
■ 57L H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qjcje.
An. i H®- L'entrée irreguliere de Raoul dans le patriarchat, fori
incontinence, fes aéfions fimoniaques. Gomme ilsde-
mandoient inftamment qu’il comparût, on envoya
l ’inviter folemnellement à venir au concile : mais il
Le refufa, on ne paffa pas outre ce premier jour.
Le fécond, Raoul patriarche d’ Antioche fut encore
cite 8c perfida dans fon refus. Serlon évêque
d’Apamée étoit à cette feance fans habits pontificaux■;
de quoi le légat lui ayant demandila raifon 8c pourquoi
il n’étoit pas, Comme auparavant avec les’ ac-
eufateurs : Serlon répondit : ce que j’en ai fait ç’a
été par une chaleur inconfiderée, je reconnois mon
erreur , & ne veux plus accufer ni juger mon pere
: au contraire je fuis prêt à combattre pour lui
jufqués à la mort. On lui ordonna de fortir , 8c
on porta contre lui une fèntence d’excommunication
8c de dépofition Car la crainte du prince ,
qui appuyoit.le légat, avoit tellement faifi, tous les
prélats,. quvil n’y avoit aucune liberté, de la contredire
: 8c le. prince déjà aiTez paffionné par lui-
même , étoit encore animé par Pierre Armoins gouverneur
de la citadelle , qui efperoit en faifant de-
pofer le patriarche , mettre à fa place fon neveu A©-
meri doyen de l'églife. d’Antioche. Serlon ainfi de-
pofé retourna à fon diocefe &.mourut peu. après de
chagrin..
&->7- Le troifiéme jour on fit au parriarche ’la dernière'
citation; 8c foit qu’il craignît le reproche de ià
confcience, ou la violence du prince , il refufa ab-
folument de venir au concile., il étoit dans ion palais
avec fes domeiliques, environné d’un grand
nombre, de. chevaliers ôc. de bourgeois : qui n’eût
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été la crainte du prince , auroient chalfé honteuie-
raent de la v ille le légat 8c les. prélats du concile. Le
légat monta lui - même au palais, 8c ayant prononcé
au patriarche fa fentence de dépofition, il le contraignit
par force à rendre l’anneau 8c la croix , puis'
il le livra au prince , qui le fit charger de chaînes ,
8c l’envoya prifonnier. au monaftere de S. Simeon
près de la mer, fur une haute montagne. Il y fut
gardé long-tems r mais, enfin s’écant fauvé , il alla
encore à Rome, s’étant en quelque façon reconcilié
avec le faint fiege, comme il fepreifoic de revenir il
fut empoifonné 8c mourut. Dès qu’il fut chaffé , le
clergé d’Antioche, principalement ceux qui avoient
eonipiré pour fa dépofition , élurent à fa. place le
doyen Aimeri par les artifices 8c les liberalitez du
châtelain fon oncle. Aimeri étoit Limoufin, homme
fans lettres 8c de moeurs peu édifiantes.
Après la dépofition de Raoul , le légat Alberic
n’ayant plus à faire à Antioche revint à Jerufalem :.
où il demeura jufques à Pâques, 8c le troifiéme jour
après la fête , il (jedi^ folemnellement l’églife du.
temple. Il s’y trouv a quantité de nobleife, tant de deçà
que.de delà la mer, entre autres JoiTelin le jeune
comce d’Edeife. Enfuite le légat aifembla les évêques
8c les autres prélats, Sc tincun concile dans l ’é-
glife de Sion , regardée comme la. mere: des toutes
les églifes. Là fe trouva le catholique d’Armenie ,
c’eil-à-dire le premier des -évêques-.de la nation :
avec qui l'on traita des articles de fo i, dans.lefquels
ils femblent s’éloigner des catholiques,, 8c il promit
en partie de fe corriger.. Ce concile fin i, le légat
retourna à. Rome.
Gc c c iij,
Süp. lÎV• LXYI*
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