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Tk.çoncpp* 97S*
462. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
treprifes, qui tendoient à ôter la couronne de fa famille,
en voulut prendre vengeance ; 8c l’on attribua
à fon indignation'deux meurtres fameux , qui furent
commis affez près l’un de l’autre. Jean III. évêque
d’O rleans, qui étoit fort âgé ayant quitté fon évêché,
Hugues doyen de lamêmeéglife fut élu pour lui iuc-
ceder : mais comme il revenoit de la cour du roi, il
fut tué en chemin,8c le fiege d’Orleans demeura long-
tems fans éveque.
Etienne évêque de Paris étoit allé à Chelles du con-
fentement du roi , 8c même à fa priere , pour corriger
8c regler les religieufes. Il avoit pris avec lui l’abbé
de faint V ié tor, celui de faint Magloire , le fous-
prieurdeS. Martin 8c plufieursautres, moines,chanoines
, 8c clercs. En revenant comme ils paifoient
près du château de Gournai , ils furent attaquez par
les neveux de Thibaud archidiacre de Paris , vaifaux
du feigneur de Gournai, qui avoient dreffé à l’évê-
que une ambufcade fur le chemin. Ils vinrent fondre
l’épée à la main fur cette troupe défarmée ; 8c fans
relpe&er ni la fainteté du jour qui étoit un dimanche
, ni la qualité des perfonnes confacrées à Dieu , ils
maffacrerent Thomas prieur de faint V iêtor entre les
mains del’évêque , le menaçant lui-même de mort
s'il ne fe retiroit promptement. Mais il fe jetta coura-
geufement au milieu de leurs épées, 8c retira de leurs
mains le prieur, demi m o r t, 8c horriblement déchiré
, l’exhortant à fe confeifer 8c à pardonner à fes
meurtries, il le fit de bon coeur , demanda la remif-
iion de fes pechez avec grande compensation, reçut
le viatique, protefta devant tout le monde qu’il mourait
pour la juftice , 8c rendit ainfi l’efprit. Ce
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meurtre fut commis le vingtième d’Août 113 3. sf§|
L’évêque de Paris publia un mandement adrelféà
fes archiprêtres, par lequel il excommunia les auteurs
de ce meurtre, leurs complices, -ceux qui leur
donneroient retraite, ou qui communiqueraient avec
eux : s’en refervant à lui feul l’abfolution. Enfuite
frappé de l’horreur de cet attentat, 8c ne fe croyant pas
lui-même en fûrecé , il fe retira àClairvaux : d’où il
écrivit a Geoffroi évêque de Chartres, légat du faint
fiege, une lettre o ù illu i raconte ce funefte accident-,
le priant de fe rendre a Cla irvau x , pour deliberer
enfemble fur les moyens d’en prévenir les fuites,
Geoffroi vint à Clairvaux fuivant cette le ttre , 8c par
fon autorité de lé g a t , manda aux archevêques de
Reims , de Roüen, de T o u r s , 8c de Sens 8c à leurs
fuffragans, de fe rendre à Joüarre dans le diocefe de
Meaux , pour y tenir un concile. Comme les prélats
y etoient affemblez ; ils reçurent une lettre de Hugues
évêque de Grenoble,“fucceffeur de faint Hugues
8c de Guigue prieur de la Chartreufe , qui les exhor-
toient à faire juftice du meurtre de Thomas : ce qu’ils
firent, 8c frappèrent d’excommunication les coupables.
Saint Bernard étoit alors à Clairvaux au retour
d Allemagne , où il étoit allé faire la paix etftre l’empereur
Lothaire 8c les neveux de fon predeceffeur
Conrad 8c Frédéric. Comme on eût avis que l’archidiacre
de Paris s’étoit adreffé au pape , prétendant fe
juftifier de ce meurtre : le faint abbé lui écrivit , de *
peur qu il ne fe laiflat furprendre. Et parce que l’ar- jÉj^s
chidiaere difoit pour fà défenfè , qu’il n’avoit pas tué
le prieur : S. Bernard fondent que c’eft lui qui l ’a fait