
A n . i i 5J.
1 X V I . ;
S. Bernard à
Mets.
Vitalib. Y. c. Ù
tpifi. z.
tpi fi. zS?»
7 î o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
Juillet, on élut pour lui fucceder Conrad évêque de
Sabine ,Romain de naiffance, 8c chanoine régulier,
qui fut nommé Anaftafe IV. Cetoit un vieillard de
grande vertu 8c de grande experience dans les ufages
de la cour de Rome : mais il ne tint le faint fiege qu un
an 8c quatre mois.
S. Bernard fe fentoit défaillir de jour en jour , 8c les
confrères ne croyoient pas qu’il pût paffer l'hiver, ou
commença l'année 1153- mais il lesaiTura qu’il irait
jufques à l’été fuivant. En cet é ta t , quoiqu’obligé a
garder le lit , & fouffrant de grandes douleurs : il ne
laiffoit pas de méditer les chofes faintes, de ditffer ,
de prier, d’exhorter fes freres. Il ne manqua prefque.
jamais à celebrer lamelle , jufques à ce qu’il vint a
la derniere défaillance, il etoit ainii malade quand
il écrivit à fon oncle André chevalier du Temple , 8c un des principaux appuis du royaume de Jerufa-
lem, bui lui avoir mandé le defir qu’il avoir de le
venir voir. Si vous venez , dit i l , hâtez-vous, car je
necroi pas être encore long-tems fur la terre. Et parlant
des princes qui avoient été à la terre fainte : Ils
n’y ont, dit-il, rien fait de bon, 8c font revenus promptement
chez eux, où ils ont fait des maux incroyables.
Il écrivit en même tems, comme fon oncle l’en
avoit prié, à Melifende reine de Jerufalem , pour
l’inftruire de fes devoirs de veuve 8c de reine. ^
Cependant le peuple de Mets ne pouvant fouffrir
les infultes des feigneurs voifins, fortit coqtre eux en
grand nombre : mais il fut battu, 8c il en périt cnyi-
ron deux mille tant tuez que noy ez dans la Mofelle.
Cette grande ville fe préparait à la vengeance , &
leurs ennemis enrichis par le butin & encouragez par
la vi&oire , vouloient continuer la guerre qui avoit
L i v r e So i x a n t e -N e u v i e ' me : 731
ruiné toute la province. Alors Hillin archevêque de
Treves & métropolitain de Mets, crut que S. Bernard
étoit le feul qui pût remedier à ces maux, il vint à
Clairvaux, ¿¿fejettantaux pieds du faint abbé 8c de
tous les moines, il le conjurait de venir au iecours
de ce peuple affligé, il fe trouva par une providence
finguliere , que S. Bernard après avoir été à la mort,
feportoit un peu mieux depuis quelque jours. Il fui-
vit l’archevêque, 8c quand ils furent arrivez fur les
lieux, on tint une conférence au bord de la Mofelle ;
où comme le faint abbé exhortoit les deux partis a la
paix , les feigneurs la refuferent obilinémeht ; 8c fe
levant en furie fe retirerent fans lui dire adieu. Ce n’é-
toitpas par mépris, au-contraire c’étoit par refpeèt,
n’ayant pas le front de lui refifter en prefence.
La conférence alloit fe féparer en trouble , 8c on
ne penfoic de part 8c d’autre qu’à reprendre les armes,
quand le faint abbé dit aux freres qui l’avoient
fuivi : Ne vous troublez point, la paix fe fera , quoiqu’avec
beaucoup de difficulté. En effet la nuit étant
à moitié pafféc, il reçut une députation des feigneurs ,
qui fe repentoient de leur retraice : on fe raffembla 8c
on traita de la paix pendant quelques jours. Les diffi-
cultez furent grandes , on defefpera fouvent delacon-
clufion : mais ce délai fut utile à plufieurs malades ,
aufquels le faint homme rendit la fanté, & ces miracles
ne contribuèrent pas peu à la conclufion de la
paix : quoique d’ailleurs ils la retardaffent, à caufe
du grand concours 8c de l’importunité de la multitude.
Pour s’en garantir il falut chercher une lile au milieu
delariviere , où les principaux des deux partis
paffoient en bateau, là fe terminèrent les conférences.
Entre les malades guéris en cette occafion, il
Z z z z ij
An. i i 53.'