
A n . u n .
Chr. Caff. XY. Ci
'Can. apofi. 51.
140 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
du pape, étoit Brunon évêque de Segni & abbé du
Mont-Caifin. Il avoit avec lui deux évêques & plu-
iîeurs cardinaux ; & ilspreiToient le pape de caiTer fa
bulle & d’excommunier l’empereur. Ceux qui avoient
été prifonniers avec le papeétoient partagez : les uns
difoient qu’ils n’avoient point changé de fentiment,
& qu’ils condamnoiént lesinveftitures comme auparavant
: les autres s’efforçoient de foutenir ce qui
avoit été fait. Brunon aïant appris qu’on l’avoit dénoncé
au pape comme chef de cette divifion , lui
écrivit une lettre où il difoit : Mes ennemis vous di-
fent que je ne vous aime pas, & que je parle mal de
v o u s , mais ils mentent. Je vous aime comme mon
pere &monfeigneur, &c je ne veux point avoir d’autre
pape de votre v iv an t, comme je vous l’ai promis
avec plufieurs autres. Mais je dois plus aimer encore
celui qui nous a faits vous & moi. Je n’approuve point
ce traité fi honteux , fi forcé , fi contraire à la religion
, & j’apprens que vous ne l’approuvez pas même.
Qui peut approuver un traité qui ôte la liberté de
l ’églife , qui ferme l’unique porte pour y entrer , &
en ouvre plufieurs autres pour y faire entrer les vo leurs
? Nous avons les canons depuis les apôtres juf-
ques à vous : c’effc le grand chemin dont il ne faut
point fe détourner. Les apôtres condamnent tous
ceux qui obtiennent une églife par la puiilance fécu-
liere ; car les laïques , quelques pieux qu’ils foien t,
n’ont aucun pouvoir de difpofer des églifes. Votre
conftirution condamne de même tous les clercs qui
reçoivent l’inftitution delà main d’un laïque. Ces
conftitutions font faintes, & quiconque y contredit
n’eft pas catholique. Confirmez-lesdonc,& condam-
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hez l’erreur contraire que vous avez fouvent vous-
même qualifiée d’herefie : vous verrez aulfi-tôt l’é-
glife paiiible&tout le monde à vos pieds. Pour .moi
je fais peu de casdu ferment que vous avez fait ; &
quand vous l’auriez violé , je ne vous en ferois pas
moins fournis.
Le pape ne laiifa pas d’être piqué de cette lettre ,
& de craindre que Brunon ne voulût le faire dépo-
fer : c’eft pourquoi il réfolut de lui ôter l’abbaïe du
Mont-Cailin qui lui donnoit un grand crédit. C ’é-
toit la quatrième année qu’il la gouvernoit. Car après
qu’il fut revenu de fa légation en France , il rentra
dans ce monaftere ; & l’abbé Otton étant mort le
premier d’Ocftobre 1107. il fut élû par les moines
pour lui fucceder. Le pape Pafcal étant venu enfuite
au Mont-Caifin , dit en plein chapitre que Brunon
n’étoit pas feulement digne de remplir cette place ,
mais d’être à la fienne dans le faint fiege. Toutefois
aïarit reçu fa lettre touchant les inveftitures , il .lui
écrivit qu’il ne pouvoir plus fouffrir qu’il fût évêque
& abbé i car Brunon étoit toujours évêque de Segni
; & quelque inftance qu’il eût faite pour être déchargé
de cette églife , le pape n’avoit jamais voulu
admettre fa renonciation. Le pape écrivit auifi aux
moines du Mont-Caifin , Sc chargea delà lettre Léon
évêque d’Oilic , tiré de ce monaftere , leur défendant
de plus obéïr à Brunon, & leur ordonnant d’élire
un autre abbé. Alors Brunon aifembla la communauté
, Sc voulut leur donner pour abbé un de
leurs confrères nommé Pcregrin ion compatriote ;
mais ils lui dirent :Tant que vous voudrez nous gouverner
nous> vous obéirons comme à notre pere:
A n. un.
VII.
Brunon de Segni
retourne à fon c-
vêché.
Chr. Cajf. ir. c. 31-
Sup. liv ,. IXY.
n. 4$.
c.42.