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Réfiftancp des
SLo mains.
134 H i s t o i r e E c c l e s i a s t ï q _u é ,'
' hors l’enceinte de l’églife. Les Allemans piUcrerit
dans le tumulte tous les /neubles précieux expofez
pour honorer l’entrée du roi. On prit avec le pape
une grande multitude de clercs $c de laïques, des
enfans & des hommes de tout â g e , qui avoient été
au devant de l’empereur avec des palmes & des fleurs,
il Ht tuer les uns , dépouiller, battre ou emprifon*
ner les autres, Jean évêque deXufculum & Léon
d’Oftie jj yoïant le pape pris , fe retirèrent à Rome
habillez en laïques. Tout cela fe pafla le dimanche
de la Quinquagefirne , douzième jour de Février
l ’an u n . &c le pape demeura prifonnier jufques au
treizième d’Avril , pendant deux mois entiers. Le
prétexte de fa détention fut qu’il n’accomplifloit
pas ce qu’il avoit promis, d’obliger les évêques à céder
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au roi les régales, parce qu’en effet ils réclamèrent
contre cette promeffe. .
Quand les Romains eurent appris que le pape étoic
arrêté, ils en furent tellement indignez, qu’ils commencèrent
à faire main baffe fur tous les Allemans
qui fe trouvèrent dans Rome, pelerins ou autres. Le
lendemain ils fortirent de la ville , attaquèrent les
gens du roi Henri ,en tuerent plufieurs dont ils prirent
les dépouilles ; & revenant à la charge ils penfe-
rent les chaifer de la gallerie de S. Pierre , abattirent
le roi lui-même de fon cheval & le blefferent au vi-
fage. Otton comte de Milan lui donna fon cheval
pour le faire fauver : mais il fut pris lui-même par
les Romains, qui l’aïant mené dans la ville le hachèrent
en pieçes , & le laiiferent manger aux chiens,
Le combat dura jufques 3. la n u it , & les Romains
eurent l’avantage 5 en forte que les Allemans s’étant
L i v r e s o î x a n t e - s i x i e ’ m e . 134
retirez dans leur camp , furent deux jourf fous les
armes.
Vers la nuit l ’évêque de Tufculum aftembla le
peuple Romain, & leur dit : Mes chers enfans, quoique
vousn’aïez pas befoin d’exhortation, confîderez
que vous combattez pour votre vie & votre liberté ,
pour la gloire & la défenfedufaint fiege. Vos enfans
font mis aux fers contre toute forte de droit : l’églife
de S. Pierre refpeéfeée par toute la terre, eft pleine
d’armes, de fang & de corps morts. E>e quel plus
grand defaftre a-t-on jamais oui parler ? le pape eft
aux fers entre les mains des barbares: tout ce qu’il y
a de plus grand dans l’églife eft condamné à la pri-
fon &aux tenebres : l’églife votre mere gémit & implore
votre fecours, Emploïez-y donc toutes vos
forces : les ennemis font plus difpofez à s’enfuir qu a
tenir ferme , s’ils trouvent de la réfiftance. Enfin
pour vous encourager â venger un tel crime par la
confiance que nous avons en la mifericorde de Dieu
& des bien-heureux apôtres S. Pierre & S . Paul, nous
vous donnons l’abfolution de tous vos pechez. Les
Romains encore plus animez par ce difeours, s’engagèrent
par fermenta réfifter au roi Henri, & réfo-
lurent de tenir pour leurs freres tous ceux qui les ai-
deroient.
Le roi aïant appris cette difpofitiondes Romains’,
quitta la même nuit avec précipitation leglife de
S. Pierre, emmenant avec lui le pape, qu’il fit deux
jours après dépouiller de fes ornemens & lier de cordes
, comme plufieurs autres tant clercs que laïques
que l’on traînoit avec lui, fans permettre à perfonne
des Latins de lui parler $ mais if étoit gardé & fervi
A n , 1111.
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