
A n . i iqi .
XIII.
Saint An Tel me
foutient le to i
Henri.
JLdmer. 3. Jüovou
Ï<S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
Î ce qu’elle demande autant que la juftice & l’honneur
du faint lîege le permettent. Etienne fut refufé, & le
pape fit des reproches à Yves de fa recommandation.
A quoi il répondit : J’ai reçû une extrême joie & du
refus qu’a reçû Etienne qui briguoit l’églife de Beau-
vais , & de la réprimandé paternelle que vous me
faites à fon fu je t, quoique dans ma derniere lettre je
n’aie rien écrit de contraire à la première. Il a extorqué
de moi cette lettre par fon importunité ; mais j’ai
cru qu’étant bien entendue, elle lui nuiroit plutôt
que de lui fervir. La vôtre m’a fait voir clairement
combien vous êtes ferme dans l’amour de la juftice ,
& le zele de la maifon de D ieu , & je l’ai fait connoî-
tre prefque à toutes les églifes du roïaume.
Entre les évêques aufquels Yves de Chartres envoïa
cette lettre du pape , étoient deux des plus vertueux
de la province de Reims , Lambert d’Arras & Jean
de Theroüanne , qu’il exhorta à faire parobéïffance
pour le pape ce qu’ils avoient fait jufques alors par
le feul amour de la juftice. Avertiifez , ajoute-t’i l ,
votre métropolitain d’aifembler le clergé de Beau-
vais pour faire une élection canonique, afin que fon
autorité guérifle les foibles & affermiffe les forts ;
qu’il honore fon miniftere, & ne s’expofe pas à voir
executej par d’autres ce qui le regarde. Yves écrivit
auffi au clergé de Beauvais, pour les encourager à
élire un bon fujet à la place d’Ëtienne, comme le pape
leur ordonnoit ; mais il ne leur recommande, dit-il,
perfonnc en particulier.
En Angleterre le délai qui avoir été pris jufques à
Pâque i io i . fut prorogé jufqu’au retour des députez
envoïez à Rome touchant l’affaire des invelti-
L i v r e s o i x a n t e -c i n q u i e ’ m e . 1 7
tures. Cependant à la Pentecôte la cour fut extréme- — ■
ment troublée par la nouvelle de l’arrivée en Angle- A n . i i û i .
terre de Robert duc de Normandie. Le roi Henri &
les feigncurs étoient dans des défiances mutuelles : le
roi craignoit qu’ils ne l’abandonnaffent pour fe joindre
à, fonfrere , les feigneurs craignoient que fi le roi
étoit une fois paifible, il n’exerçât fur eux une autorité
trop abfoluë. Ils n’avoient confiance de part
& d’autre qu’en l’archevêque A n fe lm e , & il reçut
au nom de la nobleffe & du peuple la promeffe
du roi de les gouverner fuivant de juftes & faintes
loix.
Mais quand le duc Robert fut effectivement entré
en Angleterre , les feigneurs oubliant leur ferment
, fongeoient à paffer de fon côté ; & le roi Henri
craignoit non feulement pour fon roïaume , mais
pour fa vie. Alors il eut recours à Anfelme , & promit
de lui laiffer un pouvoir abfolu , pour exercer
tous les droits de l’églife en Angleterre , & d’obéïr
toujours aux ordres du pape. Anfelme affembla les
feigneurs , 6¿ leur parla enpréfencc de toute l’armée,
avec laquelle le roi marchoit au devant de fon frere.
Il leur repréfenta fi fortement combien étoient détef-
tables devant Dieu & devant tous les gens de bien,
ceux qui manquoient à la foi jurée folemnellementà
leur prince, que tous protefterent qu’ils demeure-
roient fideles au roi , dût-il leur en coûter la vie. Le
duc Robert de fon côté perdit l’efperanee qu’il avoit
dans la défection des feigneurs,& fut touché de l’excommunication
qu’Anfelme avoit publiée contre lui
comme ufurpateur : ainfiil fit la paix avec fon frere,
& fe retira.
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