
A n. i i j i .
X I I I .
•Second voyage
àe S. Otton en
Pomeranie.
Vita lib. i n . to.
x . Canif, p, 4 10 ,
fu p . liv . LXY II.
«.31.
434 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ou ils ordonnèrent qu’ils en tiendroient tous les ans
à l’imitation des moines deCîteaux, pour la confer-
vation de l’obfervance ; 8c dès le quatrième chapitre
ils le trouvèrent dix-huit abbez , tant l’inilitut de
Prèmontré fit de progrès en peu de tems.
Au commencement du pontificat d’innocent II.
S. Octon de Bamberg entreprit un fécond voyage en
Pomeranie , quatre ans après le premier, c’eil-à-dire,
■ l’an 1130. Il fuivit une autre route ; 8c s’étant embarqué
fur l’Elbe il traverla la Saxe , 8c par 1a rivière
d’Havel il entra au pays des Lutitiens , forte de Scla-
v e s , qui occupoient une partie de Meclebourg 8c
du Brandebourg. Il menoit cinquante chariots chargez
de provifions 8c de quantité de richeifes pour
faire des prefens. Il pafla dans quelques villes peu
connues, où il délivra des captifs, reconcilia des
apoftats , convertit 6c batifa des payens, abattit des
temples d’idoles 6c confacra des églifes. Enfuite il
refolut d’aller à Stetin, fachant que cette ville étoit
retournée à l’idolâtrie. Mais les ecclefiaftiques qui
devoient l’y accompagner,craignant la barbarie de
ce peuple , l’en détournoient de tout leur pouvoir.
Fatigué de leurs remontrances il leur dit: Je voi bien
que nous nefommes venus que pour goûter des de-
lices, 8c nous croyons devoir éviter toutes les difficul-
tez qui fe rencontrent. Soit; jevoudrois vousexhor=
ter tous au martyre, mais je n’y contrains perionne:
fi vous ne voulez pas m’aider, je vous prie au moins
de ne me pas empêcher, 6c me laifler la liberté que
je vous donne.
Ayant ainfi parlé il s’enferma feul dans fa chambre
, 6c fe mit en priere jufques au foir : enfuite il
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commanda à un de fes gens de fermer toutes les portes
8c ne laifler entrer perfonne fans ordre. Alors il
prie fes habits de vo y a g e , mit fes ornemens, fon calice
8c l e s autres meubles d’autel dans un fac qu’il
chargea fur les épaules; ôc fortit feul la nuit prenant
le chemin de Stetin. Ravi defe trouver en lib e r té , il
commença à dire matines 8c marcha fi bien le relie
de la nuit,qu il fit tout le chemin.Cependant fes clercs
s’étant levez pour dire macines, allèrent â la chambre
de l ’évêque , 8c ne le trouvant nulle'part, ils furent
étrangement confternez : ils partirent les uns à pied,
les autres a cheval pour le chercher de tous cotez ; 8c
le jour étant'Venu ils le trouvèrent prêt à entrer
dans une barque. Il en fut fort affligé , 8c pria
Dieu qu’au moins ils ne le détournaifent pas de fon
deifein. Eux étant defeendus de cheval fe jetterent
à fes pieds : il fe profterna de fon c ô té , ils fon-
doient en larmes de part 8c d’autre; 8c comme il
vouloit les renvoyer, ils lui protefterent qu'ils ne
i ’abandonneroient jamais 8c le fuivroient par tout,
foit à la mort, foit à la vie.
Etant arrivez à Stetin, ils logèrent àun e églifequi
étoit à l’entrée de la ville. Or le peuple étoit divifé ,
quelques-uns avoient gardé la f o i , mais la plupart
étoient retournez au paganifme. Ceux-ci furent troublez
de l’arrivée du laint évêque , mais les plus furieux
étoient les facrificateurs des idoles : en forte
qu’ils vinrent avec une troupe de gens armez environner
l’é g life , criant comme des infenfez , qu’il
falloit 1’ abatre 8c tuer tous ceux qui étoient dedans.
Le faint evêque qui defiroit ardemment le
martyre, fe revêtit pontificalement ; 8c prenant la
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