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e s t H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q d l
cre ; Sc comme il écrivoit, 'Gilbert dit à f>. Bernard :
Ecrivez aufli vous , que la divinité eft Dieu. S. Bernard
répondit fans s’émouv.oir : Qu’on écrive avec le
fer Sc le diamant, que l’eilence divine, fa forme,
fa nature, fa bonté, fîlfagefle, fapuiflance eft vraie-
ment Dieu. Et comme on difputa long-tems iur cet
article , S. Bernard ajouta : Si cette forme n’eft pas
D ie u , elle eft meilleure que Dieu , puifque Dieu
tient ion être d’elle.
On difputa de même fur lès autres articles , que
l ’on reprenoit dans les écrits de Gilbert de la Poirée,
Sc comme on fe feparoit, les cardinaux dirent : Nous
avons oui ce qui a été propofé, c’eft pourquoi nous
allons juger comment ces queftions doivent être décidées.
Pluiieurs des afliftans furent choquez de ce
difcours ; en forte que le lendemain dix archevêques,
avec grand nombre d’évêques , d’abbez Sc de
doéleurs, c’eft à-dire, tous ceux de l’églife Gallicane
, s’affernblerent chez S. Bernard. Ils reprefente-
rent, que les cardinaux , qui fembloient s’être refer-
vé à eux feuls le jugement de cette affaire, étoient
prefque tous favorables à Gilbert , quoiqu’ils n’a-
prouvaflent pas fes erreurs ; Sc par conféquent, di-
ibient-ils , il faut avec les articles de Gilbert, leur
envoyer un fymbole de f o i , afin qu’ils puiffent juger
avec plus de connoilfance, ils écrivirent donc
cjuatre articles oppofez aux quatre'de G ilbert, fefer-
vant autant qu’il étoit poifible , des mêmes termes
pour exprimer leur confeffion de foi oppofée à fes erreurs;
Sc ce fymbole compofé avec une grande délibération,
fut foufcrit par tous les évêques, 8c les autres
, qui avoient afliftéà cette affefflblée particulière,
En voici la fubftance,
L i v r e S o i x a S t î - N e o v i e ’me. 66y
1. Nous croyons que la nature iîmple deladivinité
eft Dieu , Sc que Dieu eft la divinité : qu’il eft fage
par la fageffe qui eft lui-même , grand par la grandeur
qui eft lui-même , Sc ainif darefte. 1. Quand
nous parlons des trois perfonnes divines, nous difons
qu’elles font un Dieu Sc une fubftance divine ; Sc au
contraire, quand nous parlons de la fubftance divine,
nous difons qu’elle eft en trois perfonnes. 3.Nous di-
lons que Dieu feul eft éternel, 8c qu’il n’y a aucune
autre chofe , foit qu’on La nomme, relation, propriété
, ou autrement, qui foit éternelle fans être Dieu.
4. Nous croyons que la divinité même 8c la nature
divine s’eft incarné dans le Fils. Ceux qui compofe-
rent ce fymbole , ne craignoient pas que les cardinaux
jugeaffent autrement: mais ils craignoient que
quelques-uns d’entr’eux n’euffent intendon de dif-
foudre le concile fans rien décider. Pour prefenter
cet écrit au pape Sc aux cardinaux, on choifit trois
députez : Hugues.évêque d’Auxerre , Milon évêque
de Teroiiane ôc l’abbé Suger; Sc on les chargea de
dire : Nous avons fouffert par refpeôt pour vous,
des difcours que nous ne devions pas entendre ,, juf-
ques à ce que nous avons appris que vous vouliez juger
cette affaire. Vous avez par écrit la confeflionde
Gilbert, nous avons aufli la nôtre, afin que vous ne
jugiez pas fans oüir les deux parties. Mais il y a cette
différence, qu’en prefentant fa confeflion, il a déclaré"
qu’iL étoit prêt à corriger, ce qui ne feroit pas
conforme à vos fencimens : au lieu que nous excluons
expreffément cette condition; Sc nous.vous
déclarons que nous perièvererons dans cette confeffion
, fans en rien changer.
An. 114!