindre qu’on les tire hors de leur
province
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L i v r e s o i x a n t e - s i x i è m e i <ji
pfovince. Il avoue que i’inveftiture en foi n’eft pas
une hérefie ; maisil dit que l’hérefîc confifte à foute-
■nir qu’elle eft permife,
Yves de Chartres écrivit de même à Henri abbé de
S. Jean d’A n g c li,q u iIu i avoit demandé fon avis fur
les inveftitures. J’approuve, dit-il 5 & je confirme
autantqu’ileften moi,le jugement des papes Grégoire
&i Urbain ; & quelque nom qui convienne proprement
à cette uiurpation, je juge fchifmatique l’opinion
de ceux qui la veulent foutenir. Ce que je ne dis
pas contre le pape, qui m’a écrit qu’il a été contraint
de faire ce qu’il a fa i t , & qu’il eft toujours dans les
mêmes fentimens. J’eftime donc qu’il faut l’avertit
par des lettres familières ¡& charitables, de fe juger
lui-même & de fe rétraéfer. S’il le fa it , nous en rendrons
grâces à D ie u , & toute l’égiife s’en réjouira
avec nous : fi la maladie eft incurable , ee n’eft pas à
nous de le juger ; puifque l’évangile nous ordonne
d obeïr a ceux qui ibnt affis dans la chaire, fans faire
des confpirations faétieufes pour les en chaffer, Que
s ils commandent quelque choie contre l’évangilç,
nous ne devons point leur obéir, fuivant l’exemple de
S. Paul, qui réfifta en face à S. Pierre fon fuperiçur :
car quand les jugemens humains font à b o u t, il faut
implorer la mifericorde de Dieu pour ceux qui fe font
feparez .de l’unité de l’églife.
Yves avoir écrit dans le même fens à Brunon archevêque
de Trêves,à qui il difoit : Nous voïons la di-
vifion du roiaume & du facerdocc, qui font les principaux
appuis de l’églife de Dieu ; ,& nous devons
tous travailler a les réunir , foit en retranchant les
membres corrompus, foit en employant des rcmedes
fm. XIV, f X
A n, u n .