
--------------4*4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
. N i I I 30' v o i t prendre poifeihon fuivant la coutume ; & lui
Tendirent tout l’honneur qu’ils purent félon la cir-
cônftance du tems , car Pierre de Léon écoic le plus
fort à Rome ; en forte qu’innocent ôc ceux de fon
parti n’étant pas en fureté dans leurs propres mai-
ions , demeuroient auprès du palais de Latran. Ils
furent même obligez de fe retirer dans les maifons
des Frangipanes ôc des Co r fe s , qui étoient fortifiées ;
Ôc oùils ie défendirent quelque tems. Pierre de Léon
indigné de cette réiiftance , ma r ch a i S. Pierre bien
accompagné, s’en rendit le maî tre, en enleva l’argenterie
ôc tout le trefor. Il en fit de même à fainte
Marie majeure ôc aux autres églifesde Rome ; 8c ne
trouvant point de Chrétiens qui ofaflent brifer les calices
Se les crucifix d’o r , on dit qu’il les fit mettre en
pièces par des Juifs.
Il avoit déjà de grandes richefles, tant celles que
fon pere lui avoit lailTées, que celles qu’il avoit amaf-
fées lui-même , par les exaêlions ordinaires dans la
cour de R om e , ôc dans Ces légations : ainfi il gagna
par fes largeifes, le peuple ôc la plupart des grands ;
& le pape Innocent fe trouva afliegé de toutes parts
avec les fiens : en forte qu’ils n’ofoient fortir, Ôc que
perfonne ne pouvoir venir à eux fans expofer fa vie.
En cette extrémité le pape Innocent refolut de fortir
de Rome ôc fe retirer en France ; ôc ayant fait préparer
fecretement deux galeres, il s’embarqua fur le'
Tibre avec tous les cardinaux de fon parti : excepté
Conrad évêque de Sabine, qu’il laifla à Rome en
qualité de fon vicaire ; ôc par l’embouchure du Tibre
ayant gagné la me r , il arriva heureufement au port
de Pife.
L i v r e S o i x a n t e-H u i t i e’m e . 415
Cependant Pierre évêque de Por ro, c h e f des cardinaux
d’Anaclet , écrivit une lettre aux quatre principaux
d’innocent ; fçavoir Guillaume de Preneile ,
Matthieu d’ Albane , Conrad de Sabine ôc Jean d’Of -
t i e , qui lui avoient écrit les premiers. Dans cette rép
on d il leur d i t : Eû-jce ainiî que vous avez, appris
d’élire un pape ? dans un coin, en cachet te, dans les
tenebres ? Si vous vouliez qu’il iuccedât au pape mort;
pourquoi difiez vous qu'il étoit vivant ? vous pouvez
voir vous-même, que l ’on doit compter pour rien ce:
que vous avez fait contre les canons tfans.me conful-
termoi qui fuis votre doyen,ni vos anciens, fans nous
appeller ni nous attendre,vous qui étiez nouveaux &
en petit nombre. Dieu nous a bien - tôt fait voir le
moyen de nous oppofer à vôtre.encreprife:puifque vos
frétés lescardinaux avec toutie cierge , a la prière du
peuple ôc du confentement des perfonnes conftituées
en d ign i té , publiquement ôc en plein jour , ont élû
unanimement le cardinal Pierre pour être le pape
Anaç.let. L’églifeie reçoit, les barons le vifitent, nous,
levifitons les uns en perfonne, les autres par nos envoyez,.
Nous ne voyons point cette déprédation ôc
cette cruauté que vous nousoppofez. Tous ceux qui:
viennent le confulter , ou lui propofer leurs affaires,,
font bien reçus & fe retirent contens. Rentrez enfin,
en vous-mêmes : ne faites point de fchifme dans l’é-
g l i fe , ôc ne vous appuyez pasiurdesmenfonges. J ’a f
toujours ,ete de cet a v i s , que l’on ne fift mention, du,
fuccelfeur, qu aptes que le pape feroic enterré.
Anaclet lui-meme écrivit de tous- côtez pour fe
faire reconnoître pape. Premièrement à Lothaire roi
des Roma ins , qu il fait fouvenir de l ’amitié qui a
An. i 130,.
11.
Lettres del’an-
ti-pape.
Ap.Malmesbé ju.
hijl. nov -
nCo d. C aJJtih a*ps