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douze jours , il fe rendit au duc Henri, & reçut dans
le monaftere l’étendart de l'empereur. Capouë fe rendit
enfuite avec coûte la principauté, ôcRoberty fut
rétabli.
Le vingt-troifiéme de Mai le pape ôc le duc Henri
campèrent près deBenevent : où le pape envoya le
cardinal Gérard propofer un accommodement. L archevêque
Rofceman, intrus par l’anti-papc Anaclet,
s’y oppofa, 8c excita les citoyens à fe défendre : mais
après quelque combat contre les Allemands, la ville
fe rendit : le pape la garantit du pillage , délivra les
prifonniers, Scpermit aux exilez de Tentrer. On lui
amena le cardinal Creicence, qui foutenoit dans la
ville le parti d’A n a c le t, ôc le pape y mit de fa part le
cardinal Gérard : 1*archevêque Rofceman s'enfuit.
Enfuite le pape alla joindre l’empereur au fiege de
Bari, qu’il p r it , 8c fe fournit toute laPoüille.
Alors il manda à Rainald abbé du mont-CaiTin ,
de fe trouver à Melfe pour la cour qu’il y devoit ternir
â ia faint Pierre. Après plufieurs ordres reiterez,
l’abbé partit à la S. Jean accompagné de plufieurs de
fes moines ; entre autres de Pierre, diacre 8c biblio-
théquaire du mont-Caffin , qui a écrit cette hiftpire.
L ’empereur étoit campé au lieu nommé Lago pefole
près de Melfe , 8c le pape Innocent avec lui. Quand
les moines du mont-Caffin y furent arrivez , le pape
leur envoya dire , qu’avant que d’entrer au camp, ils
vinffent nuds pieds lui faire fatisfaêtion, demander
pénitence d’avoir adhéré aufchifmc , anathématifer
Pierre de Léon , 8c promettre obéffance au pape par
ferment. L’abbé Rainald étonné, appella â l’emper
eu r , 8c dit qu’il fuivroit fon conleil .: l’empereur
voulut
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’m e . 497
voulut bien fe rendre arbitre entre le pape 8c les
moines, pour favoir s’ils devoient paffer pour excommuniez
; 8c l’on députa devant lui de part 8c
d’autre.
Ce fut le neuvième de Juillet que l’empereur commença
à examiner l’affaire, étant affifté de Peregrin
patriarche d Aquilee, 8c de plufieurs autres évêques
&.abbez. De la part du pape y etoit le chancelier
Aimeri, trois autres cardinaux, S. Bernard ôc plufieurs
autres : de la part du mont-Caffin, Henri duc
de Bavière, Conrad duc de Suaube 8c plufieurs autres
feigneurs, Henri évêque de Ratiibone 8c Adal-
beron de Balle, qui mourut peu de tems après. Ainfi
c etoit uni concile, ou l’empereur affiftoit a l’exemple
de plufieurs autres. On choifit premièrement ceux
qui devoient parler ; fçavoir Gérard, cardinal du titre
de fainte Croix, p o u r i’églife Romaine, 8c Pierre
diacre, pour le mont-Caffin ; on nomma auffi des interprètes,
pour expliquer en Allemand, ce qu’ôn di-
roit en latin, 8c en latin ce qu’on diroiten Allemand.
Le cardinal Gérard dit : l’églife qui vous a facré ,
invincible empereur , ne peut allez s'étonner , que
vous ayez reçu des excommuniez. L'empereur répondit
: C ’eft de quoi il s’agit en cette difpute , de
favoir s’ils font excommuniez. Gérard dit enfuite :
L’églife a ordonné, qu’ils promettent par ferment ,
obéïffance au pape Innocent. A quoi Pierre diacre
oppofa la défenfe générale de jurer,; portée dans l’évangile
-, 8c la défenfe particulière de la réglé de faint
Benoit a 1 égard des moines , confirmée par les loix
de Charlemagne Ôc de fes fucceffeurs. L’empereur
| Lothaire les ayant vues, chargea les députez dupape
Tome X I V . 1 R r r
XXXIX.
L’empereur arbitre
entre le
pape & les moi-
nés du mont-
Caifin.
c. 1 op.
Chr, Sa*. 1137*
Matth. y, 54,