
A n . m i .
Chr. Savign. to.
t.Mifcêll. BaluZi.
PX
IX .
Fondation de
Tiron.
Sup. li'u.ixr.n.
Vit a Bern. c. 7.
*p' Boll. to. le . p.
171 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
au nombre de cent-quarante & plus ; ils defirerent
vivre en commun , & engagèrent Vital à demander
à Raoul de Fougeres quelques reftes dun vieux château
près du Bourg de Savigny. Ce Seigneur lui
donna non-feulement les ruines qu’il demandoit,
mais toute la forêt pour y bâtir un monaftere fous
l ’invocation de la fainte Trinité ; & l’aéte de donation
fut paffe au mois de Jan v ie rn iz .Turg is évêque
d’Avranches y foufcrivit avec lesfeigneurs du païs ;
Henri roi d’Angleterre étant à Avranches confirma
la donation par fes lettres du fécond jour de Mars ;
& Pafcal II. par fa bulle du vingt-troifiéme, où i î
accorde a cette eglife le privilège de n’être point
comprife dans l’interdit général jetté fur tout le dio-
cefe. Vital donna a fa nouvelle communauté la réglé
de faint Benoît avec quelques conftitutions particulières
, & ils prirent l’habit gris. Le- nombre des
pioines &c la quantité des biens augmenta bien-tôt -,
& Savigny devint un des plus célébrés monafteres de
France. /
Quant à l’abbaïe de T iro n , il faut reprendre l’hif-
toire de Bernard fon fondateur. Après qu’il eut quitté
fon abbaïe de faint Cyprien de Poitiers, pour ne fe
pas foumettre à Clugny , les moines de S. Cyprien
travaillèrent pendant environ quatre ans à défendre
leur liberté, & ne pouvant y réuffir , ils eurent recours
à levêque de Poitiers ; & avec fes lettres ils allèrent
trouver leur abbé dans le defert où il s’étqit
retiré avec Vital & Robert d’Arbriffelles. Bernard
revint avec eux , & entreprit même le voïage de
Rome monte fur un âne avec ion méchant habit
d’hermite, & fut très-bien reçu du pape Pafcal, inftruic
L i v r e s o u a n t e - s i x i e ’ m e . 173
de fon mérité par les cardinaux Jean & B enoît, qui -
avoient été légats en Aquitaine. Le pape le rétablit A n ,
dans fes fondions d’ab bé, & il gouverna fon mo-suf.ih.
naftere en paix pendant quelques années , après lefi
quelles quelques moines indociles de faint Cyprien
exciterent ceux de Clugny à renouveller leurs pour-
fuites , & Bernard fut obligé d’aller une fécondé fois
à Rome.
Il n’y fut pas fi bien reçu que la première ; & fe
croïant injuftement condamné,il cita le pape & fon
eonfeil au jour du grand jugement. Le pape offenfé
de cette liberté, lui ordonna de fe retirer ; mais par
l’avis de fon eonfeil il le rappella. Il'fut écouté dans
un concile, où il repréfenta que le monaftere de faint
Cyprien de Poitiers étoit plus ancien que celui de
C iu gn y , & que la dignité d’archiabbé que l’abbé de
Clugny vouloit s’attribuer étoit inconnue dans l’é-
glife. Enfin il plaida fi bien fa caufe , que fon monaftere
fut déclaré libre ; & le pape voulant retenir à
Rome un homme d’un fi grand mérité , le pria d’accepter
la dignité de cardinal. Mais Bernard loin d’y
confentir, fupplia le pape de le décharger même de fon,
abbaïe, & fit fi bien qu’il l’obtint. Le pape lui donna
donc com million de prêcher, baptifer, recevoir les
confeffions, &c impofer des penitences en parcourant
divers païs : l’exhortant â recevoir la nourriture corporelle
de ceux à qui il adminiftreroit la fpirituelle ?
& il commença par l’admettre lui-même â fa table
tant qu’il demeura à Rome.
Bernard étant de retour à Poitiers, quitta pour
toujours le monaftere de S. Cyprien , où il fit élire
un autre abbé, & fe retira avec quelques difciples à
Y iij
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LXV. » . p
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