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p. 1 5 7 .
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LUI.
Chute de N i colas
fecretaire
de S. Bernard.
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ftrm S. Bern,
0* 36.
71® H i s t o i r . 1 E e c i . ï s î a s t i q o i ?
à l’épifcopat en quittant celui de Chipre. Il refifta
quelque tems opiniâtrement: mais l'affaire ayant été
portée au j ugement de l’empereur,comme il vit qu’elle
tournoitmal pour lui, il ne voulut pas s’expofer à
être condamné, 8c renonçant au patriarcat, il fe retira
pour mener une vie privée, après avoir porté cette
dignité trois ans Sc quatre mois. De fon tems on décida
fynodalement, que l’affinité contraétee par les
fiançailles entre deux coufins germains 8c deux ioeurs,
n’étoit pas un empêchement pour le mariage. Son fuc-
ceiTeur fut Theodote moine Sc abbé de fainte Anafta-
fie, à qui fucceda un reclus nommé Néophyte, tire
du monaftere de l’Everget ide, c’eft-à-dire la bienfaitrice
, titre de la fainte Vierge. Enfuite Conftan-
tin Chliarene diacre 8c facellaire, fut élevé fur le iiege
de Conftantinople. On ne fçait pas le tems du pontificat
de chacun de ces trois patriarches, mais tous
eniemble ne durèrent que quatre ans.
S. Bernard s’appercevoit depuis long-tems, que le
moine Nicolas fon fecretaire le trahifloit: mais enfin
la chofe éclata en 1151. Sc ce miferable fe retira de
Clairvaux. il étoit François, Sc dès fa jeuneife il
avoit embraifé la vie monaftique à ]Çlouftier-Ramei
près de Troyes. Comme il étoit fort fçavant pour le
tems, il fut chargé dans ce mopaftere de l’inftruc-
tion des autres; Sc fon efprit facile ôcinfinuant^ lui
fit gagner l’amitié des plus grands perfonnages, comme
Atton évêque deTroyes, Pierreabbé de Clugni,
Pierre de Celles 8c plufieurs autres. La réputation
de S. Bernard l’attira à Clairvaux, Sc il y fut reçu des
la première année du pontificat d’Eugene, par le
grand défir qu’il témoignoit de paifer à une obfer-
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vance plus ctroite que celle de fon monaitere. A peine
ctoit-il entre a Clairvaux, qu il fut donné pour
compagnon à Geofroi principal fecretaire de S. Bernard,
car la multitude des affaires obligeoit le faine
abbe à en avoir plufieurs ; 8c Nicolas étant enfuite
devenu le premier, en eut auffi d’autres fous lui. Il
avoit a Clairvaux fon bureau, qui étoit un cabinet
plein de livres ; Sc il en trafiquoic, empruntant des
originaux pour les faire tranferire, 8c en prêtant d’autres
a la charge de tirer une copie outre l’original.
Sur tout il avoit foin d’entretenir un grand nombre
d’amis ; 5c tout cela paroît par fes lettres. Sa fon&ion
Sc celle des autres Secrétaires de S..Bernard, n'étoit
pas feulement d'écrire fous lui, maisdecompofer des
lettres de leur flylc par ion ordre : d ou vient qu’il fe
plaint quelquefois qu’ils n’ont pas fuivi fes intentions.
Nicolas ecrivoit auffi des lettres au nom d’autres per-
fonnes, comme de Henri frere du roi depuis évêque
de Beauvais. Enfin il écrivoit des fermons, qui paf-
ferent pour être de S. Bernard, foit qu’il ne fift que
traduire en latin ceux que le faint abbé avoit prononcez
en François,foit qu’il en compofaft de fem-
blables, car il etoit plein des penfées de fon maître
Sc fçavoit parfaitement imiter fon flile.
Nicolas vécut ainfi environ cinq ans, poifedant la
confiance entiere de S. Bernard 8c de Pierre de Clugni
dont il étoit tendrement aimé; 5c à qui S. Bernard
1 envoyoit de tems en tems pour fe communiquer
mutuellement leurs plus feeretes penfées; enfin
S. Bernard s’aperçut que Nicolas le srompoit, 8c qu’i l
abufoit de fon feau pour écrire de faufles lettres en*
fon nom. Il en écrivit en ces termes au pape Eugene
ef. )S7.xl.
ep, 2.^4
Bern.
ep.-iÿ4»-