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4 i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q v e .
An,.1130. ¡ S U w j s Gilles en Provence. De- là il vint à V i vie
r s , au Puien Auvergne Sc àCle rmont : où il tint
oitoFrÿyn. un concile, & reçut Conrad archevêquede Salibourg
Sc Eribert de Munf ter , envoyez du roi Lothaire. Le
pape vint enfuiteà Clugni, dont les moines ayant appris
fon arrivée en France , lui avoient envoyé foi-
odir.in. 13. xante chevaux ou mulets ; avec tout l’équipage con-
c' %3' venable, tant pour lui, que pour les cardinaux &leur
fuite. Ils retinrent le pape onze jours, Sc il dédia leur
nouvelle églife en l'honneur de S. Pierre , le même
jour qu’Urbain II. en avoit dédié le grand autel tren-
mmc.ep.-L7. te-cinq ans auparavant : c’eft-à-direlevinet-cinquié-
Svp / /u lx jv .î.7 * « 1 • 1 o . ùL
me d Octobre. Cet te réception donna au pape Innocent
une grande autorité dans tout l’Occident; quand
on v i t que ceux de Clugni l’avoient préféré à Pierre
de Léon , qui avoit été moine chez eux.
Tandis que le pape étoit à C lu g n i , le roi Loüis
p ¿Tg envoya l’abbé Suger lui faire fes premiers compli-
m e n s , puis il s’avança lui-même avec la reine & les
princes fes enfans jufques à S. Benoift fur Loire : où
il fe profterna à fes pieds Sc lui offrit fes fervices, à
lui Sc à l’églife. Plufîeurs évêques vinrent anifi au devant
du pape; entre autres Geofroi de Chartres, qui
le conduifit à fa ville. Cependant S. Bernard étoit allé
mt.pervph.i 1. trouver le roi d’Angleterre H e n r i , pour lui perfua-
der de reconnoître le pape Innocent , cje quoi les évêques
le détournoient. Comme ce prince ne pouvoir
s’y refoudre, le faint abbé lui dit : Que craignez-
vous î eft-ce de commettre un péché, fi vous obéïffez
à Innocent : Songez comment vous rendrez compte
à Dieu de Vos autres pechez, je prends fur moi celui-
gjî A ce nupt le roi fe r en d i t , Sc fortit des terres dé
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’m e . 4x3
fon obéïifance pour venir à Chartres trouver le pape,
avec une grande fuite d’év êque s& de feigneurs. Ainf i
fuivant l’exemple du roi de France, il fe profterna aux
pieds d’innocent , Sc lui promit obéïifance filiale pour
lui & pour fes fujets-.c’étoit le treizième dejanvier 1131.
l l lem e n a e n fu i te àR o i ie n ,o ù i l lu i f i td e sp r e fe n s , &
lui en fit faire par les feigneurs Sc même par les Juifs.
Innocent avoit envoyé en Allemagne vers le roi
Lothaire, Gaut ierarchevêquedeRavenne fon legat.
Il fe trouva à un concile de fcize évêques , que ce
prince affembla àVir ibourg au mois d O élobre 1130.
Sc là le pape Innocent fut élu Sc confirmé par le roi
Lothaire Sc par tous les aififtans. Les légats du pape
étant donc revenus d'Allemagne, lui apportèrent des
lettres, par lefquelles le roi & les évêques leprioient
au nom de toute la nation de venir les honorer de
fa prefence : mais l’affection Sc la dévotion de l’églife
de France i’y retint quelque tems. Après l’avoir vif i-
tée comme l’occafion le demandoi t , il paifa en L o r raine
Sc vint à Liege : où il y eut une aflemblée
très-celebre d’évêques Sc de feigneurs,le dimanche
avant la mi carême , vingt-deuxième de Mars 1131.
Le roi Lothaire y étoit avec la reine fon époufe ; Sc
comme on vint en proceifion recevoir le pape, il s’avança
à pied dans la place devant l’églife cathédrale,
tenant d une main une verge pour écarter le peuple-,
Sc de l’autre la bride du cheval blanc que montoit le
pape, à qui il fervoit ainfi d’écuyer ; Sc il le foutint
lorfqu’il defcendit de cheval. En ce concile de Liege
Otton évêque d’Harberftat depofé parle pape H o norius
trois ans auparavant, fut rétabli à lapr ieredu
roi Sc des feigneurs.
A n . 1130.
Oderica lib. 1 j .
p. 895*
Malmesb,
VII.
Innocent reconnu
en Allemagne.
Chr. Magd M ,
S. ap. Mabill.
pr&f. in Bern. n*
4 1 .