
A n. 1 1 4 3 '
in
Jugcmens contre
des Bogo-
miles.
Léo Allât, de
Confit, lib.n .
596 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
Le nouvel empereur Manuel Comnene étant arrivé
à Conftantinople, commença par remplir le
lîege patriarchal vacant par la mort de Léon Stypiote,
qu’il àvoit tenu huit ans 8c huit mois. Manuel mit à
fa place Michel Oxifte , ainfi nommé du monaftere
dont il fut tire. Son furnom étoit Courcoüas ; fie il
étoit ignorant des fciences prophanes, mais bien in-
ftruit de la do&rine de l’églife, 8c recommandable
par Tes moeurs & par l’aufterité de fa vie. Il ne tint le
iîege de C. P. que deux ans 8c huit mois. Ce fut donc
lui qui couronna Manuel : 8c ce prince régna trente-
huit ans. Le jour de fon couronnement il mit cent
livres d’or fur l’autel, ôc tous les ans il en envoya
deux cens au clergé.
Dès la première année de ion pontificat le vendredi
vingtième d’Août indi&ion fixiéme, qui étoit
l’an 1143. le patriarche Michel tint un concile dans
le palais Thomaïte , où affifterent douze métropolitains
8c quelques grands officiers de l’empereur. Ba-
fxl e métropolitain de Tyaneen Gappadoce, y dénonça
deux prétendus évêques de fa province: favoir
Clement de Safime 8c Leonce de Balbiffe, comme
étant de la fede des Bogomiles. Et premièrement il
montra qu’ilsn’étoient point évêques , ayant été ordonnez
par le métropolitain feul, fans qu’il fûtaffifté
d’autres évêques, commeles canons l’ordonnent, ce
qu’ils confeSerent eux-mêmes. Sur quoi le concile
fit un décret par lequel il déclara leur ordination
nulle, 8c ne les reconnut plus que pour /impies
moines.
Enfuite 8c le même jour, le métropolitain Bafile
produifit un clerc de fon églife nommé Léon , qui
L i v r e S o i x a n t e - N e Uv i e ’m e . 597
rapporta un écrit figné par les clercs, les magiftrats 8c A n. i
les nabitans deT y ane , contenant plufieurs chefs d’ac-
eufation contre les deux moines Clement de Leonce ,
, favoir: Ils enfeignent aux maris de s’abftenirde la
I compagnie de leurs femmes légitimés. Ils ordonnent
l’abftinencede la chair, du lait, du poiffon 8c du vin
| pendant trois ans, après lefquels ils en permettent
î’ufage. Ils difent qu’aucun feculier ne le peut fau-
ver, quelque vertu qu’il pratique, s’il ne le fait
H moine; 8c que l’on peut engager dans la profeffion
I monaftique les maris malgré leurs femmes , 8c les
I femmes malgré leurs maris. Us ont laiifé des Chré-
I tiens morts fans fepulture 8c fans prières, 8c ne les
I ont pas voulu recevoir à pénitence de leur vivant.
I ils en ont déterré tant dedans que dehors les églifes :
I difant que c’étoit des pécheurs, 8c que les démons
I habitoient dans leurs corps, Ils ne permettent pas
| d’adorer la croix, fi elle ne porte cette infeription,
I Jefus-Chrift fils de Dieu. Ils ontrébaptifé des enfans,
I difant, que ceux qui les avoient baptifez étoient des
I pécheurs. Ils ont ordonné des diaconeffes, à qui ils
I ont permis de dire les oraifons 8c de lire l’évangile-,
I & elles ont célébré la liturgie avec Clement. Ils ont
I renverfé de faintes images. Ils ont dit que la croix de
I faint Michel, qui fait une infinité de miracles, les fai-
I foit par opération diabolique. Ils ont livré aux infide- I les des femmes chrétiennes fous prétexte d’adultere.
Les accufez ayant été exhortez à fe défendre, Leonce
propofa des exeufes fur quelques-uns de fes articles ,
convenant des faits, maisje concile condamna fans
diftinèlion, toutes les erreurs contenuës dans l’écrit
produit par l’accufateur, avec anathême contre ceux