
Ä N . I 140.
\epifl, 18 y.
Jtpiß. 188*
40. jj8.
750 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pape une grande lettre où il réfuté les erreurs d'À-
bailard , Sc une plus courte, où il raconte ce qui s’é-
toic parte. il reconnoît en celle-ci qu’il s’étoit trom-
;pé , en fe promettant du repos après le fchiftne de
Pierre de Léon ; Sc que ces nouvelles erreurs ne font
pas moins pernicieufes à l’églife. Il d i t , qu’Abailard
a fait venir d’Italie Arnaud de BreiTe fon difciple,
pour attaquer de concert la doèlrine catholique. Ils
ont , dit-il, une apparence de pieté dans leur habit Sc
leur manière de vivre, qui leur fert à féduire plus de
monde. Abailard releve les philofophes par de grandes
loüanges, pour abaiffer les doèteurs de l’églife: il
préféré leurs inventions Sc les fiennes à la doètrine
des peres; Sc comme tour le monde fuit devant lu i ,
il veut entrer en combat fingulier avec moi qui fuis
le moindre de tous Après avoir marqué ce qui s’étoit
paiféau concile de Sens Sc l’appellation d’Abailard ,
il ajoute : C ’eft à vous qui êtes le fucceifeur de faint
Pierre, à juger fi celui qui attaque la foi de S. Pierre,
doit trouver un afile dans fon fiege. Souvenez-vous
des grâces que Dieu vous a faites ; & après avoir
éteint le Ichifme , réprimez auffi l’herefie , afin qu’il
lie manque rien à votre couronne.
Les autres lettres de faint Bernard s’adreffent aux
principaux prélats de la cour de Rome. Première-
ment aux évêques Sc aux cardinaux en général, à qui
il dit •• Lifez , s’il vous plaît, la Théologie de Pierre
Abailard, vous l’avez en main , puifqu’il fe vante
que plufieurs la lifent à Rome : liiez fon livre des fen-
tences Sc celui qui eil intitulé : Connois - toi toi-
même ; Sc voyez combien ils contiennent de fa-
crileges 5c d’erreurs. Une autre lettre s’adreffe a«
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Il I V R E S o i x a n t e - H u i t i e’me. JJI
ah’ancelier Aime r i , à qui il di t , qu’Abailard fe glorifie
qu’il a eu pour difciples, les cardinaux 5c les
clercs de la cour de Rome : que fes livres font entre
leurs mains ôc qu’ils prendront la défenfe de fa doctrine.
Une autre lente eft adrefTéeau cardinal Gui
de Cartel, qui fut depuis le pape Celeftin II. Il avoit
été difciple d’Abailard, qui comptoir principalement
fur fon credit. Les autres à qui S. Bernard écrit, font
k cardinal Ives, qui avoit été chanoine de S. Vi&or
à Paris : le cardinal Etienne évêque de Paleftine , le
cardinal Grégoire , le cardinal Gui de Pife 5c deux
autres qui ne font pas nommez..
La grande lettre de S. Bernard au pape Innocent,
ert plutôt un traité : où,il réfuté, les principales erreurs
d’Abailard. Ce doéteur définiffoit la foi : L’efti-
mation des chofes qui,ne paroiffent point ; Scdifoit,
qu’il falloir examiner avant que de croire. A quoi il
appliquait ce partage de l’Ecclefiaftique : Celui qui
j croit promptement ert leger de coeur. Mais faint
Bernard répond, que Salomon ne parle pas de la
foi divine, mais de la créance que nous avons les
uns aux autres, que Jefus Chrift reprocha à fes difciples,
qu’ils étoient tardifs à croire, Sc que faint
| Paul définit la foi : Le fondement des chofes qu’on
doit efperer : marquant ainfi la folidité. Abailard
Vouknt expliquer le myftere de la Trinité difoit : Le
Pere eft la pleine puiffance, le Fils une certaine puiffance,
le faint Efprit n’eft aucune puiffance. C ’eft
qu’il difoit que toute la puiffance étoit propre au
Pere , què le propre du Fils étoit la fagefl’e, qui ert
feulement la puiffance de difcerner le bien 5c le mal:
Si.le propre du faint Elprit, la bonté qui n’enferme
A n. 1140a
19 ni.
epiß.-i$y,:
LXIV.
T r a i té de faint
Bernard contre .:
Abailard.
epifi, 150. aU -
Opufc. v l.
Ab ail,-1, Theil,
in.it.
Ibid. p, 10 60.
E c c l i ,x i x , 4.
Bern, c. . 1 .^ ,4 »
Luc-, x x iv . i f r .
Heb, xio la .
Abail.p,