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378 H i s t o i r e E c c l e s u s t i qj j e.
pria l'abbé Oderife II. de lui accorder pour hofpice J
unmonaftere dépendant de l'abbaye , comme l'avoic
eu Léon de Marfique fon prédecefleur. Oderife le re-
fufa craignant les confequences, & que les évêques
d’Oitie s’en fiflent un droit : mais Lambert ne goûta
point ce refus, 6c fe retira mal iatisfait. A fon avene-
mentau pontificat, il demanda à l’abbé un fecours
d’argent pour les befoins de l’églife : mais l’abbé, qui
étoit auffi cardinal, répondit en colere, qu’il avoit
dûffireappellé â l’éleéïion du pape, 6c avoir part
aux confeils, comme on vouloit qu’il en eût aux
charges. Et fes moines l'interrogeant fur la naiifance
O 1 / ^ . r • du pape &: Tes qualitez , il répondit : Je ne lçai de qui
ile f t fils , mais je fça i bien qu’il eft plein de lettres depuis
la tête j ufques aux pieds. Ces diieours augmentèrent
la mauvaife difpofition du pape à ion égard. En-
fuite le pape étant au château de Fumone, y fitv e -
nir l’abbé Oderife ; 8c en préfence de plufieurs laïques;
lui fit une forte réprimandé j difant que c’étoit un
guerrier , nons pas un abbé , un prodigue 8c un diffi-
pateur des biens du monaftere.
Quand le pape fut retourné à Rome , Adenulfe s
comte d’Aquin ennemi mortel de l’abbé , écrivit au
pape , que cet abbé faifoit le pape de fon côté. Ho-
norius y ajoûtant f o i , refolut d’ôter l’abbaye à Oderife,
& y envoya auffi-tôt Grégoire évêque de Terra-
c in e , qui en ayoit été moine ; 'mandant a Oderife
de venir à Rome fe défendre fur les cas qui lui étoient
impofez. Oderife refufa d’y aller , iî le pape ne lui
rendoitfes bonnes grâces, difant qu’il étoit prévenu
à ion defavantage ; 6c le pape après l’avoir appelle
trois fo is , prononça contre lui fentence de dépofi-,
don la cinquième femaine de Carême en 112.6. difant, A n .î ï i é ,
que quand il ne feroit point coupable d’autre crime,
fa contumace 6c fon orgueil fuffifoient pour le condamner.
Oderife fut aifez mal confeillé pour méprifer
cette fentence ; 6c le jour des Rameaux il s’affit dans
la chaire la croife à la main, 6c fit toutes les fondions
d’abbé. Le pape encore plus irrité , l’excommunia le
jour de Pâques avec tous fes fauteurs 6c tous ceux
qui lui obéiraient : ce qui produifit une grande divi-
iîon entre les moines 6c le peuple de la ville de S. Germain
dépendante de l’abbaye. Ils en vinrent aux armes,
6c les citoyens s’étaht' rendus les plus forts ^contraignirent
les moines à chaifer Oderife , 6c élire un
autre-abbé. A .,... :: ; JvJ c.$9.
Ils élurent Nicolas doyen du Mont-Caffin : mais
quelques-uns des anciens envoyèrent fecretementau
pape des lettres, où ils déclaraient qu’il avoit été élû
par fedition, 6c irregulierement. Cependant le pape
avant que de favoir i’eledion de Nicolas , envoya au
Mont-Caffin Grégoire cardinal du titre des apôtres :
avec ordre de faire élire abbé Seignoret, prévôt du
monafterc de C apou ë, 6c promettant en ce cas fa
proteôfion au Mont-Caffin. Quand le cardinal eut
aifemblé les moines, 6c leur eut expofé les ordres du
pape, il s’éleva entre eux un grand murmure; 6c ils
foutinrent que l’éleétion de leur abbé ne devoit dépendre
que d’eux; 6c qu’il étoit indigne 6c honteux
pour eux de voir fournis à des cardinaux ce monafte-
re , qui avoit toujours été librei Le cardinal ayant
fait faire iîlence, leur dit : Sachez que je ne fuis pas
venu ici pour l’intérêt du pape,ou de l’églifeRomaine.
Elle n a pas befoin de votre fecours, ni de vos loüan-
B b b ij