
86 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
« m’enfuis auffi-tôt & je vins à Cologne & quelques
A N . 1106. jours après à Liège. Je vous prie donc, parla parenté
& l’amitié qui eft entre nous , & par l’interèt commun
de toutes les couronnes, de vanger l’injure que
j’ai foufferte, & ne pas laifferfur la terre l’exemple
Te. i. spidi. p. d’une fi noire trahifon. L’empereur Henri écrivit une
jsyi. efift. io. a. lettreiembla.ble à Hugues abbé de Clugni & à toute
fa communauté. Il y raconte tout au long la trahifon
de fon fils & la maniéré dont on l’a forcé à renoncer
à l’empire, avec quelques différences de la lettre précédente
dans les circonftances; & il conclut en priant
l’abbé de lui donner confeil, & promettant a ’exe-
cuter tout ce qu’il jugera à propos pour le reconcilier
avec le pape. Il avoit une confiance particulière en
cet abbé qui étoitfon parrain.
Mais Henri avoit beau proteûer de fa foumiffion
xliii. r
suite de la guerre envers le pape , le parti de fon fils le tenoit toujours
Cm' i pour fchifmatique lui & tous fes adherans ; & fur ce
!p|t j fondement, aufli-tôt qu’il eut renoncé à la couronne,
l ’affemblée de Maïence commença à procéder contre
eux. Plufieurs évêques furent chailez de leurs fieges
& d’autres comme catholiques envoïcz à leurs places;
& on en facra quelques-uns dès les fêtes de Noël
i io j . Le zele de ces catholiques alla plus loin. Ils
déterrèrent les évêques fchifmatiques , & jetterent
leurs corps hors des églifes : entre autres celui de
l’antipape Guibert fut tiré de la fepulture où il repofoit
depuis cinq ans dans l’églife de Ravenne. On
déclara nul tout ce qu’il avoit fait ; & en général on
fufpendit de leurs fonctions tous les clercs ordonnez
par des évêques fchifmatiques , jufqu’à l’examen
général.
En Italie cependant un officier de Henri le pere $ --------------
nommé V e in e r , qui commandoit à Aquin, aïant A n . 1106.
affemblé des troupes de tous cotez & gagné quelques
Romains par de grandes fommes d’argent, fit élire
pape l’abbe de Farfe fous le nom de Silveitre, tandis
que le pape Pafcal étoit du côté de Benevent. Mais
peu de tems après cet antipape fut honteufement
chaffé par les catholiques.
Les évêques députez vers le pape par l’affemblée de
Maïence g étant arrivez à Trente vers la mi-carême » A >
furent arrêtez par un jeune feigneur nommé Albert,
qui en avoit eu le gouvernement, & qui difoit avoir
cet ordre de l’empereur Henri le pere. Il n’y eut que
Gebehard évêque de Confiance , qui aïant pris des
chemins détour-nez dans les montagnes, paffa en Italie
& arriva auprès du pape par le fecours de la comteffe
Mathilde. Les autres furent traitez indignement par
Albert qui les avoit pris : excepté Otton évêque de
Bamberg dont il étoit vaffal. Ce prélat obtint même
la liberté de Brunon archevêque de Treves &: du
comte Guibert , à la claarge qu’ils iraient trouver
l’empereur pour traiter la paix avec lu i, & rapporter
fes ordres touchant les autres prifonniers. Mais Guelfe
duc de Bavieire vint trois jours après avec des troupes
de la part du jeune roi, pour mettre en poffeffion du
fiege de Trente le nouvel évêque Gebehard , que les
habitans ne vouloient point recevoir. Il les y contraignit
,* & intimida tellement Albert, qu’il relâcha
fes prifonniers & leur demanda pardon.
Le jeune roi célébra à Bonne la fête de Pâques, qui
cette année no6. étoit le vingt-cinquième de Mars,
puis vers la mi-Juin il affiegea Cologne que fon pere