
A N IIOJ.
f 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
il fe fit connoître au duc de Pologne , qui le goûta
tellement, qu’il voulut en faire l’ornement de fa cour.
Apres qu Otton s’y fut conduit fagement pendant
quelques années, le duc perdit fa femme & on parla
de le remarier. O tton propoia laiceur de l’empereur,
& fut choifi lui-même pour en aller faire la demande :
1 affaire réuffit, le crédit d’Otton en augmenta, & il
devint le médiateur entre l’empereur & le duc de
Pologne. L’empèreur aïant ainifconnu fon mérité, le
voulut garder pour lui-même & le demanda à fa
fo u r & au duc , qui le lui accordèrent, quoiqu'à re-
gret. D ’abord l’empereur l’occupa à de moindres emplois,
comme de reciter avec lui des pfeaumes & des
prières 3 en forte qu’Otton étoit toujours prêt à lui
donner fon pfeaütier. Le chancelier de l’empereur
aïant été élevé à l’épifcopat, l’empereur lui donna
cette charge ; & comme le bâtiment de l’églife de Spire
n’avançoit point, il lui en donna le foin , & le chancelier
fit notablement avancer l’ouvrage avec une
grande diminution de dépenfe. T e l étoit Otton quand
il fut promu à l’évêché de Bamberg.
En Angleterre , incontinent après le concile de
Suite deiaffaire Londres, Roger nommé à levêché d’Herford tomba
malade ; & fe voïant à l’extrémité, il envoïa prier
Anfelme de le faire facrer par deux évêques avant,
cpiil mourut. Anfelme fourit de l’impertinence du
perfonnage, & ne répondit rien. Roger étant mort,
le roi donna l’inveftiture de levêché à Reinelmè
chancelier de la reine , & envoïa prier Anfelme de
le facrer avec Roger nommé pour Saliiberi, & Guillaume
élu depuis long-tems pour Vincheftre. A n felme
répondit : Je facrerai volontiers Guillaume ;
x xv ii. _ lite de l ’a
d ’Angleterre
E admer. ,5. No-
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L i v r e s o i x a n t e - c i n q u i e ’me. si
mais pour les deux autres, je ne changerai point ce ^
dont je fuis convenu avec le roi. Le roi dit en colere A n. 1103»
& avec ferment : Il ne iacrera point l’un fans les autres
de mon vivant. Guillaume avoitété élu pendant
l’exil d’Anfelme ; mais il ne vouloit ni confentir à
l ’éleétion, ni recevoir la croffe de la main du r o i , ni
s’ingérer au gouvernement de l’églife. Anfelme étant
de retour lui donna la croffe à la priere du clergé &
& du peuple, & duconfentementdu roi.
Sur le refus que faiibit Anfelme de facrer les deux
autres, le roi ordonna à Girard archevêque d’Yorc
de les facrer tous trois ; mais Reinelme nommé à
Herford rapporta au roi la croffe & l’anneau , fe repentant
de les avoir pris de fa main, de quoi le roi
irrité le chaffa de la cour. Girard prit jour avec tous
les évêques d’Angleterre pour facrer les deux autres
Guillaume & Roger : on commença la cérémonie &
on en vint à l’examen des deux élus : quand Guillaume
faifi d’horreur, déclara qu’il aimoit mieux être
dépouillé de tout, que de confentir à une ordination
fi irrégulière. Les évêques chargez de confufîon &
des reproches du peuple fe retirèrent, on mena Guillaume
au roi ; & ce prélat demeurant ferme dans fa
réfolution, fut chaffé du roïaume & dépouillé de
tous fes biens. Anfelme en demanda juftice au r o i ,
mais inutilement.
Vers la mi-carême de l’an 1103. le roi vint à Can-
torberi fous prétexte d’aller à Douvres traiter quelque
affaire avec le comte de Flandres , mais en effet,
pour preffer l’archevêque de ne lui plus contefter fes
anciens droits. Anfelme répondit : Ceux que j’ai en- Suf_ B,w;
voïez à Rome pour s’informer du rapport des évêques