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Concile de
Tou lou fe . Mani
shéens.
Je. x. p.
î 6 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
troupes en Italie avec l’imperatrice fon époufe.; &
vint en Allemagne lorfqu’oii l’y attendoit le moins.
Et comme fa préfence y excita de nouveau les violences
& les aéfces d’hoftilité , il fut obligé de convoquer
a Tribur une aiTemblée générale des évêques Sc
des feigneurs, où il promit de fatisfaire fur tous les
chefs dont on l’accufoit. En cette aflemblée onétablit
une.paix, mais-qui ne fut pas folide. Il s’y trouva des
députez de Rome , de Vienne & de plüiîeurs autres
églifes, qui confirmèrent la nouvelle de l’élection
du pape Callifte. Tous les évêques d’Allemagne lui
promirent obéiffance & approuvèrent la convocation
du concile qu’il devoit tenir vers la faint Luc ; &
Iempereur lui-même promit de s’y trouver, pour la
reunion de l’églife univeriellc.
En attendant ce concile qui fe devoir tenir à
ii- Reims, le pape Callrfte en tint un à Touloufe le
treizième de Juin , où afïifterent des cardinaux , des-
evéques Si des abbez de Gothie en Languedoc, de
Gafcogne , d’Efpagne & de Bretagne-; entre autres:
Conon évêque dé Paleftrine , Lambert d’O ft ie , O l-
degaire archevêque de Tarragone , Bernard d’Auch %
Atton d’Arles, Foulques d’A ix , Richard de Narbone,
Gaultier évêque de Maguelone & Raimond de Bal-
baftro. En ce concile on fît dix canons, dont le plus-
remarquable eft le troifiéme conçu en ces termes :
Quant à ceux qui feignant une apparence de religion
condamnent le facrement du corps & du fang
de N . S. le baptême des enfans, le facerdoce & les
autres ordres ccclefiafliques, & fes mariages légitimés,
nous les chaffons de l’églife comme heretiques
Sc ordonnons qu’ils foient réprimez parles puiffances
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’me. i d j
feculieres. Nous foumettons à la même condamna- "
tion leurs défenfeurs , s’ils ne viennent à réfipif- ’ 9 '
cence. On défend aux princes & à tous les laïques de i 4.
piller les biens des évêques morts , & on prononce
excommunication contre les moines , les chanoines
Si les clercs qui renoncent à leur profeflion , ou «-io.
îaiffent croître leur barbe & leurs cheveux comme
des laïques,.
Les heretiques condamnez en ce concile , étoient
les fectateurs de Pierre de Bruis & de Henri fon dif-
e ip le , dont je parlerai dans la fuite. C ’étoit des Manichéens
comme ceux qui furent découverts cent
ans auparavant à Touloufe même , à Orléans Sc à su p . U v . x-viiï;
Arras, Sc qui étoient venus d’Italie. Ceux-ci tenoient 5i'UI- 5‘
la même doctrine au fonds , quoiqu’avec quelques
différences.
Po„ur préparer la paix qui devoit fe traiter au con- rI I {
æïIc de Reims entre l’églife & l’empire, Guillaume de j.cD,!FUtation Ycrs
Champeaux évêque de Chaalons Sc Pons abbé de Comm fa
C lu g n i , allèrent à Strafbourg trouver l ’empereur
Henri. Il leur demanda leur confeil fur le moïen de
faire cette paix fans diminution de fon autorité ; Sc
l ’evêque répondit : Seigneur , fi vous defirez avoir
une véritable paix , il faut que vous renonciez abfo-
lument à l’inveftiture des évêchez & des abbaïes. Et
pour vous affurer que vous n’en fouffrirez aucune diminution
de votre autorité roïale ;fçaehez que quand
j ’ai été élu dans le roïaume de France, je n’ai rien reçu
de la main du roi ni devant ni après mon facre ; &
toutefois je le fers aufîi fidelement a caufe des tributs,
de la milice & des autres droits qui appartenoient à
J e tâ t, & qu,e les rois chré tiens ont donné ancien-
L l ij