
30G H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
| . m o . une affemblée générale des prélats 8c des ieï-
A n . m o . gneurs àNaploufe ou Nuples de Paleftrine, qui eft
l’ancienne Samarie. Les prélats qui s’y trouvèrent;
furent Gucrmond patriarche de Jerufalem,Ebremar
archevêque deCefarêe, Bernard évêque de Nazareth,
ut idg. ii. Afquitil de Bethlehem, dont l’évêché avoir été érigé
L’an n.io. à lapourfuite du roi Baudouin. Au concile
de Naploufe afliftoient encore Roger évêque de
L yd da , Gildon abbé de Jofaphat, Pierre abbé de
T ab o r , Achard prieur du temple , Arnaud prieur de
Sion, Gérard: prieur du fcpulchre, 8c quelques fei-
gneurs. On y exhorta le peuple à la converfton de fes
moeurs,, pour appaifer la colere de Dieu ; & on y fit
ving t-cinq canons de difeipline , qui ne font pas
venus jufqu’à nous,
xxi. En France Pierre Abailard doéteur fameux, aï'ant
îSerre AbaîiarS compofé un ljvrc de la Trinité : deux autres do&eurs
Condamne. [ r • • / i • / i • AbaéUrddeAlbcric 8c Lotulre , qui a voient étudié avec lu i , 8c
enfeignoient alors àReims,exciterentcontre lui leur
archevêque Raoul le Verd , qui avec le légat Conon
sj. ¿vêqUe de Prenefte, indiqua un concile à SoiiTons ,
où Abailard fut appelle avec ordre d’y apporter fort
livre. Ce concile rut tenu l’an m i . après la mort de
l ’évêque de Chaalons Guillaume de Champeaux, arrivée
au mois de Janvier d e là même année. Quand
ziaitlt.aJeptf- Abailard arriva à SoiiTons, il trouva le peuple fi pré-
* s.Bern? venu eontre lui p qu’il penfa être lapidé dès le premier
jo u r , avec quelques-uns de fes difciples qu’il
avoir amenez. Car les uns l’accufoient d’enfeigner
qu’il y avoit trois dieux : 8c d’autres au contraire,
ot,cTrifin2. i. l'accuiûient de ne pas aifcz diftinguerles perfonnesde
î -ni. c. 47, ja pamte Trinité , parce qu’il difoits Comme la pro-
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pofition , l ’aiTomption & la conclufion eft le même *—
difeours ; ainfi le Pere , le Fils 8c le faint Efprit eft la A
même cifence. Abailard alla d’abord trouver le légat,
&c lui donna fon livre à examiner , offrant de le corriger
s’il s’y trouvoit quelque chofe de contraire à la
foi : le légat lui dit de le porter à l’archevêque & aux
deux doéteurs Alberic 8c L o tu lfe , qu’il regardoit
comme fes parties ; & on remit à la fin du concile le
jugement de fon livre.
Le dernier jour du concile avant que l’on tînt la
féance , le légat délibéra long-tems fur ce fujet avec
l’archevêque, les deux doéteurs 8c quelques autres
perfonties. Alors Geofroi évêque de Chartres qui
avoir le plus d’autorité entre les prélats, parla ainfi :
Vousfçavez la réputation de cet homme & le nombre
de fes partifans. Il ne faut pas lui donner de prétexte
de dire qu’on l’a condamné fans l’entendre : mais il
faut I interroger fur fon livre, 8c lui donner toute liberté
de répondre, afin de le convaincre canoniquement.
On foutint au contraire qu’il n’étoit point à
propos d’entrer en difpute avec ce fophifte qui ne
cefferoit jamais de parler. L’évêque de Chartres pro-
pofa un autre expédient ; fçavoir de remettre la déci-
iion de cette affaire à un concile plus nombreux qui
fetiendroità S. Denis en France,dont Abailardétoit
moine. Le légat & tous les autres fe rendirent à cet
avis : mais l ’archevêque de Reims trouvant qu’il étoit
honteux pour lui que cette caufefût portée à un autre
tribunal, 8c dangereux pour l’églife que l’accufé s’échappât
, fit revenir le légat, 8c on convint que le livre
feroit condamné 8c brûlé fans autre examen , 8c
Abailard enfermé pour toujours dans un autre mo-
Qj ï n