
voyer fes ordres en tonnant du haut de fon thrône
juger 8c difpofer de nous 6c de nos églifes fans notre
confeil, à difcrecion 6c fuivantfonbon plaifir,quelle
fraternité fera-ce , ou quelle paternité ? Nous ne ferions
plus que des efclaves 6c non des enfans de l’é-
glife. Que s’il étoit neceifaire de porter un joug fi
pefant, i l n’y auroit plus que l’églife Romaine qui
joüiroit de la liberté quelle voudroit, 8c qui donne-
roic des loix à coûtes les autres fans être fujette ¿aucune
loi.
A quoi donc nous ferviroit l’étude des lettres 8c la
fcience des écritures : à quoi nous ferviroit d’avoir de
l ’efprit? La feule autorité du pape, qui, comme vous
dites, eft au-deiTus de tous les hommes,rend inutiles
tous ces avantages. Il fera le feul évêque , le feul docteur,
le feul pafteur, qui rendra compte à Dieu feul
du troupeau qui n’eft confié qu’à lu i feul. Que s’il
veut avoir des ouvriers qui travaillent avec lu i dans
la vigne du Seigneur, il doit conferver fa primauté
fans méprifer íes freres que Jefus-Chrift a engendrez
dans le fein de l’églife, non pour la fervitude ,
mais pour la liberté. Car nous devons tous, félon
l’apotre, comparoître devant le tribunal deJ.C. pour
rendre compte de nos actions. Il dit tous fans excepter
le pape 8c fans s’excepter lui même, tout apôtre
qu’il étoit. Auifi ne trouvons-nous dans aucun fym-
bole, qu’il nous foit ordonné de confeiïer en particulier
l’églife Romaine, mais une églife fainte, catholique
8c apoftolique. Vo ilà ce que je dis de l’é-
glife Romaine , que je revere avec vous, mais je ne
croi pas avec vous devoir-la fuivre neceflairementen
tout : ni que nousdeyions quitter notre rit, pour re-
L i v r e S o i x à n t e - N e u v Y e m e .
eevoir fon ufage dans les facremens, fans l’examiner
par la raifon ni par l’autorité des écritures : mais
marchant après elle les yeux fermez par tout où elle
ira conduite par fon propre efprit. C ’eft aux fages
tant Latins que Grecs , de juger combien il nous ferait
fur 8c honnête d’ufer ainfi.
Anfelme interrompit ce difcours, ne pouvant
fouffrir , dit-il, que l’archevêque Grec s’emportât de
la forte contre l’églife. Romaine; 8c il dit: Si vous
connoiifiez comme moi fa religion, fa finceritc,fon
équité , fon humilité , fa fagefle , fa difcretion , fa
charité envers tout le monde, 8c fur tout fon exactitude
dans l’examen des caufes ecclefiaftiques, 8c fa
liberté dans les jugemens : vous n'auriez pas ainfi
parle, mais vous vous feriez rangé de vous-même à
fa communion 8c à fon obéïifance. Enfuite il remar- '•
qua l ’origine du patriarcat de Conftantinople ; fça- ;
voir l’entreprife des évêques du troifiéme concile général
8c de ceux du concile de Calcédoine, à laquelle
faint Léon s’oppofa vigoureufement ; 8c après avoir
traité du pouvoir des apôtres 8c de la primauté du
pape, on vint à la queftion des azymes, fur laquelle
on conclut que cette diverfité depratique indifférente
en foi , ne pouvoit être ôtée que par un concile uni-
verfel. Anfelme demanda enfuite, pourquoi les Grecs
confieraient le vin pur, 8c n’y mêloient l ’eau qu’a-
prcs laconfecration: fur quoi Nechites répondit par
des raifons de convenance. Mais il rejetta comme
une pure calomnie ; le reproche qu’on faifoit aux
Grecs de rébaptifer les Latins : fous prétexte qu’ils les
arrofoient d’huile benite , doutant s’ils avoient reçu
le facrement de l’on&ion. La conclufion de cette fe-
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