
A n . ii ij.
Sup. lit;, il, n.
4.0. S. Juft. x.
apol. p. 70. C.
e. 5.10.
î?. il. 11.
X X 3ÇIX.
Converfion de
Scetin, Yollin ,
&c,
c. 11.
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352. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
enfans : car quand il leur venoit trop de filles, ils les
faifoient; mourir dès le berceau : abus qui regnoit
auffi chez les anciens payens. Il les exhorte à donner
de leur enfàns pour les faire étudier, afin d’avoir des
prêtres &des clercs de leur langue, comme les autres
nations.
De Pirits Otton pafla à Camin , où il trouva la
ducheife de Pomeranie, qui étant déjà chrétienne
dans le coeur, le reçut avec une extrême joye. Il y
demeura environ fix femaines ; & y baptifa tant de
peuple, qu’encore qu’il fût aidé par les prêtres, fou-
vent dans cette fonction fon aube étoit trempée de
fueur jufques à la ceinture : mais ce travail Je com-
bloit de confolation. Le duc Vratiflas y vint lui-
même , & renonça publiquement à vingt-quatre concubines
qu’il entretenoit outre la ducheife , fuivant
l’ufage de la nation ; & plufieurs autres fuivirent fon
exemple.
Mais le faint évêque ne fut pas reçu de même à
Vollin , ville alors célébré & de grand commerce,
dans Tille de Julin, qui en a pris le nom, à l'embouchure
de l’Oder. Les habitans étoient cruels & barbares
, & quoique Pévêque avec fa fuite fe fût logé
dans la maifon du duc , ils vinrent l’y attaquer en
furie. Ceux qui l’accompagnoient éroient affligez &
confternez ; mais il fe réjoui (Toit croïant aller fouffrir
le martyre. Enfin ilfefauva à l’aide de Pauliciqs, après
avoir reçu quelques coups & être tombé dans la
boue ; & les habitans de Julin convinrent défaire çe
que.feroient ceux de Stetin, qui étoit, comme elle eft
encore, la capitale de toute la Pomera-nie. L’évêque y
palfa d o n c , &i Paulicius ayçç les députe^ des deu*
L i v r e s o i x a n t e - s e p t i e ’m e . ,| | l
ducs, allèrent trouver les premiers de la ville p o u r -
leur propofer de le recevoir. Ils répondirent : Nous
ne quitterons point nos lo ix , nous fommes contens
de notre religion. On dit qu’il y a chez les chrétiens
des voleurs à qui on coupe les pieds & on arrache les
yeux : on y voit toutes fortes de crimes & de fup-
plices: un chrétien détefte un autre chrétien. Loin de
nous une telle religion. C ’eft que chez ces païens le
vol & le larcin étoient inconnus.
Ils demeurèrent deux mois dans cette obftination ;
& cependant on convint de part & d’autre d’envoïer
des députez au duc de Pologne ; & les Stetinois firent
efperer d’embraifer la religion chrétienne , fi le duc
leur accordoit une paix ftable & une diminution de
tribut. En attendant, l’évêque &c les prêtres prê-
choient deux fois la femaine, c’eft-à-dire les jours
de marché , dans la place publique , revêtus de leurs
ornemens, & portant une croix ; & cette nouveauté
attiroit le peuple de la campagne. L’évêque gagna e%
premièrement deux jeunes hommes, fils d’un des
principaux de la v ille , qui attirèrent leur mere &
leur famille : enfuite ils en gagnèrent plufieurs autres,
en leur racontant ce qu’ils avoient vû auprès de l’é-
vêque où ils avoient demeuré long-tems : la pureté
& la régularité de fa vie, fa douceur & ia charité. Il
racheté , difoient-ils, de fon argent, les captifs qui
pourriifoient dans les fers : il les nourrit, les habille
& les met en liberté. On le prendroit pour un Dieu
vifible, mais il dit qu’il n’eft que leferviteur de Dieu
tres-haut, qui nous Ta envoie pour notre falut. Ainfi
plufieurs fe firent inftruire & baptifer , avant même
le retour des députez. Ils apportèrent une lettre du c. i9.
Tome X IV . Y y
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