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38 H IS T O I R E Î C C L E S I A S T I qU'E.
— ---------- - abbé de Nogent auteur du tems ; & j’ajouterai ici ce
A n . iio o . qu’en dit Pierre le Venerable abbé de Clugny, dans
a. Mirac.c. *s. un ouvrage compofé environ cinquante ans après. I k
y a , d i t - il, dans la Bourgogne un ordre monaftique
plusfaint &/plus exaétque beaucoup d’autres,inftitué
Üe notre tems par quelques peres4 o£tes& faints, Ravoir
maître Bruno de-Cologne , maître Landuin Italie
n & quelques autres hommes véritablement grands
& craignans Dieu. Inftruits par la négligence & la
tiedeur de quelques anciens moines , ils ont pris de
plus grandes précautions pour eux & pour leurs fec-
tateurs contre tous les artifices du démon. Contre l’or-
güeil & la vaine gloire , ils ont pris des habits plu«
pauvres & plusméprifablesque ceux de tous les autres
religieux ; en-forte qu’ils font horreur à voir, tant ils
font courts, étroits, heriifez & fales. Pour couper la
racine à l’avarice , ils ont borné autour de leurs cellules
une certaine étendue de terre plus ou moins
grande félon la fertilité ou la fterilité des lieux ;
hors cette eipace ils ne prendroient pas un pied de
terre quand on leur offriroit tout le monde. Par la
même raifon.ils ont r-egléla quantité de leurs bef-
tiaux , boeufs ,<ânes , moutons ou chevres. Et pour
n ’avoir point beioin d’augmenter leur terre n u leur
bétail, ils ont ordonné que dans chacun de leurs mo-
nafteres il n’y auroit à perpétuité que douze moines
avec le prieur qui feroit le treizième , dix-huit freres
convers &c quelque peu.de ferviteurs à gages.
Pour dompter leurs corps ils portent toujours de
.rudes cilices fur la chair, & leurs jeûnes font prefque
¿continuels, i l s mangent toujours du pain de fa n , &
¿trempent 11 fort .leur vin qu’il n’en a prefque pas le
h l V R E SOIXANTE-CIN qu IE’m E. Jÿ
gout. Ils ne mangent jamais de viandes ni fains n i ----—»
malades. Ils n’achetent jamais de poiflon , mais lî on A N. ira i-
leur en donnepar charité ils le reçoivent. Ils peuvent
manger du fromage ou des oeufs le dimanche & le
jeudi feulement : le mardi & le famedi ils mangent
des légumes ou des* herbes cuites : le lundi, le mercredi
& le vendredi ils fie contentent de pain & d’eau.
Ils ne mangent qu’une fois le jour excepté les octaves
de.Noël, de Pâques, dé la Pentecôte, l’Epiphanie.
& quelques autres fêtes. Ils logent en des cellules
feparées comme les anciens moines d’Egypte , & s’y*
occupent continuellement à la leéhire, à. la priere &
au travail des* mains , principalement à écrire de»
livres*. Ils yrecitent.aulfi les petites heures, avertis pan
la cloche de l’églifejmais ils s’aflemblem tous â l’églife
pour vêpres & pour matines, & s’en acquittent avec
une attention merveilleufe. Les jours de fêtes aufquels
ils font deux repas , ils chantent toutes les heures à<
l ’églife, & mangent au refeétoire après fexte & après
vêpres. Ils ne difent la meife que ces jours là & les
dimanches. Us-font, cuire, eux-mêmes leurs légumes
qu’on leur donne parmefiire ne boivent jamais
de vin hors les repas. C ’eft ainfi que Pierre le Vene-
rable décrit la vie des Chartreux qu’il a v o it, pour
ainfi dire, fous fes yeux.
Le jeuneroi Conrad mourut la même:• -/ . i ./ , . •a >/n ni éenor. Conçu.,Xe dXes "Rome,
qui etoit la neuvième depuis q u il eut quitte la cour Ai Vrj-fer£
de l’empereur Henri fon peré. Il tenoit la fîenne en n91-
Ita lie , où il gouvernoit par le confeil du pape & de
la princeife Mathilde. Quelques-uns difoient qu’il
étoit mort de poifon, & qu’il s’étoit fait des miracles
à,fies funeraiHés. L’année fuivante. l'empereur Henri